Category Archives: Let’s go tweet tweet!
Let’s go tweet tweet #9
A Montague Island, quand le temps est à la couvée et qu’on est une sterne huppée qui s’en va chasser le frêle et menu fretin de marée, on se presse en rang d’oignons sur un boulder tout exprès profilé. On pointe d’un petit air détaché le bec dans le sens du vent, on se lisse mine de rien deux plumes porteuses, on s’ébouriffe la crinière parce que, hein ! on est supposées être bird born to be wild et que la crête, qu’on le veuille ou non, hé ! ça vous pose une sterne.
Et puis, au bout d’un moment, on finit par se lancer. Parce que las, mille fois hélas, il n’est pas seulement question de se pavaner plumes au vent, crête rutilante et bec étincelant, ah, ça non ! Non, non, non, quand on a bien roulé du sot-l’y-laisse, hé bien, il faut finir par se résoudre à affronter les bourrasques et les courants. Très étonnamment, tout par un coup, c’en est fini des vantardises et des coquetteries : on tangue et on chavire, toute élégance (et tout équilibre) envolée…
Et tout aussi brusquement, paf ! on arrive enfin à retrouver le nom qu’on a sur le bout du bec : mais c’est bien sûr, ces sternes, c’est Wilbur (oui, le lundi, c’est cinéma d’art et d’essai chez les Chercheurs d’Oz) ! Au décollage comme à l’atterrissage, d’ailleurs. Et vraiment, c’est rudement rigolo à observer…
Let’s go tweet tweet #8
A Wombeyan Caves, au début du printemps, les fairy blue wrens tâtonnent encore un peu, pleins d’indécision, de doutes et de réflexion aussi intense que palpitante : faut-il ou ne faut-il pas se barbouiller de bleu du bout du bec à la pointe des plumes ? Sobriété ou exubérance ? Discrétion ou folie douce ? Sérieux ou pétulance ? Etre ou ne pas être coquet ? L’oœf ou la poule ? Thé ou café ? Endive ou raclette ?
D’aucuns, de guerre lasse et de neurone courbaturé, ont tranché : ce sera mi-figue, mi-raisin, mi-bleu, mi-gris, un peu foufou mais pas trop, un peu sage sans vraiment l’être. Et vice versa. A moins que ce ne soit l’inverse…
Let’s go tweet tweet #7
Sur le sentier qui trottine jusqu’à St George Head, on peut croiser, si l’on cherche bien (lire : en étant capable de rester silencieux pour au moins quelques secondes) (autant dire que ce n’est vraiment pas toujours gagné…), quelques variegated fairy wrens (affublés en français du désastreux sobriquet de mérion de Lambert) (seriously?) pépiant de concert et de joie au printemps qui revient. Histoire de ne pas faire les choses à moitié et puis aussi histoire de faire tomber tant et plus dans leur escarcelle de Don Juan les mignonnes donzelles qui volettent aux alentours, les mâles jouent les pots de peinture sur pattes, se tartinant allègrement de fards, de khol et de pigments en tout genre. De quoi transformer quelques semaines durant le sous-bois en Carnaval des P’tits Zozios… Et c’est rudement joli, le Carnaval des P’tis Zozios, ça accroche un peu de bleu turquoise, de noisette et de folie aux branches déjà chargées de fleurs. De quoi définitivement envoyer l’hiver dans l’hémisphère nord voir s’il y est…
Let’s go tweet tweet #6
A Steamers Beach, l’eastern spinebill se renfrogne, fronce le sourcil, qu’il a fort noir (mais aussi fort mignon) et file à tire d’aile vers de plus tranquilles sous-bois dès qu’il entend le moindre mot dans la langue de Molière. C’est que la dernière fois qu’il s’est laissé avoir à roucouler à portée d’oreilles de bloody Frenchies, il s’est vu affubler du détestablement affreux nom de méliphage à bec grêle. Bec grêle, bec grêle, est-ce que j’ai une gueule de bec grêle ? Seriously, guys? On croit rêver… Et puis d’abord, ce bec-là, il n’est pas grêle, non monsieur ! Ce bec, c’est une arme, c’est une épine acérée, que dis-je une épine, c’est un pic, c’est un cure-dents roc, c’est une péninsule… Non mais franchement !
Let’s go tweet tweet #5
(Wombeyan Caves, NSW, 05-08-2012)
A Wombeyan Caves, le satin bowerbird, aussi appelé jardinier satiné (quel poète !), le satin bowerbird, donc, prépare lui aussi le printemps. L’œil est ourlé de frais, la plume métallisée de près, les derniers chants soigneusement répétés l’hiver durant sont plus que prêts et le voilà diantrement impatient, follement empressé à l’idée de se lancer enfin dans la construction de son premier berceau de parade. C’est que le bowerbird a des talents d’architecte certains et se targue d’être le nouveau Gaudí à plumes… La modestie n’est pas son fort, certes ! Mais on doit bien lui reconnaître un certain goût pour le grandiose, non ?
Oui, il est plus que ready to go, notre joli -et très fier- jardinier satiné… C’est qu’il a attendu sept ans durant que, sans mentir, son ramage se rapporte enfin à son plumage et qu’il soit le phénix de l’hôte de ces bois, évidemment. Alors bon, s’il pouvait se sortir les rayons fissa, le soleil, ça s’rait pas mal, hein (le bowerbird est peut-être un sacré architecte, un dandy poudré de près et le phénix des hotes de ces bois, il n’en reste pas moins un peu vulgaire quand il est impatient) (c’est moche, vraiment) (m’enfin, il est plutôt beau piaf tout de même, non ?) !
Let’s go tweet tweet #4
(Depot Beach, NSW, 12-08-2012)
A Depot Beach, l’huîtrier fuligineux, qui préfèrerait vraiment qu’on ne l’appelle que par son nom anglais si ça ne nous dérange pas, parce que sooty oyster catcher, ça sonne tout de même rudement mieux, l’huîtrier fuligineux, donc, fait fi de la marée montante et des vagues dechaînées. Non, decidement, ce ne sont pas quelques embruns qui vont le tracasser… A condition cependant que lesdits embruns n’aient pas l’idée aussi saugre que grenue de lui barbouiller le bec et les yeux, respectivement laqués et fardés de frais. C’est que l’huîtrier fuligineux est coquet, c’est même là son moindre défaut…
Let’s go tweet tweet #3
(Wombeyan Caves, NSW, 05-08-2012)
Y a pas à dire, se faire voler dans les plumes dès le réveil, c’est tout de même une sacrée déveine… De ces déveines terribles z’et affreuses qui vous laissent tout ébourristouflé, la penne en épouvantail et le bec en capilotade, avec pour seule envie celle de retourner vous mettre fissa la tête sous l’aile.
Réveillez-vous tôt, qu’y disaient ! Groumpf !
Let’s go tweet tweet #2
(Yankee Hat Rock, ACT, 22-07-2012)
Ce soir, sous vos applaudissements, c’est un rutilant flame robin qui joue les divas… Avec suffisamment d’encouragements et de cajoleries, il finira peut-être, qui sait ? par entonner son fameux « Viendez-donc-si-vous-voulez-voir-la-mer », plus connu sous sa forme anglaise « you-may-come-if you-will-to-see- the-sea » (les Aussies, qu’on se le tienne pour dit, ne manquent pas d’imagination lorsqu’il s’agit de poser des mots sur les chants d’oiseaux…). Ou peut-être filera-t’il à tire d’ailes vers des contrées plus tranquilles… Who knows ?
Let’s go tweet tweet, then!
La collection de clichés de jolis piafounets kikinou trognons s’enrichissant de moult et moult nouveaux arrivés et prenant conséquemment une ampleur considérable, il devenait urgent d’agir. Aussitôt dit, aussitôt fait… Et hop ! on inaugure donc ce soir une nouvelle et fort mignonne catégorie spéciale boules de plumes et pelotes de duvet. Avec, pour ouvrir le bal, un craquant et timide eastern yellow robin qui fait pour l’occasion ses tout premiers pas sur les planches.
Chut ! Pas trop de bruit, il va filer…