Où il est (presque) question de perce-oreille

(Assortir son vernis et sa perruche, quelle classe, tout de même !)

Green Patch Beach, un dimanche en début d’après-midi. Une petite pluie fine qui crépite sur les feuilles d’eucalyptus. Un barbecue qui va bon train, des conversations qui en font de même. Une puis deux rosellas qui viennent pépier gaiement à quelques centimètres des sacs à dos. Ca se promène l’air de rien, le bec haut levé, l’œil aux aguets et la plume guillerette, le sifflement innocent. Et c’est craquant. Tellement craquant qu’au diable les varices l’interdiction de nourrir les animaux du parc national, il faudrait voir à ne pas laisser ces pauvres volatiles affamés avec juste la peau sur les os, tout de même ! Un petit bout de pain tenu à bout de doigt plus tard, c’est toute une armada de plumes arc-en-ciel qui envahit le kiosque à pique-nique, mariant lorikets, rosellas et king parrots. Ca se chamaille, ça gonfle les plumes, ça se pose en bandes qui sur un bras, qui sur un crâne et puis ça grignote allégrement. Ca sifflote aussi, ça se vole dans les plumes et puis ça réclame à petits coups de bec. Ca fait glousser de joie les pique-niqueurs du dimanche et ça fait des tas de photos rigolotes.

(il s’agissait donc bien de la réponse E)

Ca fait aussi office de diversion pour le kookaburra qui s’était perché mine de rien sur une branche toute proche. Un coup d’aile, hop ! un atterrissage minute juste en bord de barbecue, une saucisse vivement attrapée d’un vif mouvement de bec et le voilà déjà reparti et bien vite installé sur un rondin qui trainait par là. Deux violents coups assenés à la pauvre saucisse qui n’en demandait pas tant et paf ! voilà un délicieux casse-croûte à partager avec les copains qui ont rappliqué dare-dare. Le tout sous le regard médusé d’une bande d’humains qui a la très légère impression de s’être faits avoir comme des bleus… Et qui soupçonnerait presque un complot piafesque de grande ampleur mêlant mignonnes perruches et kookaburras goulus. Pour le coup, fin de la distribution de morceaux de pain, retour aux fondamentaux : on surveille les saucisses restantes comme lait sur le feu et on fusille du regard la brochette de kookaburras goguenards qui passent le temps en s’aiguisant le bec et en gloussant à n’en plus finir, les fourbes.

Quelques longues minutes plus tard (décidément, le smoky chorizo n’est pas des plus rapides quand il s’agit de se laisser cuire…), il est enfin temps de casser la croûte. Les kookaburras sont partis, seules deux rosellas trainent encore leurs guêtres et leurs plumes tout en bord de kiosque. L’une d’elle, un peu plus téméraire que les autres, se perche soudain sur l’avant-bras d’un LeGB forcément plus que ravi. Elle gazouille et remonte tout doucement jusqu’à l’épaule, hoche la tête, fait encore quelques pas, incline le bec et continue à babiller, louchant vers le sandwich dont LeGB ne partagera pas une miette (elle ne sait pas à qui elle a affaire. C’est que LeGB ne plaisante jamais avec les repas-casse-croûte-goûter-encas-grignotis. Non mais !). Encore quelques petits sautillements et la voilà à l’épaule. Tout content, LeGB en commencerait presque à gazouiller aussi. Sifflotant toujours, hop ! elle se promène le long de la nuque et prend possession de la deuxième épaule. Elle approche sa petite tête de l’oreille qui passe tout près. Elle hoche un peu du bec, pépie tendrement et puis, sans crier gare ni sans autre forme de procès, paf ! elle croque à pleines dents* dans ladite pauvre et innocente oreille sans défense.
Tiens, prends ça dans les dents l’oreille, espèce d’égoïste ! Ca t’apprendra à ne pas partager ton sandwich !
LeGB glapit de surprise (et puis un peu de douleur aussi) tandis que LaGB pleure de rire… La rosella s’accroche un peu et puis, déçue par le goût pas si sympathique que ça du cartilage auriculaire, finit par filer vers de plus vertes contrées. Une rapide vérification plus tard, l’oreille est toujours là, certes un peu rouge mais pas plus abimée que ça. Un pansement, un bisou et hop ! nous voilà repartis. Ne reste maintenant plus qu’à surveiller que LeGB ne se transforme pas progressivement en perruche anthropophage… C’est qu’on ne sait jamais !

*cela a beau défier toutes les descriptions de systématique, LeGB est formel, la rosella a des dents. Pointues, des vraies petites lames de rasoir. Il semblerait même que ces horribles bestioles tiennent plus du vampire qu’autre chose (Darwin fait des triples sauts périlleux arrière dans sa tombe mais il n’a jamais été mordu par une rosella en furie, lui).

6 thoughts on “Où il est (presque) question de perce-oreille

  1. petit'ann

    Passage rapide, pas le temps de lire tout de suite, mais juste sur la photo: trop la classe Ô grand Maître en Grelucherie!

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    • lagrandeblonde Post author

      N’est-ce pas ! Et attends un peu de voir mes toutes dernieres acquisitions verniesques… ;-)

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  2. Ampelopse

    Pauvre LeGB…il lui arrive que des malheurs! (J’ai un souvenir épique de ses péripéties avec un serpent-fourmi-rouge-bestiole-atroce-et-vorace qui l’avait vraiment contaminé…enfin grace a cette bestiole et au récit de ces aventures, je suis devenue une fan de votre blog!!!)
    Et pour le kookaburra…je saivais bien qu’il y avait saucisse sous roche!

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    • lagrandeblonde Post author

      Pauvre LeGB qui n’a meme pas eu droit au moindre fifrelin de compassion, trop occupes que nous etions tous a ricaner de concert…
      Saucisse sous roche, j’aime beaucoup !

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  3. La Ptite Lilie

    Un pti passage rapide après une looooooooongue absence et je rédécouvre avec joie mes ptis zoisiaux tout plein de couleurs!!

    Promis, demain, je récupère mon retard !! Des bises au GB, je compatis … si c’est vrai, mais d’abord j’ai bien ri :D

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