Tianjara Falls
(Tianjara Falls, NSW, 21-05-2011)
Jamais droit au but n’ira, voilà qui pourrait bien finir par faire figure de devise officielle par chez nous…. Ces derniers mois nous l’ont appris, démontré, assené et répété sans relâche, détours et petites boucles qui frisent le long de routes ou de pistes peu usitées regorgent de trésors, pour peu qu’on sache se trainer d’un pas de sénateur rhumatisant ne pas filer réservoir à terre.
Et c’est ainsi qu’un joli samedi de mai, frisquet à souhait mais tout hérissé de soleil, Kroket s’en est allée flâner capot au vent sur Nerriga Road, reliant Braidwood à Nowra, petit bout de route si peu fréquenté que s’y mêlent joyeusement portions de piste poussiéreuse et cahoteuse, kangourous paressant au beau milieu de la chaussée et hordes de rosellas conspuant vertement tout véhicule un tant soit peu bruyant. Les eucalyptus succédaient aux eucalyptus dans un incessant cache-cache d’ombres à peine troublé par les vagues de poussière flottant en halos tout autour des troncs. De minute en minute, les silhouettes s’allongeaient, se teintant d’or et de crépuscule à venir. Bientôt, la nuit prendrait ses quartiers et il nous pressait de rejoindre la Princes Highway, loin des kangourous en goguette et des wombats en vadrouille bondissant sous les phares.
Mais voilà qu’un panneau tout cabossé, à demi-caché par quelques frondaisons plus envahissantes que les autres surgissait des sous-bois, nous faisant signe du coin du boulon. Le clignotant s’enclenchait tout seul, doué d’une volonté farouche de respecter scrupuleusement l’adage qui soutient que la prochaine intersection cache obligatoirement des merveilles (adage très volontiers pris comme excuse irréfutable par une LaGB aux talents de copilote assez… fluctuants) (surprenants, précise LeGB. Quelle mauvaise foi !). Deux légers virages, un parking grand comme un demi-mouchoir de poche et une sente de terre battue ondulant entre quelques banksia. Des oiseaux saouls de chants et de baies, des grillons dont les élytres frisaient l’apoplexie, quelques pas dans les ombres et soudain, une percée de soleil tout en bord de falaise, des rochers pétillant sous les derniers rayons de jour, une canopée surmontée de brume bleutée, une chute d’eau sifflotant gaiement et, dans le lointain, une conversation de lyrebirds invisibles. Le ciel s’ornait de nuages légers, délicatement ourlés de bronze et de rose poudré et il ne fallait qu’un fifrelin d’imagination pour deviner la mer loin, bien loin sur l’horizon.
Tianjara Falls nous tenait dans sa main, étourdis et ravis, une nouvelle fois époustouflés par la magie discrète d’un merveilleux petit aplomb rocheux perdu, insoupçonné, au milieu des eucalyptus. L’heure ne comptait plus, la tombée de la nuit n’avait plus rien d’une contrainte. Après tout, qu’importent les kangourous et les wombats pourvu qu’on ait l’ivresse de quelques instants hors du temps !
Magnifiques photos et spendide recit, comme d’hab’.
Merci
Merci tout rougissant ! Le moment etait extra, on est arrives pile au bon instant, sans meme le faire expres. Comme souvent finalement, ici !
Superbe!
Le texte nous amène tranquillement aux photos, et là on se prend à notre tour ce paysage en pleine face (l’air et le son en moins …)
Merci ! Un jour, on reussira peut-etre a faire passer jusqu’aux odeurs, ce serait chouette !
**soupir de moi aussi je veux voir tout ça**
Mais viendez donc ! Et puis, de Papeete, ca ne sera plus qu’a un saut de puce !