Plein la feuille…

(C’est encore loin, le bilinguisme ?)

Il ne fait pas toujours bon traduire littéralement les expressions françaises en anglais (et vis-versa). Parfois, c’est même très mauvais pour l’égo (mais excellent pour le bon fonctionnement des zygomatiques, certes).

A la tea room (oui, encore. C’est un peu le point central de toute vie de labo, la tea room), au lendemain d’un diner rassemblant Zebigboss et moult de ses collègues grands chefs. Dîner auquel vous êtes allée en bus et en traînant les pieds parce que les mondanités, bof ! Dîner que vous racontez donc aux chanceux collègues qui n’avaient besoin d’aller y faire figuration.

Vous voilà partie dans une grande description de la tablée, les Zebigboss comme s’il en pleuvait, votre envie de vous carapater à toute berzingue et puis votre difficulté croissante à participer aux conversations auxquelles vous ne pigez parfois que pouic. C’est qu’un Zebigboss, même en diner mondain, ça cause travail et stratégies à long terme alors même que vous mourez d’envie de papoter vacances à venir et vernis à ongles avec votre voisine de table. Sauf que, diantre ! il s’agirait de ne pas paraitre (trop) futile… Vous essayez donc de lancer quelques sujets de conversations un tantinet plus sérieux, sujets qui s’étiolent les uns après les autres. C’est que, non, décidément, pendant un dîner, vous n’avez guère envie de débattre des avantages comparés des dernières machines en démonstration au labo, vous avez bien assez de toute la journée pour le faire. Bien vite, vous vous contentez donc d’écouter les joutes zebigbossiennes, en sirotant du riesling produit à Canberra et en espérant silencieusement que le diner ne s’éternise pas trop. Parce que le mélange riesling et conversations diablement sérieuses ne fait pas tout à fait bon ménage avec vos neurones.

Vous concluez votre récit de soirée en expliquant que vous avez tout de même eu, par moments, l’impression de jouer les plantes vertes. Plante verte que, dans l’enthousiasme de la discussion, vous traduisez par « green plant in pot », forcément. Il n’en faut pas plus à l’un de vos collègues pour éclater de rire et vous signifier, goguenard, que tout de même, à trente ans, il faudrait plutôt parler de « yellowish plant in pot », provoquant l’hilarité de toute la tea room. Et la vôtre par la même occasion, même si vous prétendez être vexée comme un pou. M’enfin, pour le coup, de retour à la maison, vous vous lancerez tout de même dans une grande et toute nouvelle opération « apprenons donc quelques expressions anglaises supplémentaires afin d’éviter les écueils de la traduction mot à mot ».

9 thoughts on “Plein la feuille…

  1. Sophiefromthetrain

    Comment ça la traduction des expressions c’est pas fingers in the noze pour toi ?
    En tout cas après cette lecture, on comprends mieux les maux de tête exprimés chez Blonde Paresseuse ;)

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  2. Sev

    aaaahh les expressions!!! Ici j’ai beau expliqué au chéri que non, les anglais n’ont pas pris nos expressions pour les traduire mais qu’ils ont les leurs propres (que souvent je ne connais pas) il ne comprend pas, il me demande même pourquoi ils ont choisi celles-ci (mais j’en sais rien moi, j’ai déjà assez de mal à en retenir certaines)
    M’enfin, il continue comme ça de penser que je suis fully bilingual, alors je n’insiste pas trop

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  3. Maathiildee

    Ah ah ! très bonne histoire ! :)
    Manu, chercheur de son état également, lors d’une soirée entre amis – heureusement : il se lance dans une discussion sérieuse où il est question de « engine », prononcer à sa façon, ça sonne « engina », et on entend vraiment « vagina ». Après 3 ou 4 répétitions du mot, la table éclate de rire…

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    • lagrandeblonde Post author

      A nos debuts ici, en pleine reunion, stressee que j’etais, ma langue a fourche et un ‘hard job’ est devenu un… ‘hand job’. J’en ai entendu parler pendant des lustres… Et maintenant, je ne parle que de hard work ou de difficult job, c’est moins risque !

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  4. Ampelopse

    C’est vrai que les idiomatiques anglaises c’est hard a maitriser pour nous les francophones…et à moins de commettre un crime de l’aise Majesté, ya pas de quoi « shave the walls »!
    J’imagine pas les anglais traduire: « ça craint du boudin », ou « être à cheval sur les principes »!!!Remarque, ce serait trop drôle!

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