Category Archives: Ouate the Phoque et Bill Vesée
Don’t leave me high…
Si l’on ne sait toujours pas ce que peuvent bien se raconter les kangourous, que l’on dit pourtant bavards (on va bien finir par trouver, foi de Chercheurs d’Oz), l’on peut désormais affirmer sans coup férir qu’ils ont des gouts musicaux bien affirmés. Et qu’ils ne transigent pas d’un poil avec ce qui passe par leurs petites oreilles. Qu’ils ont sensibles (et très mignonnes, soit dit en passant). Tel est tout du moins le cas des wallabies qui gambadent gaiement dans les sous-bois d’Honeymoon Bay, à quelques encablures de Point Perpendicular. Comment expliquer autrement qu’un simple changement de CD, passant en deux coups de cuiller à pot des Foo Fighters à Radiohead, ait engendré un soudain foisonnement exubérant de wallabies bondissants ?
Le marsupial n’est donc apparemment guère fan des Foo Fighters, c’est là son moindre défaut. Mais il est tout de même loin d’avoir mauvais gout musical, il faut bien le reconnaître… Après tout, il pourrait onduler en rythme sur du Justin Bieber. Ce qui, avouons-le, aurait tout d’un drame insoutenable !
Une histoire de petit scarabée
(Comme disait mon maître et son maitre avant lui, et même le maître du maître de son maître, qui le tenait lui-même de son propre maître, le Carnaval, c’est important…)
A Hawker, South Australia, les (petits) scarabées préparent Carnaval bien avant l’heure, s’agitant follement dès décembre venu, bariolant le bush d’envies multicolores et froufroutantes. Durant des semaines, il n’est plus question que de costumes de lumière, dont le plus minuscule pigment est soigneusement posé à petites touches tout juste effleurées. Et c’est tout un tourbillon d’élytres arc-en-ciel qui virevoltent de rocher en brin d’herbe, tout un bruissement d’antennes laquées de frais qui murmurent au sommet des pins des histoires de rubans soyeux, de taffetas miroitants, de masques extravagants et de plumes chatoyantes.
Et puis, un beau matin de février, quand l’été bat son plein, que l’orage rattroupe ses armadas de nuages et que le vent rassemble ses forces, gonflant ses joues, c’est toute une troupe chamarrée, arlequine et pailletée qui s’élance vers le ciel. Kangourous et perruches qui se pâment à chaque vrombissement de coléoptère drapé de moire, d’opale et de nacre n’ont pas manqué, comme chaque année, de réserver leurs sièges aux premières loges, confortablement installés sur un bord de boulder érodé par des générations successives de mousses et de lichens. Les magpies non plus ne rateraient le spectacle pour rien au monde… C’est que ce n’est pas tous les jours que la pitance vous tombe toute cuite dans le bec, apprêtée et fardée de près, ravie et oublieuse de tout danger, ivre de grand air et de loopings exubérants.
Licornite aigue
A l’ANU, ils ont de sacrément bons burgers, des pelouses où flâner entre deux cours, des canards à pourchasser, des concerts fort sympathiques où pousser la chansonnette et secouer les cheveux en rythme, des possums à nourrir et des labos qui prennent feu régulièrement. Mais aussi et surtout un redoutable talent pour les affiches qui collent le sourire…
Et même s’il faudrait voir à ne pas risquer une indigestion de guimauve, force est d’avouer que, de temps à autre, se laisser tenter par un grand bol de licorne, de paillettes et d’arc-en-ciel, ça ne peut faire que du bien, non ? Longue vie à Fluttershy !
En avoir ou pas…
(Mouahahah !) (pardon) (mais tout de même, mouahahah !) (non ?) (vraiment ?)
Un petit matin chagrin d’été pas du tout réchauffé. Ni réveillé, d’ailleurs. La faute à une panne d’oreiller carabinée. De ces pannes d’oreiller qui transforment la routine du matin en course contre la montre semée d’embûches : qui a dit que se brosser les dents en enfilant ses chaussettes était chose aisée ? De ces pannes d’oreiller qui vous font filer ventre à terre, l’œil vitreux embrumé, le cheveu en bataille. Et l’estomac vide. Horreur, malheur, carottes au beurre.
Histoire de ne pas risquer une quelconque hypoglycémie, un détour cappuccino en take-away ne peut que s’imposer. Et c’est ainsi que l’œil encore incontestablement brumeux et le cheveu toujours aussi indompté, vous vous retrouvez à feuilleter d’un air absent un vieux numéro du Gourmet Traveller, somnolant à moitié en attendant la dose de sucre et de caféine qui devrait réussir à vous sortir des limbes matinales. Et c’est donc ainsi que soudainement incrédule, vous vous frottez l’œil et vous pincez la main. Puis éclatez de rire à en hoqueter, l’œil plus du tout vitreux. Mais le cheveu toujours en pétard. Peut-être même encore un peu plus ebouriffé. La faute à Nancy’s et ses petites bouchées…
C’est que finalement, pour un réveil en fanfare et une journée passée à glousser, il ne faut pas tant compter sur l’effet de la caféine, diantrement surfait, que sur Nancy’s et ses délicieuses publicités mêlant anglais et français avec un talent plus que certain pour le calembour lost in translation.
Trempez-la dans l’huile, trempez-la dans l’eau
(Orroroo, South Australia, 25-12-2011)
A Orroroo, si les escargots se perchent, c’est qu’il ne va pas pleuvoir. Et, well, force est de constater que la pluie n’est pas des visiteurs les plus assidus dans ce petit coin paumé quelque part au sud des Flinders Ranges. Tant et si bien qu’à force de prendre racine sur des brins d’herbe qui brunissent plus vite que leur ombre, chaque escargot du cru a gravé d’une bave blanche et dans le marbre l’épiderme d’un bout de pelouse rachitique son emplacement favori, annexant ainsi son propre petit morceau de chlorophylle douillette, juste pour lui.
Et gare à celui qui ne respecterait pas la propriété du voisin, il a tout intérêt à numéroter fissa sa coquille s’il ne veut pas finir, pouf ! transformé en souris verte… C’est que, tout le monde vous le dira, le gastéropode est loin d’être prêteur.
Boire un ptit coup, c’est roo
(Gibraltar Rocks, ACT, 07-01-2012)
A Tidbinbilla comme ailleurs, on ne plaisante vraiment pas avec le petit-déjeuner des champions, qu’on soit humain ou marsupial. Si l’on peut toujours transiger un tantinet en ce qui concerne les tartines, hors de question d’aller jouer dehors avec les copains avant d’avoir avalé son grand bol de lait frais tout juste sorti de la poche. Et plus vite que ça, encore ! C’est que, mon petit, si tu veux courir, gambader, sauter et cabrioler dans le bush, il te faut faire le plein de calcium pour avoir des os costauds…
[vidéo] The Smashing Eucalypts
A Tidbinbilla, les koalas dorment du sommeil du juste, somnolent avec ardeur, pioncent à poings fermés, écrasent une confortable sieste sur un coin de branche et roupillent à qui mieux mieux. Mais pas seulement. Parfois, l’estomac dans les orteils et les yeux encore tout embrumés de leur dernier somme en date, ils boulottent tristement quelques feuilles d’eucalyptus en rêvant de mets plus fins. Macarons, chocolats ou saucisson, on ne sait pas trop. Ce qu’on sait fort bien en revanche, c’est que l’eucalyptus, ça doit devenir fort barbant, à la longue. La preuve :
Le petit rat du bout du mât
(Tin Can Bay, QLD, 10-09-2011)
A Tin Can Bay, les pélicans sont sans peur et sans reproche. D’aucuns s’avèrent même un tantinet tête brûlée, jouant les presque-ballerines du Bolchoï sur le moindre mât qui passe par là. Et ce n’est alors qu’entrechats et petits pas chassés, pointes et piqués pour tâcher de garder dignité et pied marin sur un perchoir bien trop étroit pour de si augustes palmes. Le vent et les vagues, fripons, s’en donnent à cœur joie en se poussant du coude et étouffant un fou-rire, façonnant houle taquine et brise primesautière pour mieux faire danser le téméraire, prenant les paris quant à la chute (qui ne saurait tarder) du petit rat d’opéra emplumé et pataud fort occupé à braver crânement la pesanteur et les bourrasques.
Kangoo s’en va-t-en guerre
(Mironton, mironton, mirontaine)
Dans les virages menant à Lamington NP, on peut croiser des kangourous* mercenaires sur le sentier de la guerre, à l’affût en bord de route, deux traits blancs férocement tracés sur les joues. Les brins d’herbe ont tout intérêt à numéroter leurs abattis fissa, les consignes du grand chef Roo sont claires : pas de pitié pour les croissants le chiendent, c’est l’heure du carnage de pâturages. Dézinguez-moi donc ces graminées, haro sur les potatoes ! Il ne fait pas toujours bon être un brin d’herbe quand on pousse aux environs de Canungra…
The ultimate answer to life, the possum and everything…
(Ze return of the come back de la vengeance du fils de l’attaque des possums-zombies)
(Prochainement dans vos salles)
Nous vous demandions donc hier que faire en cas de rencontre nez à truffe entre un humain tout juste sustenté et une possum portant joey. Deux indices majeurs étaient cachés dans la question : l’humain était fraîchement sustenté et campait en parc national, donc sans poubelles à disposition. Or, qui dit Queensland dit banane (well, à condition qu’un cyclone ne soit pas passé dans le coin) et qui dit banane dit possum en transe (humain aussi après six mois de bananes canberriennes à 15$ le kilo mais là n’est pas la question). Et qui dit possum en transe dit saut plus qu’enthousiaste sur la moindre occasion de se lancer dans un farfouillage en règle de la poubelle du van… Aussi, tout humain un tant soit peu désireux de ne pas être réveillé par un possum goulu confortablement installé sur sa tête, mâchouillant avec bonheur, une patte à explorer la poubelle et l’autre à masser le cuir chevelu de son siège improvisé aura soin de fermer scrupuleusement le toit ouvrant et de ne laisser traîner aucune douceur susceptible d’attirer les gourmands marsupiaux.
Il s’agissait donc de la réponse A. Mais force est d’avouer que la réponse E s’est également révélée tout à fait exacte… Et oui, la bonne réponse est aussi, bien évidemment, 42 ! Nous n’avons donc que des gagnants ! Félicitations !