Le goût des madeleines

(Surtout, pas un bruit ! La madeleine est peureuse, on ne le dira jamais assez)

Un dimanche qui se voulait vadrouille et qui, faute de réveil suffisamment bruyant, est devenue cocon douillet. De la lecture, des coups d’œil aux magpies adolescents qui quittent le nid et se perchent, transis de peur mais fiers comme des bar-tabacs sur les échafaudages du chantier voisin, quelques litres de thé et un peu de chocolat. Dans l’après-midi, alors que LeGB écume les fire tracks du Mount Ainslie en vélo et en soufflant comme une otarie sous amphétamines, une soudaine envie de madeleines.

Un farfouillis plus tard, hop ! voilà la recette. C’est qu’elle se cachait bien, la bougresse. Il ne reste plus qu’à sortir les ingrédients. Et soudain, c’est comme si la cuisine retrouvait des airs d’enfance, il y a comme une odeur de foin juste coupé, comme un pépiement de grillons. Et des bergeronnettes qui pépient à qui mieux mieux. Surtout, il résonne comme un écho de petit-déjeuner d’été, comme un air de goûters improvisés. Tant et si bien qu’on se surprend à chercher du regard la poubelle à pédale, intronisée il y a bien longtemps marchepied et tabouret officiels par deux petites paires de jambes encore alors un peu trop courtes pour offrir une vue imprenable sur le plan de travail.

En tendant l’oreille, on peut surprendre des rires et des conseils qui sentent bon la cuisine partagée entre grandes mains expertes et petites mains maladroites qui finiront poisseuses jusqu’aux oreilles, de la farine jusque dans les sourcils. Mais qui, surtout, finiront ravies et particulièrement fières, aussi fières sans doute que les magpies nouveaux envolés.

On casse les œufs dans le saladier et on évite les coquilles, c’est pas très bon, les coquilles d’œuf sous la dent… Tiens, regarde, il y en a une là.
Non, pas avec les doigts ! C’est plus simple avec une cuillère, la chasse à la coquille d’œuf. Tu vois ?
Surtout, attention aux grumeaux, mélange bien la farine avec le sucre et les œufs. Voilà, comme ça, c’est bien !
Et on verse le beurre fondu. Attention, c’est chaud !
On fait bien attention à ses doigts en râpant le zeste de citron, surtout. Pas de zeste de doigt, ça ne serait pas très bon, tu ne crois pas ?
Ca y est, c’est prêt ! Dans vingt minutes, on met à cuire. Tu veux goûter la pâte ?
Hé bien ! on pourrait presque ranger le saladier dans le placard sans avoir besoin de le laver… C’est bon, la pâte à madeleines, hein !
Hop ! C’est enfourné ! Tu règles le minuteur pour dans dix minutes, ma grande ?
Surtout, il ne faut pas oublier de faire refroidir les moules entre deux fournées. C’est le secret des bonnes madeleines à jolie bosse. C’est ta grand’mère qui me l’a appris.
Alors, elles sont belles, nos madeleines ?

La maison embaume le citron et les souvenirs qui bullent tranquillement. Il suffit de croquer dans une madeleine encore tiède, juste sortie du four pour se blottir dans ces jolis soupirs d’avant qui mêlent joyeusement des bouquets de fleurs des champs et des sauts à pieds joints dans le ruisseau, des heures de lecture grimpée dans un vieux pommier aux fruits plus faits de vers que de chair, des courses folles dans les prés et des chasses aux grenouilles, des balades dans les bois à la recherche (infructueuse) du dahut, des longues soirées sous la tonnelle et des cartes postales écrites en tirant un peu la langue et en bayant aux corneilles.
Oh, oui, elles sont belles, nos madeleines…

Pour 24 petits bouts d’enfance qui fleurent bon le citron, il vous faudra :

-175 grammes de sucre,
-4 œufs,
-225 grammes de farine à levure incorporée (ou un sachet de levure chimique),
-100 grammes de beurre fondu,
-le zeste d’un citron

Et il vous suffira de mélanger le sucre et les œufs, d’ajouter la farine puis le beurre fondu et les zestes de citron. Il n’y aura plus alors qu’à remplir 24 moules à madeleines (ou à mini-muffins, ne soyons pas sectaires) et à attendre une petite vingtaine de minutes avant d’enfourner vos petits gâteaux  pour dix minutes de cuisson a 240 degrés. Ensuite ? Hé bien ensuite, il n’y a plus qu’à préparer un thé ou un chocolat chaud et à savourer vos madeleines chéries à petites bouchées ravies.

14 thoughts on “Le goût des madeleines

    • lagrandeblonde Post author

      Ben c’est qu’on n’en trouve pas, des moules a madeleines ici… Alors, faute de grives madeleines, on mange des merles muffins ;-)

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  1. anne

    Slurp …
    A l’autre bout du monde, le temps est magnifique, parfait pour un tour sur le bassin … sauf que les yeux s’ouvrent à 10 heures passée, et que la sieste arrive au galop … 15h30 quoi faire?
    Slurp … elle a l’air bien ta recette en plus

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    • lagrandeblonde Post author

      Le bassin peut attendre, pas la sieste ! Ni les madeleines, d’ailleurs… On ne fait jamais attendre une envie de madeleines !

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  2. anne

    c’est à tomber … elle me rappelle la recette des cuillères que l’on utilisait pour faire les charlottes!
    Merci merci

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    • lagrandeblonde Post author

      Bonne idee, le cheesecake ! Ca fait des lustres que je veux en faire, il va vraiment falloir que je me lance. Dimanche prochain ?

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