Author Archives: lagrandeblonde
Marin d’eau douce !
( Honey Moon Bay, NSW, 12-03-2012)
Nom d’une pipe en bois ! On a laissé les voiles à la maison… Je le savais bien qu’on avait oublié un truc. De toute façon, on oublie toujours un truc. La dernière fois, c’était la quille et la fois d’avant, la coque. On progresse, on progresse, on va finir par y arriver.
Mais, bon, c’est pas tout ça… Et maintenant, on fait quoi ?
A la faveur de l’automne
(Et pour une fois, ils ne sont ni ratés ni ponctués de mouches…)
(Encore une victoire de Canard LaGB)
Un petit matin ensoleillé, blotti dans quelques brumes égarées, qui se demandent bien ce qu’elles fabriquent là. Un petit matin de changement d’heure, un petit matin et une heure de plus à se blottir sous la couette, en faisant comme si le soleil n’était pas encore levé. Mais au petit matin de changement d’heure, parfois, les oiseaux n’en font qu’à leur tête… Pas de daylight saving qui tienne, il est l’heure de sortir le bec de sous l’aile et il est surtout l’heure de chanter à tue-tête, qu’on se le tienne pour dit.
[Retour vers l'outback #13] A la courte page
(Dis, c’est quand qu’on repart, hein ?)
Long week-end ? Public holiday ? Vacances qui approchent ? Le rituel est immuable : en tailleur sur le canapé, Lonely Planet à la main, calepin mignon, stylos et surligneurs à foison, idées en pagaille et tonneaux de cidre à portée de gosier (faudrait voir à ne pas se déshydrater) (comment ça, le risque est moindre en plein hiver été pourri ?) (on est en Australie, tout de même, on n’est jamais trop prudents) (à ce propos, le Mad Brewers Fallen Apple Cyder est une véritable petite merveille) (fin du troupeau de parenthèses). Une nouvelle page de calepin, un joli titre souligné de près et les abréviations, annotations, post-It, points d’exclamations, astérisques et mesures kilométriques se succèdent, ordonnés et disciplinés.
Le crabe aux (presque) pinces d’or
(Mais où est donc Ornicar se cache donc Sébastien ? )
La dernière marée l’a déposé là, plouf ! d’un coup de vaguelette. Et il va lui falloir attendre, encore une fois, que l’océan daigne à nouveau s’étaler sur les rochers pour pouvoir se tirer d’affaire. Et, enfin et surtout, se délasser les pattes et les pinces. C’est qu’être un petit crabe de rien du tout, aux petits yeux si doux, un petit crabe tout orangé, tout tendre sous une carapace croquante, un petit crabe coincé dans une anfractuosité de rocher perdu en pleine mangrove à marée basse, ce n’est pas une sinécure. Les mouettes ne sont jamais bien loin et il semble qu’elles apprécient tout particulièrement le croustillant d’un petit crustacé de bon matin. Sans même parler des pélicans chez qui il se murmure du coin du bec que la meilleure façon de devenir aimable (et d’avoir les cuisses roses), c’est de boulotter du tourteau tout orangé et frais pêché.
Love and bike
A Dickson, le samedi matin, on brunche en terrasse et en lisant le Sydney Morning Herald. Et on prend les paris sur le vainqueur de la bataille rangée qui oppose trois moineaux à une tourterelle punk pour les beaux yeux d’une miette de bagel. Ou d’une frite, ça dépend des samedis.
Et puis, en levant le nez de ses pumpkin fritters, on peut parfois, en fonction de l’inclinaison des rayons du soleil, de l’angle des lunettes de soleil sur le nez et de la rotation de la chaise par rapport à la table, on peut donc parfois tomber en arrêt et en amour devant deux petites silhouettes toutes de rouge et de noir j’exilerai ma peur, j’irai plus loin que ces montagnes de douleur vêtues, déposées tendrement par une main anonyme et poète sur un bout de mur mangé de trop de soleil.
Et semaine après semaine, samedi après samedi, brunch après brunch, journal après journal, (le Chercheur d’Oz est un petit être confit d’habitudes, aux us et coutumes bien ancrés) (si ce n’est pas désappointant, tout de même…), on se surprend à guetter nos amoureux esquissés, à soupirer d’aise lorsqu’on les retrouve et à leur souhaiter de rester longtemps ainsi transis sur leur petit bout de mur, oublieux du temps et du vent, perdus dans leur minuscule bulle de tendresse immobile. Et on ne peut s’empêcher, au moment de partir, de les saluer d’un discret petit signe et d’un léger « A la semaine prochaine » à peine murmuré. Il ne faudrait pas les déranger…
Finding Marmite
(Searching for the thrill of it, thrill of it)
Enfer, malheur et toasts au beurre ! Nos voisins les Kiwis sont sur le point de vivre l’un des plus grands drames de leur existence. Marmageddon se rapproche dangereusement, les prévisions les plus pessimistes envisagent un impact plus qu’imminent. Oubliez les menaces mayas pour fin 2012, Marmageddon, c’est pour demain. Ou après-demain. Ou dans quelques semaines. Ne chipotons pas.
Le goût des madeleines
(Surtout, pas un bruit ! La madeleine est peureuse, on ne le dira jamais assez)
Un dimanche qui se voulait vadrouille et qui, faute de réveil suffisamment bruyant, est devenue cocon douillet. De la lecture, des coups d’œil aux magpies adolescents qui quittent le nid et se perchent, transis de peur mais fiers comme des bar-tabacs sur les échafaudages du chantier voisin, quelques litres de thé et un peu de chocolat. Dans l’après-midi, alors que LeGB écume les fire tracks du Mount Ainslie en vélo et en soufflant comme une otarie sous amphétamines, une soudaine envie de madeleines.
[Retour vers l'outback #12] Variations autour d’un champignon
(Quelque part dans le brouillard, Katoomba Falls, NSW, 12-06-2011)
A la croisée de deux nappes de brouillard, entre kangourou et wallaby chien et loup, à quelques tâtonnements des Katoomba Falls, un mur de rochers se découpait, pigmenté de vapeur d’eau et de lichens orangés, à peine planté de quelques herbes frissonnantes. Entre deux flaques d’eau, en tendant un peu l’oreille, voilà quelques-unes des phrases qu’on aurait peut-être pu surprendre…
Carrington Falls
(Carrington Falls, NSW, 12-03-2012)
A Fitzroy Falls, il y a des chutes d’eau qui grondent, qui fument et qui bouillonnent. Et puis il y a une cahute de bois, et aussi de courants d’air lorsque le vent s’amuse à s’engouffrer dans la vallée. Dans cette cahute, il y a des étagères qui débordent de cartes postales, de babioles et de bouquins. Et parmi ces bouquins, il y a deux petits guides dont les cartes ont été dessinées à main levée, dont les pages ont été reliées de deux agrafes placées au petit bonheur la chance, dont le papier donne envie de tracer d’un coup d’index des itinéraires fantasques et pleins de merveilles infimes.
Maman, les p’tits doctors qui vont dans l’air ont-ils des ailes ?
(Ben oui, mon gros bêta, sinon ils ne voleraient pas !)
1912 : le révérend John Flynn, ayant sillonné l’outback pendant près de dix ans et connaissant bien les difficultés inhérentes à un tel environnement, fonde l’Australian Inland Mission avec en tête l’idée un peu folle d’améliorer les conditions de vie, terribles, de ceux qui ont décidé de tenter leur chance au beau milieu de nulle part. A l’époque, seuls deux médecins se partagent comme ils peuvent un territoire de l’ordre de deux millions de kilomètres carrés. Autant dire qu’il ne fait pas bon se casser une jambe ou attraper une pneumonie…
1917 : le lieutenant Clifford Peel, étudiant en médecine passionné d’aviation, envoyé au front en France, propose au révérend d’utiliser ce nouvel outil formidable qu’est l’avion pour rendre plus accessible l’aide médicale indispensable aux habitants de l’outback. L’idée des Flying Doctors est née. Las ! Clifford Peel meurt au combat en septembre 1918 et ne verra donc pas son idée révolutionnaire prendre forme.