The land down under

Vivre la tête en bas à Canberra depuis quelques mois, c’est tremper très régulièrement ses orteils dans le Pacifique et croiser des kangourous plus souvent qu’à son tour, mais pas seulement. C’est aussi :

-          se saluer entre passants anonymes d’un sourire et un « Hi! How’s going? » et continuer son bout de trottoir le cœur léger,

-          avoir pris la délicieuse habitude de voir les conducteurs s’arrêter devant les passages piétons, juste pour vous permettre de traverser et ce, même si vous êtes encore à cinq ou six mètres des zébrures bitumées,

-          passer sans souci dans une même conversation de l’anglais au français et réciproquement. En avoir fait un tel réflexe que certaines phrases commencent dans une langue et finissent dans l’autre,

-          guetter la silhouette de la Telstra Tower au retour de balade et lever vers elle un nez amical à chaque visite en serre,

-          ne plus devoir scruter méticuleusement les rayons de Woolworths pour trouver boîte à son caddie mais continuer tout de même, pour le simple plaisir de tester d’autres spécialités plus ou moins prometteuses,

-          entendre les king parrots siffler sur la colline clôture chaque matin et ne pas se lasser de leurs incessantes prises de bec, si joliment mélodieuses,

-          apprécier nombre de groupes musicaux australiens et ajouter à sa besace quelques fantastiques écrivains,

-          tâcher d’insérer coûte que coûte dans une conversation les nouvelles expressions tout juste apprises et s’adresser ensuite un petit clin d’œil de félicitations,

-          s’imprégner de paysages, d’histoire(s) et d’anecdotes, découvrir chaque semaine une autre microscopique parcelle d’Australie et bouillir d’impatience de repartir en vadrouille,

-          vénérer le clavier qwerty, se découvrir une dextérité de mammouth laineux rhumatisant de retour sur un azerty et ne plus faire cas des touches accentuées,

-          ne plus s’étonner de croiser des vélos non cadenassés attendant tranquillement leurs conducteurs à la porte d’un pub ou d’un restaurant,

-          savoir parfaitement la différence entre une pinte, un schooner et un middy,

-          perdre certains mots et expressions français, en avoir d’autres sur le bout de la langue pendant des jours et finir par utiliser la version anglaise,

-          apprendre et comprendre chaque jour un peu mieux la vie politique, économique, culturelle australienne, hériter au passage de quelques maux de tête carabinés mais être heureux de pouvoir ainsi mieux appréhender son nouveau pays,

-          raconter aux collègues les dernières découvertes, les nouveaux coups de cœur et les voir sourire du bonheur ravi qui déborde de nos récits époustouflés,

-          connaitre par cœur les jingles de Triple J et les reprendre en chœur,

-          parsemer ses journées de « No worries » et sourire à chaque fois,

-          se sentir inexplicablement mais incontestablement chez soi, se surprendre à rêver de poser ses valises pour cette fois un peu plus longtemps que d’habitude,

-          ne plus se tromper de portière en montant en voiture mais constamment regarder du mavais côté avant de traverser la route,

-          savourer le plaisir intense de pouvoir enfin faire de l’humour en anglais,

-          avoir intégré parfaitement la culture barbecue, à toujours garder sous la main de quoi faire griller quelques steaks et/ou saucisses,

-          ne plus imaginer s’endormir sans le chant des grillons, ni se réveiller sans celui des magpies et des cacatoès,

-          s’emmêler les neurones sur le calendrier, s’étonner de voir déjà se profiler quelques très jolis anniversaires,

-          sautiller impatiemment sur place en attendant les prochains longs week-ends, les vacances à venir, fourmiller d’idées à ne plus savoir à quelle page ouvrir le Lonely Planet,

-          étouffer subitement, parfois, sous la gifle d’une violente bourrasque de nostalgie. Secouer la tête, reprendre son souffle et repartir,

-          aimer plus que tout ces découvertes faites à deux, ce bout de chemin qui continue si joliment et ne pas pouvoir s’empêcher de tracer encore et encore des plans sur la Voie Lactée (parce qu’une comète, ça ne serait vraiment pas assez grand).

2 thoughts on “The land down under

    • lagrandeblonde Post author

      Les auteurs ? Entre autres Steven Conte et Tim Winton (dont les nouvelles sont tres sombres mais superbes). On en causera bientot !

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