(Entre les deux, son petit cœur de mouton-greluche balance)

Il y a des signes qui ne trompent pas : Canberra fleurit à tout va, de mimosas en magnolias et d’amandiers en doigts de pied (au grand dam d’un LeGB qui reste décidément hermétique au bonheur des chaussures à fleurs. Thèse, en revanche, semble conquis). Un coup d’œil au calendrier plus tard, mais c’est bien sûr ! Le premier septembre est arrivé et avec lui, le printemps a officiellement débarqué ses roucoulades, ses poussées d’hormones en tout genre et son bourgeonnement chaotique. C’est qu’ici, point de changement de saison à l’équinoxe ou au solstice, non, messieurs-dames ! Ici, on change de saison en début de mois et nous passons donc au printemps le 1er septembre, à l’été le 1^er décembre, à l’automne le 1^er mars et à l’hiver le 1^er juin.

Rien que de très normal pour les Aussies, les Kiwis ou les Sud-Africains du cru… Mais une source de levers de sourcils et de haussements d’épaule de la part de tous les autres, pour qui un début de saison digne de ce nom ne peut avoir lieu qu’un 21. De quoi alimenter les conversations à la tea room : c’est tout un ensemble hétéroclite d’Argentins, d’Européens de tout poil en rangs serrés, d’Iraniens, de Chinois, d’Egyptiens et d’Indiens qui a tenté ce matin de trouver une explication à cet étrange phénomène. Quelques propositions loufoques ont fusé mais l’assemblée a bien vite émis l’hypothèse d’une simplification des calendriers au profit des météorologues. Scandale et tonnerre de Zeus ! C’est qu’en plus de nous pourrir nos week-ends avec du mauvais temps, ils nous perturbent dans nos repères et nos petites habitudes. Diantre, mais que fait Jacques Kessler ?

Ce matin, filtrant à travers les rires et les exclamations  de la réunion au sommet tenue autour des mugs de café, on entendait presque les feuilles s’extirper de leurs bourgeons, plop ! plop ! plop ! Comme autant de bouchons de champagne microscopiques cabriolant dans le petit matin frais pour fêter les beaux jours. Et il y a eu barbecue ce midi pour saluer ce nouvel arrivant qu’on a tant appelé de nos vœux. Après tout, au diable les varices boutades quant au choix des dates (l’Album de la Comtesse n’est pas passé loin), à bas les interrogations climatico-chauvines… L’essentiel est bien que nous tournions officiellement la page hivernale de cette année, non ?

Il y a donc eu barbecue car quoi de mieux qu’un repas sur le pouce pris en plein air et mêlant savamment odeurs d’oignons grillés, de kransky, de mimosa et d’eucalyptus pour fêter la fin de l’hiver ? Un repas sur le pouce pris en plein air mêlant toutes les odeurs ci-dessus et couronné par le gai pétillement des bulles d’une pinte de bière, peut-être… Parce que, tout de même, quitte à fêter le printemps, autant le faire comme il se doit. Et tant pis si pipettes et paillasses voient double l’après-midi !