En attendant Harmony…

(Tin Can Bay, QLD, 10-09-2011)

Ils avaient semé des rideaux de pluie des heures durant, se répandant en trombes d’eau tout autour de Cranky qui fatiguait de l’essuie-glace. Et puis, alors que le crépuscule aiguisait sa palette, osant des aplats pourpres, rouge vif et mordoré, les nuages avaient fini par s’ébrouer pour aller voir plus loin sur l’océan s’ils y étaient. Certains s’enroulaient encore amoureusement autour des palmiers et la soirée tout entière s’écoulait au rythme chaloupé des averses. L’odeur de terre humide volait la vedette au barbecue qui fulminait dans son coin et se vengeait en tentant, sans succès, d’infliger quelques brûlures aux merveilleuses côtelettes marinées achetées le matin-même à la non moins fantastique boucherie de Canungra.

Le repas bien vite avalé, l’appel de la couette résonnait avec insistance et les quelques bribes de vaisselle qui nous attendaient nous semblaient soudain dotées d’une capacité à se multiplier qui aurait fait rougir le plus assidu des lapins. Le moscato dégusté avec gourmandise n’y était sans doute pas pour rien et il y avait comme un certain roulis sur le chemin du retour à notre vaillant château à roulettes. Sans même mentionner la légère brume qui prenait un malin plaisir à gommer contours  et arêtes. Qu’il faisait bon retrouver Morphée, blottis dans la couette, le toit grand ouvert sur le ciel si beau, si calme et sur la cime d’un flamboyant qui comptait les nuages en s’endormant, bercés par la comptine qu’entonnent les vagues après la pluie, cette comptine que les bulles picotantes du moscato aident si bien à surprendre…

Au petit matin, l’œil à peine entr’ouvert, il ne fallait pas oublier de saluer les derniers nuages qui filaient vers le large. Le flamboyant s’étirait longuement, berçant sa palme et nous saupoudrant de minuscules feuilles ovales et de branchettes. Les premiers lorikets babillaient déjà et le soleil semblait prêt à pointer le bout de son nez. Il n’en fallait pas plus pour renvoyer Morphée dans ses pénates et filer saluer le jour qui s’annonçait. Mystique et Harmony, les deux dauphins vedettes de Tin Can Bay seraient bientôt en bord de jetée, attendant poissons et mots doux. Mais d’ici là, Tin Can Bay nous appartenait, tout emmitouflée de sommeil. La marée étouffait un bâillement et les grains de sable s’éveillaient un peu froissés. Cormorans et palétuviers se frottaient les yeux de concert et la rosée s’accrochait à nos orteils comme la paisible rumeur du petit matin s’accrochait à nos oreilles. Et l’on en venait presque à espérer qu’Harmony et Mystique auraient envie de flâner en cours de route, afin de pouvoir prolonger quelques instants encore la douceur de ce petit matin à peine éclos.

2 thoughts on “En attendant Harmony…

  1. Juliette doesn't know

    C’est génialement raconté encore une fois! Les brûlures de côtelettes me font me lécher les babines. Dis donc vous en avez fait du chemin, moi qui me disais ‘oh j’irai bien tiens’, ce sera pour un trip vers Brisbane alors :)

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    • lagrandeblonde Post author

      Merci, m’dame, c’est fort gentil !
      On y est passes (sur les conseils de la Tribu) lors de nos vacances en septembre, c’etait tout bonnement magnifique. Et oui, c’est bien dommage que ce soit si loin et qu’on ne puisse pas y filer sur un coup de tete pour le week-end. On y serait fort souvent !

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