Category Archives: La tête à l’envers
Viens dans le backyard, y a le printemps qui chante
(Entre les deux, son petit cœur de mouton-greluche balance)
Il y a des signes qui ne trompent pas : Canberra fleurit à tout va, de mimosas en magnolias et d’amandiers en doigts de pied (au grand dam d’un LeGB qui reste décidément hermétique au bonheur des chaussures à fleurs. Thèse, en revanche, semble conquis). Un coup d’œil au calendrier plus tard, mais c’est bien sûr ! Le premier septembre est arrivé et avec lui, le printemps a officiellement débarqué ses roucoulades, ses poussées d’hormones en tout genre et son bourgeonnement chaotique. C’est qu’ici, point de changement de saison à l’équinoxe ou au solstice, non, messieurs-dames ! Ici, on change de saison en début de mois et nous passons donc au printemps le 1er septembre, à l’été le 1er décembre, à l’automne le 1er mars et à l’hiver le 1er juin.
Le roo, c’est doux ! Episode #3
Le roo, c’est doux ! Episode #2
(Il est (re)venu le temps des cathédrales du cours magistral. Déjà ?)
Rechaussage de lunettes, nouveau toussotement et en selle, Maestro ! nous revoilà partis à la découverte de la filière kangourou.
Une fois les quotas de kangourous fixés pour chaque zone, les « collecteurs » entrent donc en scène. Pourquoi collecteurs, d’ailleurs ? Le terme utilisé officiellement est harvester, soit moissonneur ou, pourquoi pas, cueilleur. Poétique, n’est-il pas ?
Le roo, c’est doux ! Episode #1
(Où il est question de boulotter Skippy)
Quiconque arpente les allées de Woolworths ou barbecute avec un tant soit peu d’ardeur se retrouvera fatalement un jour ou l’autre nez-à-nez avec des kanga banga* ou autres kangaroo fillets. Le quiconque sus cité froncera alors sans doute un sourcil, inclinera la tête de 30 degrés vers la gauche, croisera les bras et se pincera la lèvre inférieure entre le pouce et l’index, tout pétri d’interrogations. C’est que, oui, au fait, il vient d’où, mon kebab de kangourou ? Très bonne question, qui permet à LaGB de se caler bien confortablement dans son fauteuil et de chausser sans plus attendre ses lunettes de Maestro. Un toussotement léger de vieux sage (ou presque) et c’est parti…
Nobody puts Brumby in a corner
(Où il est -presque- question de courir après son destin comme un cheval sauvage)
Jusqu’à présent, il n’avait été aperçu d’eux que les pancartes “Attention, Patrick Swayze chevaux sauvages”. Ce n’était pourtant pas faute de guetter inlassablement les immenses étendues mi-herbeuses, mi-neigeuses… Et puis cette fois-ci, au détour d’un virage, à quelques kilomètres de Yarrangobilly, ils semblaient attendre le visiteur en mal de faune locale. Crinière au vent et sabots au frais, jouant dans les méandres de Permanent Creek, un troupeau d’une quinzaine de brumbies s’éparpillait gaiement, cueillant les premières pousses printanières et se chamaillant sans relâche, de courses-poursuites en mordillements de crinière.
A la courte page
(Dis, c’est quand qu’on repart, hein ?)
Long week-end ? Public holiday ? Vacances qui approchent ? Le rituel est immuable : en tailleur sur le canapé, Lonely Planet à la main, calepin mignon, stylos et surligneurs à foison, idées en pagaille et tonneaux de cidre à portée de gosier (faudrait voir à ne pas se déshydrater) (comment ça, le risque est moindre en plein hiver ?) (on est en Australie, tout de même, on n’est jamais trop prudents) (à ce propos, le Mad Brewers Fallen Apple Cyder est une véritable petite merveille) (fin du troupeau de parenthèses). Une nouvelle page de calepin, un joli titre souligné de près et les abréviations, annotations, post-It, points d’exclamations, astérisques et mesures kilométriques se succèdent, ordonnés et disciplinés.
La belle étoile
(Huskisson, NSW, au point du jour, 31-07-2011)
Samedi soir, 19 heures. Une envie soudaine d’océan qui vous saisit avec toute l’intensité d’une lubie, aussi irrépressible qu’une envie de chocolat. Un regard de concertation et un hochement de tête diantrement enthousiaste plus tard, les brosses à dents rejoignent Thèse au fond du sac à dos et hop ! pneus à terre et fleur au fusil, direction Jervis Bay à toute berzingue. C’est qu’il ne faut jamais contrarier une envie d’océan, jamais. Ni de chocolat, d’ailleurs. On ne plaisante pas avec le chocolat l’océan, non, vraiment.
Vieux motard que jamais…
… vous dira tout jeune cycliste auréolé de gloire et de champagne sparkling wine
(crédit photo : The Big Picture)
Lé Touwe dé Fwence ayant remisé ses vélos au clou depuis bientôt dix jours, force est de constater que nous avons perdu la bataille des Ardennes du Galibier et que nous jouons les lanternes rouges avec un entrain certain… Mais il nous était impossible de passer sous silence l’épatant engouement et la non moins surprenante passion (un tantinet chauvine) dont les Australiens font preuve quand il est question de la Grande Boucle. Nous dirons donc que nous ferons cette année office de voiture-balai (ou décréterons, sans mauvaise foi aucune, que tout ceci est la faute du décalage horaire) (comment ça, on a déjà vu excuse plus crédible ?).
And give it just one more year
(Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Je ne vois que le soleil qui poudroie, l’eau qui se boit flamboie
et une nouvelle année qui s’en venoie)
Un petit matin frisquet à la fin du mois de juillet. Des cernes suffisamment larges pour être déposés en soute, un léger hébétement et des frissons, des yeux qui rebondissent de panneau en bâtiment et des repères qui s’étiolent. Trente degrés semés quelque part dans un couloir aérien et des manteaux qui reprennent activement du service sur le tarmac d’un aéroport de poche. Un peu de coton linguistique dans les oreilles et une langue de plomb, ravie de s’emmêler les pinceaux à la moindre occasion…
Gustav, Egon, Oskar et les autres
(National Gallery of Victoria, Melbourne, VIC, 27-07-11)
Hésiter, tergiverser puis jouer à pile ou face. Pile, je reste une journée de plus, face, je n’embarque pas dans l’avion prévu. Gagner, étonnamment, changer son billet d’avion et jubiler en écoutant la nuit tomber et les sirènes rebondir sur la chaussée de Flinders Street.
Déguster au petit matin des croissants qui fondent sous la dent et se répandent en une multitude de miettes à chasser de l’index, offerts par une fée de la pâte feuilletée. Plier bagage à l’heure où l’avion initialement prévu décolle et savourer comme un petit frisson d’aventure, comme une piquante étincelle, de celles qui vous transforment pour quelques fifrelins de temps en corsaire téméraire.