Coup de foudre à Broken Head
(Broken Head, VIC, 24-04-2011)
Il n’y avait eu besoin que de quelques centaines de mètres, deux petits kilomètres tout au plus, pour que le brouhaha de la foule et le ballet incessant des hélicoptères se dissolvent dans les ombres brumeuses du soleil couchant. Il n’y avait plus que nous, le promontoire étroit et sa rambarde patinée de sel, quelques oiseaux saluant de pépiements le retour du soleil, le murmure des feuilles agitées par le vent et le crissement de quelques grillons. Les vagues grondaient, toutes proches, se pressaient en gerbes infatigables au pied des falaises et peignaient gorges, arches et à-pics de cristaux de sels, de balafres liquides et de fumée écumante. En contrebas, quelques téméraires se mesuraient à l’océan, frissonnant sous les gifles d’eau glacée. La petite plateforme perchée demeurait nôtre, boudée par les amateurs de sensations fortes. Seuls le vent et quelques fourmis volantes, suivies de près par un honeyeater tout à la fois curieux et alléché, nous tenaient compagnie.
Les nuages disparus, les derniers rayons du soleil couvraient l’eau et la pierre d’une pluie d’étincelles, fondant les falaises d’encre de Chine au-delà de l’horizon en un théâtre d’ombres ourlées de pourpre, d’or et d’écume. Déjà, l’or tendait au sépia, les ombres s’allongeaient et la nuit gagnait ses galons, gommant délicatement du doigt les contours des arbustes et des rochers, accrochant quelques premières étoiles discrètes loin au-dessus de nos têtes.
Bien vite, la lune trouvait elle aussi sa place, lovée entre deux nuages à peine esquissés. Les vagues submergeaient encore le rivage mais le fracas terrible ne tenait plus que du murmure. Broken Head avait revêtu son manteau indigo, qui couvrirait jalousement ses reliefs et ses merveilles jusqu’aux prochaines aurores. Une longue route nous attendait, fragile et dérisoire ruban de goudron serpentant entre deux immensités de bush, perdu sous un ciel piqueté de rosaces d’étoiles. Une longue route nous attendait et ses lacets, ses détours et ses courbes étaient enveloppés d’un doux sentiment d’émerveillement, qui flottait dans l’air comme une douillette brume délicatement dorée.
Très beau texte et photos…
Merci ! C’etait un petit moment parfait et surtout si tranquille, compare a la foule des 12 Apotres…
C’est sublime!! Veinarde !!
Hehe ! (pardon) (mais c’est trop bon)
Suis d’accord avec Valérie et je ne dirai pas mieux.
Nous avions fait la Great Ocean Road il y a deja plusieurs années, c’est vrai que l’on se sent tout petit face aux éléments déchaînes (comme c’est d’ailleurs très souvent le cas en Australie!).
C’est vrai qu’on se sent minuscule mais en meme temps pas ecrase, non ? La Great Ocean Road va rester un tres joli souvenir, on la refera avec bonheur mais hors periode de vacances pour pouvoir vraiment apprecier les paysages, en bons sauvages que nous sommes.
je dois dire que bizarrement ça me rapelle les éléments déchainés sur les côtes d’Ecosse ! je suis fan…
Je crois bien que je n’aime jamais autant l’ocean que lorsqu’il gronde (et que je ne suis pas sur une coque de noix…). Il y a alors un peu de magie et beaucoup de majeste, quelque soit le coin du globe ou l’on se trouve…
Bienvenue !