Timber !
(Bon, Ginette*, aujourd’hui, c’est à ton tour de tomber sans crier gare, OK ?)
On a beau être prévenus dès l’arrivée down under, il y a des coutumes locales qui ne lassent pas de surprendre. Qui, il faut même bien l’avouer, ne peuvent décidément pas vous laisser de marbre bois. De ces coutumes qui pourraient presque transformer une balade mi-idyllique mi-poétique sous les arbres en cauchemar pour claustrophobe contrarié. C’est que, figurez-vous, l’eucalyptus est partageur. Mais aussi farceur. Et quoi de plus drôle que de laisser tomber une branche comme ça, pof ! sans crier gare, sans même se fendre l’écorce d’une mise en garde, toute minuscule soit-elle ? Voitures et badauds passant par chance à proximité immédiate du boute en train vous le confirmeront, c’est à finir plié en deux de rire. D’autant plus que le vaillant blagueur a souvent le comique de répétition très prononcé…
Dernière vérification en date de l’humour si injustement mésestimé de nos chers gum trees ? Pas plus tard que ce midi. Une tablée affamée à la tea room, des conversations qui bourdonnent en sourdine, des grilles de sudoku ou de mots croisés qui se noircissent et se raturent, des tasses de café qui s’égarent en volutes. Et puis un immense crac ! suivi de haussements de sourcils et de sursauts affolés (le meilleur moyen de différencier les vieux briscards qui en ont vu d’autres tomber des jeunes padawans trop fraîchement débarqués pour jouer avec conviction les blasés de l’eucalyptus). Un rapide coup d’œil de confirmation jeté à la fenêtre et chacun replonge qui dans sa gamelle, qui dans sa quête de la place adéquate pour ce satané 9 qui ne veut décidément pas rentrer dans la grille.
Fin de l’épisode ? Pas tout à fait. Quelques minutes plus tard, alors que tout un chacun est à nouveau plus qu’absorbé dans ses occupations postprandiales, M. arrive à la tea room, mi-riant mi-tremblant et lance à la cantonade : « Ah tiens ! la météo avait raison, le temps se réchauffe enfin, parole de gum tree… ». Aux regards étonnés ou blasés, il explique alors qu’il était aux toutes premières loges, étant passe sous ladite branche à peine quelques secondes avant qu’elle ne fasse sécession… Décoiffant ! De quoi inciter tout un chacun à faire quelques larges légers détours pour éviter tout ce qui porte branche et serait donc potentiellement tenté de lutter contre la chaleur par un effeuillage sauvage. Et inciter également certains à aller aussi sec déplacer leur voiture imprudemment garée à l’ombre brusquement plus si rassurante d’un terrifiant majestueux gum tree…
* c’est un fait relativement méconnu, les branches d’eucalyptus sont toutes affublées de prénoms en G. C’est donc une avalanche de Ginette, Georgette, Gilbertine, Gustelle et autres Gasparine qui peut à tout moment vous tomber sur le coin du nez. Scary, isn’t it?
Un prénom en G ? Non vraiment je ne vois pas
Gastounette, peut-etre ?
Oh bah si c’est pour me prendre un Gérard dans la tête, pas sûre que j’aille les admirer dis donc …
Je t’avoue que quand j’ai vu le titre, je me suis dit que tu nous avais fait un article sur les timber, tu sais les compétitions de bucherons.. Je ne peux l’expliquer mais je suis ultra fan et quand j’ai l’occassion d’en voir, je peux devenir hystérique.
J’ai toujours une chemise à carreaux sous le coude, juste au cas où
La chemise de bucheron, si c’est une vraie, peut faire office de pare-branche… Ca vaut le coup de l’emmener, on ne sait effectivement jamais quand on va tomber sur un troupeau de bucherons en goguette…
Gaufrette…ça marche aussi?
On apprends tous les jours avec vous…c’est cool…moins cool d’en prendre une sur le coin de la figure…mais je serai avisée now!
Gaufrette, c’est pour les branches qui croustillent… Mais oui, ca marche ! Et Galette, c’est pour celui qui etait en-dessous, evidemment
Effectivement, il vaut mieux le savoir parce que sinon, on ne se méfierait pas forcément de Galipette !