Dans la solitude des champs de coton

(Narrabri, NSW, 24-06-2011)

- S’apercevoir lors de l’enregistrement que son sac est le plus lourd des quatre et blâmer les roulettes qui, c’est bien connu, concentrent les deux tiers du poids d’un bagage classique…
- Embarquer dans un coucou de poche et sourire en actionnant le cendrier fixé aux sièges,
- Revenir plus de vingt ans en arrière en observant les doigts des pilote et copilote voltiger de boutons en manettes,
- Apprivoiser les turbulences et partager un regard complice (et quelque peu verdâtre) avec son voisin de siège,
- Coller son nez au hublot et découvrir enfin des Blue Mountains débarrassées de la moindre écharpe de  brouillard, toutes rosies d’aurore,
- Puis voir apparaitre les premiers champs et trépigner d’impatience,
- Récupérer sa valise à même le tarmac, traverser en deux pas la salle d’enregistrement/embarquement/carrousel à bagages/agence de location de voitures/café,
- Respirer à pleins poumons un air craquant de froid tout embaumé d’eucalyptus,
- Signer le contrat de location de voiture assis sur un banc à l’extérieur de l’aéroport,
- Découvrir des bords de route tapissés de fibres de coton échappées des champs alentours,
- Croiser ses premiers road trains (c’est marqué dessus, comme le Port Salut pas de risque de se tromper),
- Fouler une terre noire, riche et dense, saluer du regard les plantules de notre champ posé au beau milieu d’un désert de sillons,
- Mettre genoux en terre, un stylo dans une main, un mètre dans l’autre et une planchette sous le bras,
- Compter, mesurer, observer. Se relever, faire quelques pas et s’accroupir à nouveau,
- Rire sous cape en découvrant les postures quelque peu étranges adoptées par ses compagnons de champ,
- Surprendre une coccinelle encore toute engourdie du froid de la nuit, déranger quelques gouttes de rosée blotties entre les feuilles vert tendre,
- Suivre des yeux le vol d’un rapace et les loopings d’une armada de cacatoès,
- Continuer à compter et entendre s’égrener une longue litanie de chiffres murmurée en anglais, français, allemand et néerlandais,
- Savourer la fraîcheur de la brise sur sa peau, tourner sur soi-même et s’emplir les yeux de l’immensité plane à peine troublée de quelques lointaines silhouettes montagneuses,
- S’enivrer d’espace en se régalant d’être enfin dans l’outback (et d’un sandwich, accessoirement),
- Apprivoiser une machine capricieuse en sifflotant sur la programmation de Triple J (what else?),
- Mesurer, noter, désinfecter, découper, répartir et emballer soigneusement,
- Se gorger de soleil couchant, se surprendre à chercher la main d’un LeGB bien loin et se promettre de revenir avec lui,
- Tituber de fatigue au sortir de la douche, résister difficilement à l’envie de s’enrouler dans les couvertures,
- Rire aux éclats en partageant des anecdotes de terrain autour d’un bon repas,
- S’endormir au ronronnement des road trains et se réveiller au chant des kookaburras,
- Retourner sur le terrain, reprendre mètre ruban et stylo en grelottant dans le petit matin gelé,
- Emporter des pancakes de boue sous ses semelles et sentir ses chaussures s’alourdir de pas en pas,
- Mesurer, compter, noter, changer de plot, mesurer à nouveau,
- Finir plus tôt que prévu, chercher vainement une douche où se décrasser et hausser les épaules,
- Se débarrasser des gâteaux de boue entassés sous les talons et en comparer l’épaisseur. Gagner haut la main ce concours improvisé et remercier ses chaussures pour cette sympathique distinction,
- Jeter un œil à la montre et au compteur de la voiture, décider qu’un peu de tourisme s’impose pour tuer le temps,
- Monter au sommet du Mount Kaputar en suivant la piste sinueuse et cahoteuse, pousser des oh ! et des ah ! ravis mais ne pas oser réclamer un arrêt à chaque virage,
- Surprendre des wallabies peu timides grignotant goulument des jeunes pousses pressées d’arriver au printemps,
- Admirer les eucalyptus majestueux poussant à flanc de falaise et se perdre dans la  contemplation du paysage qui s’offre à perte de vue,
- Chercher la main de son LeGB et se promettre à nouveau de revenir ensemble,
- Dresser une liste de randonnées fantastiques à entreprendre dans la région et imaginer un itinéraire de vacances printanières,
- Regarder ses photos en se disant que, décidément, il faudra revenir avec LeGB…
- Se tourner vers Grand Chef et lui demander d’être du prochain field trip, les yeux pétillant d’impatience,
- Et s’endormir d’un sommeil de plomb à peine réinstallés dans le coucou miniature.

6 thoughts on “Dans la solitude des champs de coton

    • lagrandeblonde Post author

      Ca change de la serre (ou de l’animalerie), c’est sur ! J’ai deja hate d’y retourner… mais il va falloir attendre un peu !

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  1. petitann

    Plus exotique que les sorties Tomate en Marmandais!
    Sinon je te reconnais bien dans les photos 13 et 14! ;-)
    Le 13 est très sympa d’ailleurs

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    • lagrandeblonde Post author

      Effectivement, c’est un peu plus l’aventure ! Je n’imagine meme pas ce que ca peut donner en plein ete, 40 degres a l’ombre et pas un pet’ d’ombre a l’horizon…
      Une histoire de lignes, pour les photos, peut-etre ? ;-)

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        • lagrandeblonde Post author

          40 degres a l’ombre… On en reverait presque pour l’instant ! Une seule solution, les pieds dans le Miroir d’Eau et de grandes lampees de mojitos !

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