Le roo, c’est doux ! Episode #1

(Où il est question de boulotter Skippy)

Quiconque arpente les allées de Woolworths ou barbecute avec un tant soit peu d’ardeur se retrouvera fatalement un jour ou l’autre nez-à-nez avec des kanga banga* ou autres kangaroo fillets. Le quiconque sus cité froncera alors sans doute un sourcil, inclinera la tête de 30 degrés vers la gauche, croisera les bras et se pincera la lèvre inférieure entre le pouce et l’index, tout pétri d’interrogations. C’est que, oui, au fait, il vient d’où, mon kebab de kangourou ? Très bonne question, qui permet à LaGB de se caler bien confortablement dans son fauteuil et de chausser sans plus attendre ses lunettes de Maestro. Un toussotement léger de vieux sage (ou presque) et c’est parti…

Pas plus d’élevage de kangourous en Australie que de Vegemite dans nos sandwichs, la viande produite provient uniquement d’animaux sauvages. Quatre espèces de kangourous sur les 48 recensées sont autorisées à la chasse :
-le red kangaroo,
-le eastern grey kangaroo,
-le western grey kangaroo et
-le common wallaroo
ainsi que, pour la Tasmanie uniquement, deux espèces de wallabies :
-le Bennets wallaby et
-le pademelon.

La gestion du parc de kangourous, partagée entre le gouvernement fédéral et chacun des états australiens, est régie par le Environnment Protection and Biodiversity Conservation Act. Et doit parfois occasionner quelques migraines, au vu de sa complexité. Prenons, si vous le voulez bien, le cas des New South Wales : l’état est divisé en 15 zones distinctes, quatorze dans lesquelles l’abattage à but commercial est possible et une dernière zone « refuge », représentant près du tiers du territoire de l’état, où aucun abattage commercial ne peut avoir lieu, chacune desdites zones étant régulée selon tout un jeu subtil de poulies et d’engrenages quotas et de balances.

Chaque année, un recensement des populations de kangourous est effectué, par comptage (par avion, à basse altitude) puis extrapolation basée sur des outils statistiques élaborés à partir de trente ans de suivi précis des populations de macropodes. Le kangourou est de ce fait, avec l’homme, l’un des très rares animaux à pouvoir se vanter d’être annuellement scruté et recensé… Ces données de population, couplées à des prévisions climatiques à long terme permettent de déterminer des quotas d’abattage pour chacune des zones qui saucissonnent le territoire australien. Quotas qui ne dépendent pas de la demande des industries mais bel et bien uniquement de la fluctuation des populations d’une année sur l’autre.

L’exploitation de la ressource kangourou n’est en effet, finalement, que la conséquence d’une politique de régulation des populations sauvages. Car, au contraire de certains animaux endémiques qui ont eu à souffrir de l’arrivée des Européens (doux euphémisme, le thylacine vous le confirmera), les roo se sont bien vite multipliés comme des lapins, ce qui est, vous le reconnaitrez, quelque peu ballot pour des marsupiaux (pour l’anecdote, si les ressources sont suffisantes, une population de kangourous peut voir sa taille multipliée par quatre en l’espace d’un an. Comme des lapins, on vous disait !). La raison ? La multiplication des points d’eau, conséquence de l’application des méthodes européennes de culture. Et qui dit accroissement quasi-exponentiel de population, dit accroissement des dégâts, tant pour les cultures que pour les zones sauvages. D’où la mise en place, depuis une quarantaine d’années, d’une véritable politique de régulation, associée rapidement à une industrie qui emploie à l’heure actuelle plus de 4.000 personnes sur l’ensemble du territoire australien, principalement dans des zones rurales et/ou reculées.

Et c’est donc au tout début de cette chaîne, premiers acteurs de la filière kangourou, que les « collecteurs » entrent en scène. Mais ça, si vous le voulez bien, on en parlera demain. En attendant, tournée générale d’aspirine !

* kanga banga : saucisses australiennes à base de viande de kangourou.

7 thoughts on “Le roo, c’est doux ! Episode #1

    • lagrandeblonde Post author

      J’y pense, j’y pense, eleve Tuberc’ !
      (petit rire sadique et rictus qui fait peur)
      (frottement de mains et gniarc gniarc gniarc digne de Gargamel)
      (glissement de lunettes sur le bout du nez, ca fait tout de suite moins serieux… Encore rate !)

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  1. Cécile

    Moi qui était persuadée qu’il y avait des élevages, merci de cette précision ! Je ragrderais plus mon steack de kangourou de la même manière (d’ailleurs y’a qu’en Lorraine dans des restos cubaions et mexicains que j’en ai mangé)

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    • lagrandeblonde Post author

      De rien ! Je n’avais aucune idee sur le fonctionnement de cette filiere jusqu’a une discussion avec un collegue, ce qui m’a donnee l’idee de m’y pencher un peu plus.
      Je me souviens avoir mange pas mal de viande de kangourou a la Reunion (on en avait tres souvent au resto U) mais jamais en metropole, c’est vrai. Peut-etre que c’est encore un peu trop exotique pour etre consomme couramment ?

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    • lagrandeblonde Post author

      He bien, sans doute alors ! Dans ce cas, il va falloir emigrer en Tasmanie ;-) Chouette programme mais il faudra se mefier des collecteurs !

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