The Chewing Stones

(Yourambulla Caves, South Australia, 25-12-2011)

A Yourambulla Caves, on ne sait pas trop si les murs ont des oreilles ni même si les pierres roulent, amassent une mousse quelconque ou encore murmurent leurs souvenirs à la brise du soir. En revanche, ce que l’on sait, c’est que certains rochers ont le cheveu buissonnant, l’œil un peu stone et une grande bouche hilare et gloutonne laquée de frais d’un délicat orange lichen. Il parait qu’on les entend se gausser bruyamment lorsque la rosée les chatouille au lever du jour et puis qu’ils grondent de concert lorsque l’orage ronronne sur la plaine. Il se chuchote aussi parfois que certains randonneurs ont fait les frais de leur féroce appétit, pauvres randonneurs tout mâchouillés dont on ne retrouverait, d’après les légendes qui courent la pampa, tout au plus qu’une paire de chaussettes trop odorantes au goût des gros galets grimaçants et goulus pourvus de narines diantrement sensibles…

Our house in the middle of the bush

(William Creek, South Australia, 27-12-2011)

A William Creek, si on manque souvent d’eau, on ne manque pas d’idées, ni même d’amis, en particulier lorsqu’il s’agit de décorer les murs de l’hôtel-bar-restaurant-station service-relais postal-pub-garage-liquor shop-succursale de l’IGN-musée-office de tourisme-tour de contrôle-hôpital de fortune-salon de thé. Et c’est ainsi qu’on peut passer des heures à jouer les presqu’archéologues sur tôle ondulée, épluchant sans relâche les strates plus ou moins ordonnées accumulées depuis approximativement très longtemps au moins*, mêlant joyeusement cartes d’étudiants, de visite, d’identité ou du monde, petits mots griffonnés sur un coin de serviette ou du journal, plaques d’immatriculation, étiquettes de bouteilles, permis internationaux et passeports, chapeaux et chaussures, photos, recettes de cuisine, filets à mouches (inconscients !), quelques chaussettes semées de-ci de-là, mouchoirs, patchworks, numéros de téléphone et bâtons de marche. Le tout en anglais, allemand, français, mandarin, grec, arabe, espagnol et russe.

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And we’re (out)back !

(Painted Desert, South Australia, 29-12-2011)

Un road-trip en South Australia entre Noël et Jour de l’An, c’est…

-          4763 kilomètres parcourus,
-          pas le plus petit bout de coup de soleil à déplorer,
-          mais des kilos de poussière accumulés du bout du capot à la pointe des chaussettes,
-          1.956.372.926.328 mouches au mètre carré,
-          et par conséquent le triomphe indéniable des filets à mouche,
-          des ruines comme s’il en pleuvait,
-          mais pas un seul dromadaire à se coller sous l’iris,
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Cowboy Bebotte

(Hergott Springs, South Australia, 27-12-2011)

A Hergott Springs, on laisse derrière soi la piste carrossable et on attaque les vrais nids de poules du légendaire Marree-Oodnadatta track, qui serpente au beau milieu des buissons de spinifex et des willy-willies. Et qui dit terrain qui sent bon l’aventure, le désert et les bébêtes pourvues de piques et de crocs, dit harnachement à la Indiana Jones de rigueur : chemise de bushman, pantalon itou, boots de compétition à faire tomber d’ébahissement les crochets du plus téméraire des inland taipans qui passeraient à proximité, chapeau de cowboy en cuir de kangourou… et filet à mouches !

De quoi jouer avec bonheur les Lucky Luke de pacotille au soleil levant avant de s’en aller trois jours durant rôtir à petit feu et grands rayons de ruines en lacs de sel…

Des mouches, des moutons et des hommes

(Glendambo, South Australia, 30-12-2011)

A Glendambo, le mercure frise les 40 degrés et au-delà de décembre à février. Et parfois même jusqu’à mars, ça dépend de l’humeur. Ca alimente les conversations au pub-motel-roadhouse qui accueille avec chaleur et bons hamburgers conducteurs de road trains et touristes en goguette.

Ca alimente aussi les causeries des moutons qui paissent sans répit ni repos les quelques brins d’herbe qui jouent les commandos en mission camouflage entre deux plaines caillouteuses. Sans même mentionner les mouches qui s’échangent potins météorologiques entre deux battements d’ailes et deux carcasses de bord de route. C’est qu’avec un humain pour 750 moutons et pour 6.666 mouches et des poussières, à Glendambo, les bavardages ne peuvent pas réellement se cantonner au pub…

On apprend d’ailleurs très vite, qu’afin d’éviter tout tête-à-tête indésirable avec quelque diptère ou ovin friand de considérations climatiques, pare-buffle et filet à mouches sont des accessoires incontournables de la panoplie du parfait visiteur de Glendambo… et de South Australia en général. De quoi faire rimer sans souci road trip et élégance. Ou pas, à bien y réfléchir !

La cuvette et le thermomètre

(Oodnadatta, South Australia, 29-12-2011)

A Oodnadatta, on a un nom à faire trembler d’angoisse bègues et maladroits des cordes vocales qui s’entroupent dans la plus insignifiante des syllabes bizarrement étranges. Mais pas que. On a aussi la fierté d’être la ville (enfin, la ville, la ville, c’est vite dit : Oodnadatta, au dernier recensement, c’est 277 habitants… Mais plus de 3000 têtes de bétail, tout de même) la plus chaude de l’Etat le plus chaud du continent le plus chaud. Et on ne se lasse pas de le répéter à qui veut l’entendre… Sans doute un peu aussi pour favoriser les affaires du pub-magasin général-poste-bureau de change-pharmacie-station service-garage-marchand de journaux-café-fournisseur officiel de potins et de bières-etc.

A Oodnadatta, on a aussi la fierté d’héberger des grenouilles qui aiment à s’installer la nuit dans les cuvettes de toilettes pour y coasser de bonheur, tout emoustillées par la fraicheur (toute relative) des lieux. De quoi assurer une drôle de surprise nocturne à qui aurait abusé des bières pour lutter contre la rude chaleur de la journée. Une drôle de surprise, un frottement d’œil incrédule puis un énorme fou-rire. Si d’aucuns mettent des tigres dans leur moteur, ici, il semblerait donc bien qu’on préfère les grenouilles dans les cuvettes…

La balade en haut des arbres

(Lamington NP, QLD, 09-09-2011)

A Lamington NP, de bon matin ou même au beau milieu de l’après-midi après tout, on peut marcher tout en haut des arbres et leur chatouiller la canopée du bout du pied, jouer les radeaux des cimes à quinze mètres du sol et vérifier la bonne pousse des orchidées et des fougères épiphytes, tout en écoutant les eastern whipbirds roucouler de concert. Ou s’agonir d’injures, on ne sait pas trop. Si l’on a un peu de chance, on peut même apercevoir un possum en goguette jouer les Pepé the Pew entre deux figuiers étrangleurs. Et puis, si l’on ne craint ni le vertige ni le mal de mer, on peut s’aventurer sur le nid d’aigle déposé entre deux branches, à trente mètres du sol et de là, admirer la vallée qui s’étend en collines légères jusqu’à l’océan dont on devine à peine l’écume dans le lointain. Le tout sans oublier de se tenir bien fermement à la rambarde.

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Le bourdon et le bowerbird

(Lamington NP, QLD, 09-09-2011)

A Lamington NP, les regent bowerbirds en goguette s’arment de patience et d’artifice pour chasser l’hyménoptère dodu qu’ils aiment déguster en brochettes apéritives agrémentées de quelques baies joufflues. Et c’est donc peinturlurés de frais, l’œil fardé de près, la plume lissée et le bec aiguisé, tout ornementés de jaune vif et de noir intense qu’ils se perchent pour leur chasse à l’affût, ventripotents bourdons de Carnaval sifflotant innocemment et adoptant un petit air détaché qui ne bernera pas grand’monde. C’est que les bourdons à plumes, ça ne court pas tout à fait les rues. Ni même les sous-bois, fussent-ils Queenslandais.

En attendant Harmony…

(Tin Can Bay, QLD, 10-09-2011)

Ils avaient semé des rideaux de pluie des heures durant, se répandant en trombes d’eau tout autour de Cranky qui fatiguait de l’essuie-glace. Et puis, alors que le crépuscule aiguisait sa palette, osant des aplats pourpres, rouge vif et mordoré, les nuages avaient fini par s’ébrouer pour aller voir plus loin sur l’océan s’ils y étaient. Certains s’enroulaient encore amoureusement autour des palmiers et la soirée tout entière s’écoulait au rythme chaloupé des averses. L’odeur de terre humide volait la vedette au barbecue qui fulminait dans son coin et se vengeait en tentant, sans succès, d’infliger quelques brûlures aux merveilleuses côtelettes marinées achetées le matin-même à la non moins fantastique boucherie de Canungra.

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