Vivre en Australie, c’est se confronter parfois à des phénomènes naturels dont l’ampleur dépasse l’imagination. Nous sommes actuellement les témoins, lointains mais cependant très concernés, des inondations dramatiques qui ravagent le Queensland. L’année est exceptionnellement pluvieuse, on vous en avait déjà parlé, vu de notre petit bout de lorgnette, début décembre.

Voilà plus de deux semaines que le nord du Queensland est sous les eaux, après le passage du cyclone Tasha. Loin de s’améliorer, la situation va en s’aggravant d’heure en heure, suite aux fortes précipitations enregistrées depuis lors. Aujourd’hui, il est, par exemple, tombé de 80 à 100 mm d’eau par heure dans les Brisbane et Lockyer Valleys. Pour vous donner une petite idée, un mois de janvier « normal » à Brisbane voit tomber en moyenne 133 mm…

La zone inondée s’étend sur l’équivalent de la France et l’Allemagne réunies. Brisbane (troisième ville du pays, 2 millions d’habitants) est en partie évacuée ce soir pour cause de montée des eaux extrêmement importante et rapide. Le niveau de la Brisbane River pourrait atteindre les 3.5 mètres dans Brisbane demain et plus de 12 mètres localement. Dans certaines régions, la situation est encore aggravée par les barrages qui menacent de déborder, nécessitant d’évacuer le trop-plein et participant donc à l’inondation.

Le bilan humain demeure très incertain : les journaux parlent de 8 à 13 morts mais au moins 66 personnes ont été portées disparues et les autorités appellent les habitants à se préparer au pire. Le bilan économique sera à n’en pas douter dramatique, ainsi que le bilan écologique : les quantités d’eau souillée qui se déversent dans l’océan vont gravement perturber l’équilibre de la Grande Barrière de Corail. Ce qui fragilisera un peu plus l’économie de l’état du Queensland, fortement orienté vers le tourisme.

A distance, les premières conséquences sont d’ores et déjà visibles, insignifiantes à l’échelle du cataclysme mais néanmoins marquantes car extrêmement rapides : plus guère de mangues sur les étals ni d’ananas ou autres fruits tropicaux, principalement cultivés dans le Queensland. Les cours mondiaux du blé (l’Australie est le second producteur mondial) et du charbon ont commencé à augmenter et le prix du sucre risque également de bondir.

La solidarité bat son plein, de nombreuses récoltes de fonds sont organisées un peu partout. Par exemple, il est possible depuis quelques jours maintenant de faire un don en passant en caisse à Woolworths : il suffit d’indiquer au caissier la valeur de ce don au moment de payer vos courses et la somme est versée directement au fonds d’aide aux sinistrés.

Si vous voulez suivre l’évolution de la situation, un fil d’informations dédié est disponible ici. Le Monde a également mis en ligne quelques articles et portfolios qui permettent de se faire une petite idée de l’ampleur des dégâts.

Demain, on reviendra à du plus gai, promis, mais toujours avec de l’eau dedans…