Ayehorï
S’installer à l’étranger, c’est être confronté au fait qu’à l’étranger, ben, ils parlent étranger (et aussi qu’ils n’ont pas tout compris Free)…
Malgré quelques bases et un entrainement pré-départ relativement assidu, à base de visionnage de films en VOST, la transition ne s’est pas faite en douceur… A tel point que nous avons tout d’abord cru que, suite à la farce d’un quelconque volcan islandais un peu cendre soupe au lait, nous avions débarqué en Sibérie : froid de canard et langue barbare, c’était notre dernier mot Jean-Pierre l’explication la plus plausible. Malheureusement pour notre ego, il a fallu se rendre très vite à l’évidence : si nuages de cendres il y avait, ils se trouvaient uniquement dans nos oreilles…
Nous partions avec deux handicaps majeurs : les neurones courbatus et gelés ne participent guère à la clarté de l’élocution et l’accent français réputé so sexy n’aide pas des masses à se faire comprendre. Aussi, les premiers jours, la moindre conversation prenait des allures de parcours du combattant d’où nous sortions extenués, littéralement sur les rotules.. Mais en même temps extrêmement fiers de notre capacité innée (à ce point-là, ça en devient même tout bonnement ahurissant) à saisir au bond des phrases aussi complexes que ‘‘Good Morning’’. Le reste passait en revanche allégrement à la trappe et nous nous contentions d’hocher la tête, contemplant d’un air bovin des plus réussis notre infortuné interlocuteur. Pour pallier à nos lacunes, nous sommes très rapidement passés maîtres dans l’art du mime. Marceau à côté ? Peanuts ! Seul souci, les « vilains gestes » australiens ne sont pas forcément les mêmes qu’en France et il semblerait que nous ayons parfois eu le mime grossier, à l’insu de notre plein gré…
Assez rapidement, cependant, nous avons senti les prémices d’une vraie avancée. Avantage indéniable quand on débute, les progrès sont toujours fulgurants : du néant au pas grand-chose, le pas est immense, mine de rien… Nos oreilles parvenaient enfin à filtrer l’accent australien, parfois particulièrement intense, pour en extraire un concentré d’informations plus ou moins compréhensibles. D’une bouillie infâme de sons mis bout à bout, nous sommes ainsi passés au texte à trous… Net progrès ! Insensiblement, le vocabulaire s’est étendu, les synapses se sont reconnectées, des automatismes sont revenus.
Près de huit semaines après notre arrivée, nous pouvons maintenant (plus ou moins) aisément comprendre et nous faire comprendre : il n’est plus besoin de faire répéter quatre fois une phrase pour en saisir le sens, trois fois suffisent amplement.
Néanmoins, malgré ces progrès fort mauvais pour les chevilles, nous faisons encore et toujours face à certains écueils et tombons à tous les coups dans les panneaux les plus gros de la langue anglaise. L’une de nos pires bêtes noires actuelles (en attendant qu’on croise nos premières vraies bêtes noires à huit pattes) (on n’est pas pressés, d’ailleurs) ? La prononciation du i et ses infinies variations, véritable numéro d’équilibriste. Et quand on connait nos aptitudes (enfin, surtout les miennes) s’agissant d’équilibre, on envisage très clairement la difficulté majeure de l’exercice et on se marre par avance.
La semaine dernière, au labo, j’ai ainsi successivement affirmé, en l’espace de deux minutes
- avoir frappé mes bactéries,
- les avoir fait courir toutes nues sur la paillasse,
- avoir moi-même couru en tenue d’Eve dans les couloirs,
assurant par la même occasion à mon interlocuteur un fou rire de première catégorie, dont l’ampleur décuplait au fur et à mesure que je m’empêtrais dans mes essais linguistiques, peu épaulée par une langue récalcitrante et des neurones emmêlés.
Cafouillages, bafouillages et bégaiements ont deux avantages certains, à défaut d’aider à réellement déjouer pièges et subtilités de la langue anglaise. En effet, ils permettent d’instaurer une ambiance de franche rigolade lors des discussions mais également (et surtout) d’employer fort à propos mots d’argot et expressions fort imagées glanées de-ci, de-là et bizarrement bien plus faciles à retenir que le reste… Bloody hell ! English is such a fucking pain in the ass !
Les photos du jour ? Juste un élément rassurant : nous sommes sacrément meilleurs en ce qui concerne le petit-déjeuner anglais, et ce, sans qu’il ait été besoin d’entrainement préalable…
Bonjour
Je débarque en direct live du site de Caro-pensées de ronde, où j’avais repéré voici déjà un moment un pseudo marrant dans les commentaires, et puis aujourd’hui j’ai cliqué et vu des kangourous ! Arg ! J’adore les kangourous ! Bon, je n’en connais aucun personnellement, et ceci explique sans doute cela, mais j’adore les kangourous et j’adorerais faire un saut en Australie. Bon, pour le WE, on abandonne, mais qui sait ?
Donc, j’ai commencé à lire depuis le début (en matière de lecture de blog, je suis plutôt sage, je vais du début à la fin, ce que je ne fais pas avec un livre.).
Et donc je voulais d’hors et déjà te/vous remercier pour ce premier fou-rire.
Je vais lire la suite et je reviens peut-être et certainement à l’avenir
C’est vrai que question kangourous, on est plutot gates !
Bienvenue chez nous ! Bonne lecture et merci pour ce tres gentil mot !