… vous dira tout jeune cycliste auréolé de gloire et de champagne sparkling wine
(crédit photo : The Big Picture)

Lé Touwe dé Fwence ayant remisé ses vélos au clou depuis bientôt dix jours, force est de constater que nous avons perdu la bataille des Ardennes du Galibier et que nous jouons les lanternes rouges avec un entrain certain… Mais il nous était impossible de passer sous silence l’épatant engouement et la non moins surprenante passion (un tantinet chauvine) dont les Australiens font preuve quand il est question de la Grande Boucle. Nous dirons donc que nous ferons cette année office de voiture-balai (ou décréterons, sans mauvaise foi aucune, que tout ceci est la faute du décalage horaire) (comment ça, on a déjà vu excuse plus crédible ?).

Chacune des étapes a été retransmise en direct et pas sur une obscure chaîne de télévision perdue aux confins d’un non moins obscur bouquet satellitaire. Que nenni ! A Grande Boucle, grands moyens : voilà vingt ans maintenant que SBS rythme l’hiver australien de poursuites et d’échappées, de peloton et de voiture balai. L’intérêt grandissant pour le Tour de France a atteint des sommets, virant à la véritable folie lorsque Cadel Evans, d’ores et déjà légende vivante du cyclisme australien, s’est imposé comme l’un des favoris de l’épreuve. C’est alors toute une batterie de directs, d’analyses et de bonus en tout genre qui s’est abattue sur le spectateur tout acquis à la cause. Puis, Cadel Evans ayant raflé la mise, c’est maintenant une véritable nuée de flonflons, de  manifestations de joie, de superlatifs et de statistiques diverses qui a envahi l’Australie : pensez donc, 2011 voit pour la première fois un Aussie remporter le Tour !

Pas un morning tea ces dernières semaines où n’ait été évoquée une certaine fracture du coude lors du Tour 2010 et où n’ait été louée l’immense bravoure, que certains collègues quelque peu chauvins qualifient de typiquement australienne, du nouveau héros en cycliste ajusté. Pas une journée sans que les plus assidus ne racontent l’étape de la veille, décortiquant stratégies et coups de tonnerre. Certain collègue avouera même, fierté et  gêne mêlées revivre chacune des étapes de montagne en rentrant chez lui à vélo. Toutes proportions gardées, ceci dit : Barry Drive est à l’Alpe d’Huez ce que la dune du Pyla est à l’Everest…

La folie tourdefrancesque a-t’elle atteint les pénates lesgbiennes ? Nous sommes au regret d’avouer que non. C’est qu’il faudrait voir à ne pas pousser Mémé, son vélo et sa poêle à frire dans les orties : le Tour de France ne se regarde que quand juillet est caniculaire (autant dire qu’on risque d’attendre un moment) et encore, uniquement avec son Papounet. On ne plaisante pas avec ce genre de traditions, non mais !

Mais n’en déplaise aux traditions, il a tout de même fallu garder un œil sur les différentes étapes : chaque discussion à la tea room apportait son nouveau lot de prononciations hésitantes, offrant une très douce (et quelque peu mesquine) revanche à des Frenchies ravis de l’occasion. De quoi aborder, grâce aux Champs-Elysées, les subtilités des liaisons en cas de consonne finale. Mais surtout de quoi ricaner glousser glouglouter sourire aux drôles de mimiques interrogatives, aux cailloux qui roulent dans la bouche et aux étonnantes variations subies par « le maillot jaune » ou « Le Galibier »… Vivement l’année prochaine !