Manque de pot(s)

(Canberra, le nouveau Las Vegas ?)

Il avait été question de cocooning, de siestes et de thés brûlants, de tartines et de mots croisés pour laisser s’émietter tout en douceur un week-end annoncé comme presque hivernal. Las, le soleil, ce grand dadais, en a décidé autrement, boutant tout par un coup les nuages hors du ciel et nous laissant fort dépourvus. Que faire si l’on ne peut pas se blottir sous la couette avec une pile de bons bouquins, de Tim-Tam et de films ? Quelques atermoiements et une brioche sacrifiée sur la terrasse et sur l’autel du petit-déjeuner plus tard, décision était prise, nous jouerions les Australiens du dimanche jusqu’au bout des ongles, direction Bunnings. Et tant pis pour les bouchons en cours de route ! Bouchons qui, d’ailleurs, ne peuvent en porter le nom qu’à Canberra, ne s’agissant tout au plus que de trois voitures devant la vôtre. De l’embouteillage d’opérette, en somme !

Il n’avait été question que de se ravitailler en pots et en terreau. Et de jeter un œil aux plantes. Mais aussi aux dernières nouveautés mises en rayon. Mais simplement jeter un œil, hein, on a suffisamment de végétaux de tout poil toute feuille à la maison comme ça. Et puis, le beau temps revenu aidant, nous sommes repartis les bras chargés de verdure en tous genres, d’étiquettes mignonettes, de pots charmants, de graines follement exotiques au nom imprononçable et qui ne germeront jamais, d’engrais furieusement révolutionnaire et de tas d’autres futilités rigoureusement indispensables. Tant et si bien que Kroket tirait un peu le capot des mauvais jours sur chemin du retour. Et nous aussi, finalement, une fois devant le fait accompli les escaliers. Les nouveaux voisins, tout juste installés et croisés alors que nous ahanions de concert en maudissant les fabricants de sacs de terreau, nous ont d’ailleurs demandé si nous étions nous aussi en plein déménagement. Les relations de voisinage commencent fort mal…

Une fois nos trésors bien installés dans le backyard et nos gosiers fort secs arrosés de frais, il a bien fallu se résoudre à jouer les jardiniers émérites. Etonnamment, les rôles se sont très vite répartis de façon fort équitable, l’un rempotant consciencieusement et l’autre râlant copieusement après ces ^%#&(*@ d’étiquettes à la %&^$~ ! qui s’accrochent toujours aussi sournoisement aux ongles, d’autant plus s’ils sont vernis de neuf. L’histoire ne précisera pas qui faisait quoi, on vous laisse deviner à loisir. De rempotage en farfouillage de sacs (accompagné d’un intense questionnement quant à la logique inhérente à tel ou tel achat) (avait-on vraiment besoin de craquer pour des graines de salsepareille à pois du Gabon  ou  pour des oignons de tulipes anthropophages de la Cordillère des Andes ?) et trimballage de pots tout de vert garnis, bien deux heures se sont écoulées et il faisait presque nuit lorsque, fourbus mais ravis (et crottés), décision fut prise de retrouver canapé et bière fraîchement tirée.

Presque oublieux de nos exploits jardiniers du jour (merci la bière le grand air), ce n’est qu’une fois l’appel de la couette retenti que nous avons remis le nez dehors, histoire de souhaiter une bonne nuit à nos six pieds de tomates, nos trois variétés de piments et nos deux basilics, leurs potes les deux thyms, la citronnelle, la verveine et les deux menthes, sans oublier les fraisiers et l’avalanche de plantes endémiques qui s’en donnent à cœur joie dans le backyard. Bien nous en a pris : les petites loupiotes de Noël, attrapées sur un coup de tête alors que nous passions à la caisse-et-que-décidément-non-on-n’en-a-vraiment-pas-besoin-mais-regarde-comme-elles-sont-mignonnes-quand-même-allez-hop-on-en-prend-quatre-c’est-pas-beaucoup-quatre-et-puis-ce-sera-super-joli-tu-verras, ont profité en douce du soleil de l’après-midi pour nous gratifier d’un délicieux spectacle surprise. Notre Obamania de poche, en somme ! De quoi nous garantir de longues soirées à regarder avec bonheur pousser les tomates. A condition que les nuages ne s’en mêlent pas à nouveau…

 

4 thoughts on “Manque de pot(s)

  1. La Ptite Lilie

    Waaaa, je kiffe la loupiote !!

    J’ai failli faire un arrêt pépinière aussi, grand bien m’en pris de ne pas le faire sans le marin… Je me suis rabattue sur un petit pot de basilic le priant d’éloigner insectes et moustiques qui me piquent !! Vilaines bêtes !

    Reply
    • lagrandeblonde Post author

      Elles sont kikinettes, hein, nos loupiotes !
      Pour les bestioles, artillerie lourde : Tupic et, si ca ne marche pas, napalm. Je ne donne pas cher de ta pelouse de terrasse mais au moins, fini les moustiques !

      Reply
  2. Juliette doesn't know

    Ah ah ah excellent ce petit tour à la jardinerie!!! Moi ça me fait encore tout drôle de lire qu’on plante ses tomates et autres plantes fin novembre. Les lumières de Noël valaient vraiment la peine, z’avez plus qu’à inviter les nouveaux voisins pour parfaire l’ambiance disco ;)

    Reply
    • lagrandeblonde Post author

      On est restes tres soft (pour l’instant) sur les decos de Noel mais les voisins (pas les memes) ont deja sorti la grosse etoile de cheminee clignotante et les cerfs a facettes. La soiree disco s’impose, en effet ^_^

      Reply

Répondre à Juliette doesn't know Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>