
Category Archives: Découvertes et courbatures
Frogs in fog
(Katoomba Falls, NSW, 12-06-2011)
Le réveil avait sonné aux aurores, plein d’entrain et de balades merveilleuses à venir. Las, fort emballées par la beauté du lieu, les longues brumes de la veille avaient convié brouillards, nuées, nuages et bruine à la fête, engluant Katoomba et ses environs dans une purée de pois aussi dense que gelée. Déguisés en improbables hybrides d’oignon et de Bibendum, affublés de ponchos de pluie multicolores crissant au moindre geste et de parapluies exposant leurs baleines au plus petit souffle de vent, la foule des visiteurs s’approchait avec espoir et tâtonnements du Queen Elizabeth Lookout puis rebroussait bien vite chemin, soufflant sur des doigts engourdis, tapant des pieds pour tenter de se réchauffer et évacuer une certaine déception. Pas la moindre Sœur de roche à se coller sous la pupille, point de brume bleutée s’envolant en volutes légères par-delà la canopée argentée. Non, point de brume mais une épaisse couverture grise, collant aux yeux et à la peau, calfeutrant soigneusement le paysage et ricanant tout bas dans les frondaisons des fougères, ravie de ce tour pendable joué aux promeneurs.
Variations autour d’un champignon
(Quelque part dans le brouillard, Katoomba Falls, NSW, 12-06-2011)
A la croisée de deux nappes de brouillard, entre kangourou et wallaby chien et loup, à quelques tâtonnements des Katoomba Falls, un mur de rochers se découpait, pigmenté de vapeur d’eau et de lichens orangés, à peine planté de quelques herbes frissonnantes. Entre deux flaques d’eau, en tendant un peu l’oreille, voilà quelques-unes des phrases qu’on aurait peut-être pu surprendre…
Montagnes bleues, temps gris
(Devant vos yeux ébahis, le Mount Solitary. Si, si, puisqu’on vous le dit !)
- un lundi férié pour les quatre-vingt six bougies de Queeny (avec deux mois de retard sur la date réelle -21 avril),
- 3 jours dans les Blue Mountains,
- huit cent trente et un kilomètres parcourus (une paille !),
- un froid de wombat laineux,
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Le bois, la tresse et les jolies ruelles
Nous n’avions jusqu’à présent jamais fait que traverser Braidwood, n’accordant qu’un regard distrait aux rues pimpantes, tout concentrés que nous étions sur notre impatience à retrouver les vagues, le sel, le sable et l’écume. Seuls comptaient les quelques kilomètres qui nous séparaient encore des vertigineuses rampes enrubannant la Great Dividing Range, virages serrés distribuant paysages somptueux aux passagers, crampes de concentration aux conducteurs et températures soudainement bien adoucies aux uns comme aux autres. A force de passages, cependant, quelques images avaient réussi à s’imposer : une vache pirate fort occupée à jouer les vigies sur le toit de la boucherie, des lambrequins délicats bordant des maisons tout droit échappées du Far-West.
D’écume, de soleil et de vent
(Lake Tabourie, NSW, 15-05-2011)
Délaisser la highway sur un coup de tête, aller au petit bonheur la chance de virages en bifurcations devinées. S’arrêter à l’ombre des filaos et emprunter le sentier qui trace son petit bout de chemin entre estuaire, herbes hautes et banksia. Chatouiller du pied un ponton mouvant, ravi d’offrir ses planches au doux soleil de mai. Parcourir main dans la main les quelques pas menant à la plage. Emplir ses poumons d’air marin et ses chaussures de sable mouillé en escaladant les dunes qui s’effritent. Continue Reading →
Tianjara Falls
(Tianjara Falls, NSW, 21-05-2011)
Jamais droit au but n’ira, voilà qui pourrait bien finir par faire figure de devise officielle par chez nous…. Ces derniers mois nous l’ont appris, démontré, assené et répété sans relâche, détours et petites boucles qui frisent le long de routes ou de pistes peu usitées regorgent de trésors, pour peu qu’on sache se trainer d’un pas de sénateur rhumatisant ne pas filer réservoir à terre.
Les grands espaces, le sel et la baleine
Début janvier, installés sur un rebord de falaise battu de vent et de soleil, nous avions donné rendez-vous aux baleines qui viendraient, à n’en pas douter, quand le froid aurait repris ses droits. L’été réclamait toute notre attention, nous promenant de criques murmurantes en promontoires escarpés, clamant fermement que l’hiver et ses migrations sauraient bien attendre. Quelques mois trop vite passés, des feuilles craquelées en épais tapis, un peu de givre saupoudré de-ci, de-là et un air glacé, piquant, cristallin, tenant les petits matins sous sa coupe ? L’été avait capitulé, les baleines nous attendaient, Huskisson et ses bateaux s’imposaient.
Coup de foudre à Broken Head
(Broken Head, VIC, 24-04-2011)
Il n’y avait eu besoin que de quelques centaines de mètres, deux petits kilomètres tout au plus, pour que le brouhaha de la foule et le ballet incessant des hélicoptères se dissolvent dans les ombres brumeuses du soleil couchant. Il n’y avait plus que nous, le promontoire étroit et sa rambarde patinée de sel, quelques oiseaux saluant de pépiements le retour du soleil, le murmure des feuilles agitées par le vent et le crissement de quelques grillons. Les vagues grondaient, toutes proches, se pressaient en gerbes infatigables au pied des falaises et peignaient gorges, arches et à-pics de cristaux de sels, de balafres liquides et de fumée écumante. En contrebas, quelques téméraires se mesuraient à l’océan, frissonnant sous les gifles d’eau glacée. La petite plateforme perchée demeurait nôtre, boudée par les amateurs de sensations fortes. Seuls le vent et quelques fourmis volantes, suivies de près par un honeyeater tout à la fois curieux et alléché, nous tenaient compagnie.
On the (Great Ocean) road again….
(Cape Patton, VIC, 24-04-2011)
Le ciel était lourd à notre arrivée à St Kilda, chargé de nuages campés là en rangs serrés. Plus la nuit avançait, plus les menaces de mauvais temps se précisaient, encore un peu plus alourdies par les ronflements de tonnerre grondant sans répit sous la couette d’un voisin de dortoir très vite rebaptisé Evinrude le trembloteur de luette, passé à quelques fifrelins à peine d’un jet de tatane aussi précis qu’agacé.