(Circular Quay, Sydney, NSW, 09-04-2011)

Eclats de rire en écume légère, talons dansant sur le bitume, étoles négligemment drapées sur des épaules sortant tout juste d’une représentation à l’Opéra. Cliquetis incessants de flashs, ballet ininterrompu de clichés à la volée, dérobés au Harbour Bridge.
Bribes de chansons tressées en couronne et déposées par le vent à la proue des ferries louvoyant de reflets en reflets.
Pochettes précieuses, parures de fées et smokings étincelants arpentant fièrement la promenade. Petite brise picotant doucement la peau, chargée d’embruns, de murmures du large et de promesses d’aubes rayonnantes. Etoiles pétillantes clignant de l’œil de concert, loin au-dessus de la bouche béante du Luna Park, à peine frôlées par quelques roussettes aventureuses.
Notes de musique ourlant les vaguelettes, tintant aigrelettes contre les quais et s’enroulant en guirlandes invisibles le long des piliers festonnés de coquillages.
Foule joyeuse, riante, pressée, flânant, chamarrée, repue, admirative, à la recherche du doudou perdu, contant fleurette, perdue dans ses pensées, en retard, un peu gaie, mouvante, ensommeillée ou affamée.
Petit banc posé tout au bord de la baie, délicatement poinçonné de rouille, minuscule espace de silence abandonné aux rêveurs sous un magnolia vénérable. Yeux qui s’abreuvent, se gorgent et se grisent de lumières, de reflets et d’ombres merveilleuses. Yeux qui murmurent sans relâche, perdus grand écarquillés dans leur rêverie à ciel  ouvert, « C’est beau, une ville la nuit. ».