D’écume, de soleil et de vent

(Lake Tabourie, NSW, 15-05-2011)

Délaisser la highway sur un coup de tête, aller au petit bonheur la chance de virages en bifurcations devinées. S’arrêter à l’ombre des filaos et emprunter le sentier qui trace son petit bout de chemin entre estuaire, herbes hautes et banksia. Chatouiller du pied un ponton mouvant, ravi d’offrir ses planches au doux soleil de mai. Parcourir main dans la main les quelques pas menant à la plage. Emplir ses poumons d’air marin et ses chaussures de sable mouillé en escaladant les dunes qui s’effritent. Sourire, rouler, sauter de joie à la vue qui s’offre soudain. Savourer le picotement du sel sur sa langue, le roulis du sable sur la peau, le grondement des vagues qui submergent les rochers et bousculent de leur souffle coquillages, cailloux et algues sommeillant sur le rivage. Rire au manège des red capped plovers, automates miniatures aux mouvements saccadés, hachés, parcourant de toute la vitesse de leurs petites pattes, s’arrêtant brutalement, parfaitement immobiles et repartant tout aussi follement dans un incessant zigzag. S’amuser à tracer une longue ligne de pas dans le sable mouillé, défier la mer du regard, jouer à cache-cache avec la ligne d’eau, danser d’un pied sur l’autre puis bondir en arrière pour éviter un rouleau plus envahissant que les autres. Embrasser des yeux l’horizon drapé d’une myriade de gouttelettes infimes soufflées par les vagues et tissées par le vent. S’aventurer sur la languette de sable menant à une île de rochers, d’eucalyptus et de trésors promis. Rebrousser bien vite chemin devant l’avancée insistante de la marée montante. Ramasser quelques coquillages, un peu de bois flotté, deviner des empreintes de mouettes miniatures déposées en guirlandes légères de rameaux d’algues en bouquets de succulentes. Découvrir des falaises minuscules, observer des éboulements de grains de sable recouvrir quelques infortunés coquillages. Sourire à la course échevelée de quelques crabelets fort affairés. Lever l’oreiller au cri des masked lapwings dans le lointain. Surprendre un surfeur et son chien jouant dans les rouleaux, tout éclaboussés d’écume, sous le regard résigné des ailerons délaissés d’une planche posée là, à quelques mètres, loin des vagues et loin des jeux. Monter quelques marches de bois, tout envahies de sable et de feuilles, se laisser envahir par les vagues, le vent et la douceur d’une plage un beau matin d’hiver. S’étirer de bonheur, saluer les banksia de la main, flâner quelques instants en bord de rivière, envier les deux petits garçons pêchant sur la pile du petit pont. Soupirer d’aise en s’imaginant installés sur un banc de bois gorgé d’un soleil à peine levé, une tasse de café à la main, savourant le murmure du vent dans les filaos et les chamailleries des cockatoos, blottis quelques secondes dans une petite bulle de bord de mer hors du temps. Reprendre la route en se promettant de revenir bientôt se perdre par ces virages et ces bifurcations devinées pour retrouver cette bulle de bonheur infime.

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3 thoughts on “D’écume, de soleil et de vent

      • petitann

        oui elles se noircissent, mais pas encore par des voyages, il y a encore eu des annulations, il y a des petites disputes avec le compte en banque …
        Mais j’y réfléchis, je te mp pour te dire où j’en suis ;-)
        Bises Grande-Blonde

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