(Searching for the thrill of it, thrill of it)

Enfer, malheur et toasts au beurre ! Nos voisins les Kiwis sont sur le point de vivre l’un des plus grands drames de leur existence. Marmageddon se rapproche dangereusement, les prévisions les plus pessimistes envisagent un impact plus qu’imminent. Oubliez les menaces mayas pour fin 2012, Marmageddon, c’est pour demain. Ou après-demain. Ou dans quelques semaines. Ne chipotons pas.

Mais c’est quoi, Marmageddon ? vous demandez-vous, le sourcil froncé et l’œil inquiet, presque prêts à vous dégoter un Bruce Willis de poche et à ressortir votre vieux CD d’Aerosmith tout poussiéreux (le CD, pas l’Aerosmith, hein. Quoique…) parce que you don’t want to miss a thing. Rassurez-vous, rien de très grave. Enfin, rien de très grave pour qui n’a pas grandi au biberon de Marmite, un équivalent kiwi de la sacrosainte Vegemite australienne. Car le Marmageddon, c’est tout simplement une pénurie annoncée de résidu de fond de chaudron de bière (de Marmite, quoi) chez nos voisins les habitants du pays au long nuage blanc.

Le pourquoi de ce Marmageddon ? La seule et unique usine de Marmite version kiwi (la Marmite néo-zélandaise n’a pas le même goût que sa consœur british, tenez-vous le pour dit) est située à Christchurch et a fort mal résisté au séisme de février 2011. Tant et si bien que décision a été prise en novembre dernier de fermer l’usine pour quelques mois, le temps de procéder aux travaux nécessaires. Las ! en début de semaine dernière, il a bien fallu se rendre à l’évidence, l’on commençait à racler les fonds de la Marmite. Branle-bas de combat, mobilisation tous azimuts, sus à la pénurie ! Depuis près d’une semaine, l’on ne parle plus que de ça, l’on louche parfois honteusement, sans vraiment l’avouer, sur la Vegemite (les Aussies vous le diront, rien ne vaut la Vegemite. Mais les Kiwis rétorqueront aussi sec que, nenni, ma foi ! il n’y a que Marmite qui m’aille !) (ils ne se mettront jamais d’accord, semble t’il) (et on va pas chercher à les départager, l’abnégation, ça a du bon mais ça a aussi ses limites) (il faut savoir raison garder) (on parle de Vegemite et équivalents, là, tout de même) (ceci signe la fin d’un troupeau de parenthèses) (ah non, voilà un retardaire).

L’on conseille à tous d’adopter un tartinage moins généreux, l’on parle de rationner les achats de pots de Marmite en supermarché. L’on redécouvre, émerveillés, quelques stocks oubliés dans des commerces fermés. Et l’on trouve même, parait-il, des enchères Ebay proposant un pot de Marmite au prix d’un kilo et des poussières de caviar d’Aquitaine… Le Premier Ministre, John Key, a lui-même annoncé qu’il restreignait sa consommation. Le pays tout entier est sur les dents…

En Nouvelle-Zélande, on n’a peut-être (presque) plus de Marmite mais on a de l’humour. L’on se propose de se lancer dans la production de home-made Marmite (ce qui implique de mettre la main sur des résidus de cuves de brasseries, pas si simple) (mais impossible n’est pas kiwi) ou l’on détourne des affiches de films pour passer le temps en attendant le prochain Marmite toast. Retour prévu de la Marmite sur les écrans et surtout dans les bacs aux environs de juillet. Tremble, Marmageddon, Marmite vaincra !

Pour en savoir plus sur Marmageddon…
-un article de The Australian
-un article du Guardian et un autre de USA Today
-un reportage d’ABC
-une vidéo proposée sur le site du Canberra Times
-et aussi et surtout, Marie-Laure, envoyée spéciale chez les Kiwis, découvreuse des fabuleuses affiches de films détournées. On attend les prochains développements avec impatience. Et le test officiel de la Marmite nouvelle génération dès le retour des premiers stocks, bien sûr…