(William Creek, South Australia, 27-12-2011)

A William Creek, si on manque souvent d’eau, on ne manque pas d’idées, ni même d’amis, en particulier lorsqu’il s’agit de décorer les murs de l’hôtel-bar-restaurant-station service-relais postal-pub-garage-liquor shop-succursale de l’IGN-musée-office de tourisme-tour de contrôle-hôpital de fortune-salon de thé. Et c’est ainsi qu’on peut passer des heures à jouer les presqu’archéologues sur tôle ondulée, épluchant sans relâche les strates plus ou moins ordonnées accumulées depuis approximativement très longtemps au moins*, mêlant joyeusement cartes d’étudiants, de visite, d’identité ou du monde, petits mots griffonnés sur un coin de serviette ou du journal, plaques d’immatriculation, étiquettes de bouteilles, permis internationaux et passeports, chapeaux et chaussures, photos, recettes de cuisine, filets à mouches (inconscients !), quelques chaussettes semées de-ci de-là, mouchoirs, patchworks, numéros de téléphone et bâtons de marche. Le tout en anglais, allemand, français, mandarin, grec, arabe, espagnol et russe.

Et puis, si l’on veut, on peut laisser sa patte et trace de son passage aux générations à venir dans ce drôle d’endroit perdu bien, bien loin de tout. Pour ce faire, on fouille, farfouille et trifouille dans son sac, on tourne et retourne ses poches afin de tomber sur le morceau de papier de rien qui fera l’affaire, en l’occurrence, un certificat de scolarité traîné de portefeuille en sac à dos depuis pfiou ! au moins tout ça. Une fois le fameux papillon trouvé, il faut solliciter le dernier neurone ayant survécu aux assauts du thermomètre pour parapher la merveille. Ensuite ? Ensuite, il faut choisir scrupuleusement l’endroit qui accueillera ladite trace de passage. Chose loin d’être facile au vu des couches successives empilées en équilibre précaire. Enfin, il ne reste plus qu’à faire marcher l’agrafeuse en prenant garde à ses doigts, sous le regard plein d’amour de Pig, le chien-mascotte du lieu. Car oui, à William Creek, on ne manque pas d’idées, sauf peut-être quand il s’agit de choisir des prénoms pour les animaux de compagnie…

* ou, si l’on veut être un tantinet plus scientifique, près d’un siècle et demi, le pub ayant ouvert ses portes vers 1886. Hé oui ! Quand même.