Un taxi pour Holbrook

(Hep, taxi ! Suivez ce papillon sous-marin !)

Holbrook, New South Wales, 1400 habitants les jours de grand vent, une rue principale, un pub, un magasin d’alimentation générale/poste/banque/mercerie/pharmacie/nid à potins affublé de deux pompes à essence (ayant certainement joué les spectateurs fort enthousiastes le jour de l’invention de la roue, à voir les dentelles d’araignées et de rouille savamment tissées du de la pointe du tuyau au plus petit boulon) et un petit boui-boui craint réputé à juste (?) titre pour son hamburger-tour de Pise entassant témérairement entre deux tranches de pain steak haché, tranches de bacon, œuf au plat, fromage fondu, rondelles de tomate, feuilles de salade, tranche de betterave, morceaux d’ananas et oignon grillé en un édifice aussi fragile que mortellement calorique.

Holbrook, du bush à perte de vue, des kangourous à la pelle, des moutons comme s’il en pleuvait (Thèse serait bien resté au milieu des siens et a envisagé sérieusement de faire sécession) (enfin, jusqu’à ce qu’on évoque l’air de rien certaines douces traditions locales à base de gigot ou de côtelettes d’agneau, de mash potatoes et de sauce à la menthe) (la sauce à la menthe a été la goutte qui fait déborder le plat) et le seul passage piéton doté de feux de toute la Hume Highway (880 km de Sydney à Melbourne, une paille).

Holbrook, donc. 289 mètres d’altitude, à 370 km de la côte la plus proche et un sous-marin posé au beau milieu du parc municipal. Enfin, un demi sous-marin, une moitié supérieure de submersible échouée sur la pelouse et prise Dassault d’assaut par une troupe de galopins. Une moitié seulement de beau sous-marin noir, les habitants ayant manqué de liquide pour s’offrir la coque, en stock également. Un bout d’histoire locale en forme de périscope, la ville, anciennement Germanton, ayant été rebaptisée en 1915 pour cause de nom peu patriotique. Décision fut alors prise  d’honorer le Lieutenant Holbrook, capitaine de sous-marin et natif du coin de son état.

Quelques 80 ans plus tard, un hommage en forme de coque supérieure de sous-marin s’inaugurait en grande pompe, dotant la ville d’une jolie manne touristique. Et assurant aux courageux de la Hume Highway quelques inquiétudes quant à leur acuité visuelle : « Merlu berlue, bévue ou incongru ? Qu’ai-je vu, qu’ai-je bu ? Vite, arrêtons-nous, veux-tu, ma vue n’en puit plus, de sous-marins mon œil est repu ! ». Merci, Captain Holbrook, de nous aider ainsi à respecter scrupuleusement le fameux Stop, revive, survive !

2 thoughts on “Un taxi pour Holbrook

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