Un loriket a fait le printemps

(Cave Beach, Booderee NP, NSW, un beau jour de fin d’automne)

Les jours grandissent, doucement, patiemment, l’air de rien mais avec un entêtement farouche, grappillant aurore après crépuscule quelques précieux rayons de soleil à la nuit qui capitule. Le petit matin s’assourdit de chants d’oiseaux lancés comme autant de défis minuscules au froid qui enserre la ville dans ses glaces griffues.

Lorikets, magpies, galahs et cacatoès s’interpellent de branche en branche, se gorgent de notes et de trilles à s’en emmêler les cordes vocales. Les bourgeons se pressent, s’agglutinent et se bousculent aux branches et aux troncs. Il suffit de tendre l’oreille pour saisir au vol le galop de la sève qui repart à l’assaut des vaisseaux endormis. Les premières fleurs aiguisent leurs roses et leurs blancs, froissant  leurs pétales d’un impatient mouvement d’étamine.

Les prémisses du printemps s’esquissent et l’hiver semble déjà battre en retrait. Oh ! la neige peut bien tomber en abondance, le mercure se vanter de ses exploits nocturnes et de ses records grelottants, les nuages peuvent recouvrir la ville d’une chape morne, grise et glacée, les vents souffler à en perdre haleine et eucalyptus, le printemps a gagné la bataille. Les bourgeons l’ont bien compris. Les oiseaux aussi, qui se répandent en chamailleries et prises de becs, se poursuivent et se couvent d’un œil délicatement égrillard. Les journées à la paillasse sont rythmées par le glougloutement insistant de pigeons fort absorbés par la mâle séduction de mignonnes pigeonnettes à première vue guère convaincues par les arguments roucoulants de leurs plumeux prétendants.

Bientôt, les bourgeons exploseront en une pétarade de verts tendres, de rouges profonds, de roses doux, de pourpres légers, de jaunes craquants et de blancs douillets. Il sera alors à nouveau temps de se méfier des magpies (et donc de ressortir casque à pointe et cotte de mailles). Mais aussi et surtout temps de renouer avec les bien-aimées immenses vadrouilles. Kroket n’est qu’impatience et pneus vrombissants, les chaussures de randonnée sont percluses de crampes d’anticipation et Thèse regrette déjà ses grasses matinées douillettes loin du sac à dos…

2 thoughts on “Un loriket a fait le printemps

    • lagrandeblonde Post author

      Y a encore de la marge avant de se retrouver les orteils a l’air ! Mais oui, dans quelques semaines, retour du vernis et meme arc-en-ciel de vernis pour feter le retour des temperatures decentes !
      (These te remercie de tout coeur, il se sent incompris ces derniers temps et attend desesperement Ken…)

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