Pas (qu’)au plafond…
En Australie, la nature s’immisce partout, frappe tous les jours à votre porte , transformant le plus banal des gestes quotidiens en aventure trépidante et, régulièrement, le plus aguerri des expatriés en petite chose tremblotante… Les chevaliers de la Table Ronde n’auraient pas tenu un quart d’heure down under, garanti sur facture !
Parce qu’on ne le répétera jamais assez, koalas duveteux, kangourous attendrissants, wombats asthmatiques affectueux, possums odorants câlins et échidnés mignons ne sont pas les seuls représentants de la faune locale, loin s’en faut ! D’autres tiennent le haut du pavé, jouant sans lassitude les invités surprise du haut de leurs huit pattes velues. Pas une journée sans observer de pare-brise arrière orné de dentelle tissée à la mandibule ou de maison emmitouflée dans un douillet manteau tricoté dans du fil d’abdomen. Même les téléphones publics posés au milieu de nulle part, perdus dans un pré entre trois moutons et une troupe de kangourous, n’échappent pas à la malédiction de la momie folie arachnéenne du tricot.
Passée la première bouffée d’angoisse, on s’habitue rapidement à côtoyer ces atroces charmantes bestioles, parsemant simplement sa vie quotidienne de nouveaux petits réflexes tout bêtes. Enfin, ça, c’était la théorie jusqu’à hier matin…
Huit heures, l’heure du crime. LaGB court dans tous les sens, elle est encore en retard.
- Où sont mes chaussures ?
- Et mon badge, t’as pas vu mon badge ?
- J’ai pas préparé ma gamelle !
- Mais qu’est-ce que j’ai fait de mes lunettes de soleil ?
- Tu m’emmènes, dis ? Attends, j’attrape mon ordinateur !
L’ordinateur ayant dormi sur la table du salon (il a trop chaud dans sa sacoche, avec l’été qui arrive à grands pas), LaGB l’empoigne à la va-vite, ouvre le sac de transport, dépose son…
O temps suspends ton vol
- Tiens, y a du kapok là-dedans… Bizarre, y a pas de kapokier dans le coin, les plus proches sont à l’ANU. Mouaips, pas bien grave, faut qu’on file !
NDLaGB : déformation professionnelle again, certains se repèrent aux étoiles, chez nous, c’est aux bars arbres.
Pressée de retrouver ses pipettes, LaGB approche une main décidée, s’apprêtant à bouter le kapok hors du sac sans autre forme de procès… et la retire aussitôt, les jambes flageolantes et la bouche sèche. Une fibre de kapok normalement constituée ne se recroqueville pas en voyant quelque chose approcher, ne cligne pas de ses nombreux yeux ni ne claque des mandibules. Et puis d’abord, une fibre de kapok qui se respecte, c’est crème et non tout noir et velu… Enfer et purée de chou-fleur ! Foin de kapok, horreur ! malheur ! ma sacoche est odieusement squattée par une araignée !
Preux chevalier appelé à la rescousse d’une petite voix toute tremblotante, LeGB, armé de sa fière et dangereuse louche (on a les outils qu’on peut !), délivra sa douce princesse éjecta sans façon l’hideuse intruse (l’araignée, pas LaGB). Point ne fut occis : l’indésirable étant de la taille d’une pièce de 20 cents –deux euros- Olivier de Carglass pouvait s’en occuper avec sa résine spéciale décision fut prise de lui laisser vivre sa vie, dans le jardin du voisin d’à côté.
Notre grande mansuétude ayant tout de même des limites, après une journée passée à imaginer des huitaines de pattes nous frôler et à sursauter pour la moindre petite ombre se dessinant sur un mur, nous avons filé nous équiper en « insect killer ». Non mais !
Edit : trouvé sur http://theoatmeal.com/ l’exact résumé de mardi matin