Le jour où l’Australie s’arrête…

(Christophe Lemaire, un brin de French touch dans une Melbourne Cup)

Avec retard (les vapeurs de sparkling wine ne sont pas les meilleurs amis des neurones lagbiens, il faut bien l’avouer), voici donc venu le temps de causer Melbourne Cup…

Au fait, la Melbourne Cup, c’est quoi ? C’est… une excellente question course hippique dont les débuts datent de 1861 et qui, depuis 1875, se court, par tradition, le premier mardi de novembre. C’est un peu toute l’Australie qui s’arrête de respirer durant les trois minutes de course. Et qui, avant (et après) la course, se perd en festivités, en paris et en flonflons. A Melbourne, bien sûr, où la journée est déclarée fériée depuis 1865 mais aussi partout ailleurs : pique-niques, lunchs improvisés ou très organisés entre collègues, entre amis ou en famille se multiplient. Pour Melbourne Cup Day, c’est un peu, du point de vue australien, la Terre qui s’arrête de tourner. La Terre sur son 31, tout un chacun cassant l’armoire, les plus assidues se parant de chapeaux aussi biscornus que fascinants (NDLaGB : et fort peu pratiques pour se rendre en serre) (NDLeGB : en même temps, il y a sans doute plus de chapeauté(e)s que de visiteurs de serre) (certes. Mais quand même).

En ACT, le gouvernement a décidé en 2007 de faire de la Melbourne Cup un jour férié, sous le nom de Family and Community Day. Las ! tout un chacun y allant de sa complainte quant à la perte d’un véritable pilier du lien social (comment faire la fête avec les collègues si la journée est fériée ?), la décision a finalement été prise en 2009 de déplacer le Family and Community Day à octobre et de revenir à une Melbourne Cup non fériée non travaillée.

Et au fait, ça se passe comment, la Melbourne Cup à Canberra ? Hé bien, ça se passe tille de menthe dans la joie et le sparkling wine. Début des hostilités au morning tea avec l’ouverture des paris. Paris gérés de main de maître depuis au moins tout ça par G., qui trône derrière son betting-desk, encaissant les mises, notant scrupuleusement les paris en cours et veillant au grain sur ses petites enveloppes de gain, surveillant du coin de l’œil ceux qui se sentiraient pousser des ailes de tricheur. En effet, à la tea room, le seul pari qui ait droit de cité est le pari aléatoire sans remise (traumatisme hérité des cours de probabilités, c’est une certitude). Pas question de choisir son poulain, on pioche et on ne renâcle pas ! Chacun compare ses prises du jour et commente les chances de ses protégés.

L’heure du lunch est déjà là ? Tant pis pour les manips, elles attendront demain. C’est qu’on ne plaisante vraiment pas avec la Melbourne Cup ! Cinq courageux s’agitent autour de l’antique télé qui crachote des images tremblotantes puis s’éteint lamentablement. En désespoir de cause, on finit par désigner un volontaire d’office, chargé de tenir l’antenne orientée dans le sens du vent. Tous assis en rond dans une tea room qui ne voit de telle affluence qu’en ce jour bien précis, une assiette de poulet froid sur les genoux et un verre de jus de fruits aux pieds, c’est un festival de commentaires sur les chapeaux aperçus lors des reportages, des débats passionnés sur les chances de tel ou tel participant. Les paris sont maintenant fermés, tous les petits tickets soigneusement découpés ont trouvé preneurs. Chacun défend avec véhémence son favori (dont il faut vérifier quatre ou cinq fois le nom et le numéro sur son petit bout de papier), les plus chauvins décident de soutenir les chevaux de même nationalité qu’eux. Et on a sorti les lollies en attendant la course.

Plus de lollies ? Allons voir vers nos pipettes si nous y sommes. Un (très) petit tour à la paillasse plus tard, il est déjà presque trois heures. C’est la foule des grands jours à la tea room, les chaises ont été remisées dans un coin, les flûtes en plastique dépoussiérées et les bouteilles de sparkling sorties de la machine à glace. Un verre dans une main, ses paris dans l’autre, chacun attend avec impatience le début des 3200 mètres de course.

Le saviez-vous ?
La Melbourne Cup, en tant que noble vieille dame, se tasse un peu en vieillissant : de 3218 mètres pour sa première année en 1861, elle a été finalement décrétée être une course de 3200 mètres tout court en 1971.

C’est parti, les chevaux s’élancent, chacun retient son souffle. Les premiers encouragements fusent bien vite, d’aucuns se dressent sur la pointe des pieds pour mieux suivre leur poulain, d’autres trépignent, croisant les doigts, désignant du doigt leur protégé en criant « It’s mine, it’s mine, look ! ». Apres trois minutes d’intense concentration, la course se finit dans les cris de joie des parieurs chanceux, qui devront, pour leur peine, gratifier la tea room d’un gâteau au cours de la semaine et le léger plop plop des bulles de sparkling.

Cette année, la bataille fut rude entre les partisans du numéro 3, Dunaden et du numéro 12, Red Cadeaux. Les heureux propriétaires des paris correspondants ont vu leur lot suspendu au nez à une narine, une toute petite narine qui a finalement choisi de couronner Dunaden. Cocorico ! Cheval français, jockey français, de quoi pavoiser un peu, même sans avoir misé sur le bon cheval. Les lois des probabilités sont décidément impénétrables !

4 thoughts on “Le jour où l’Australie s’arrête…

  1. Juliette doesn't know

    L’ambiance au boulot a vraiment l’être chouette un jour de Melbourne Cup, j’ai hâte de vivre ça… ben l’année prochaine quoi! En attendant je me suis aussi bien prise au jeu et le temps s’arrête vraiment…. même en plein cœur de Sydney c’est une atmosphère vraiment spéciale.

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    • lagrandeblonde Post author

      C’est tres, tres sympa au boulot, tres bon enfant. J’avoue que j’aimerais bien aussi voir l’ambiance en grande ville. A Sydney, ca a l’air dingue, je n’ose meme pas imaginer a Melbourne ! Un jour, peut-etre…

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