(Mais qu’est-ce que ça peut faire
Comme bruit un kangourou ?)

Il y a quelque temps de cela, une interrogation madamepatatesque a lancé le Chercheur d’Oz, aventurier intrépide s’il en est (sauf lorsqu’il est question de rosellas) (à chacun son point faible) dans une quête effrénée, semée d’embûches et de rebondissements, menée tambour battant au péril de ses arpions couverts d’ampoules et de ses mollets farcis de courbatures. Cette quête, quelle était t’elle ? (Ceci est une bouteille de lait phrase à répéter dix fois de suite en retenant son souffle).

­Ta ta tan !
Roulement de tambours, trompettes et cent balles cymbales

Le Chercheur d’Oz, sans peur et sans reproche (sauf lorsqu’il laisse traîner ses chaussettes) (là, pour le coup, il entend chanter Manon LaGB) (LaGB qui, souvenez-vous, laisse traîner ses chaussures mais c’est pas pareil) (évidemment), le Chercheur d’Oz, disais-je, s’est donc lancé à la chasse au cri du kangourou. Il a roulé sa bosse de paddock en sous-bois et de bush en plaines désertiques, courage en bandoulière et micro à la main. Il a affronté les petits matins brumeux, les longues après-midis brûlantes de chaleur, les averses soudaines, il a défié des mobs entières, risquant le bon ordre de son dentier à passer trop près de mâles forcément susceptibles, galopé après des hordes de kangourous montés sur ressorts, guetté le roo solitaire à la pleine lune (sait-on jamais…).

Bref, le Chercheur d’Oz a passé un sacré moment à courir comme un cheval sauvage après son destin derrière de facétieux marsupiaux bien peu décidés à se laisser interviewer. Oh ! de temps à autre, un macropode plus compatissant que les autres s’arrêtait bien le temps d’une question, mâchouillant pensivement un brin d’herbe, les oreilles vibrantes d’attention. Et il fallait alors voir le Chercheur d’Oz, essoufflé, rouge coquelicot, pantelant mais ravi, tendre son micro et s’enquérir d’un ton docte « Alors, dites-nous tout, cher ami… Qu’est-ce que ça fait donc comme bruit, un kangourou ? Ça peut pas faire cui-cui, ça peut pas faire miaou. Personne ne sait vraiment quel est le bruit qu’il fait. Allez, quoi, dites-nous tout, m’sieur le gentil roo ! ». Las, le kangourou n’est guère bavard et à peine le casse-croûte avalé, hop ! hop ! hop ! le revoilà déjà parti cabrioler dans la prairie, non sans avoir au préalable gratifié l’infortuné journaliste en herbe d’un petit tsss, tsss, tsss de bon aloi. Un petit tsss, tsss, tsss à la Skippy, les oreilles frémissantes et l’œil qui frise.

De guerre lasse, les pieds transformés en gyrophare et le sourire à la Rocky, le Chercheur d’Oz pensa, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus. Et alla crier famine chez le Google son copain, le priant de lui prêter quelques connaissances jusqu’à la prochaine chasse au marsupial. « Je vous citerai, lui dit-il, avant l’article, foi de Chercheur, lien et remerciement ». Le Google est très prêteur, c’est là son moindre défaut. « Vous cherchiez ? lui dit-il, j’en suis fort aise. Hé bien ! apprenez maintenant. »

Et c’est ainsi que les orteils en éventail et le sourire à nouveau droit, le Chercheur d’Oz apprit le fin mot de l’histoire : le kangourou, ne vous déplaise, n’est pas muet et ne cui-cuite ni ne miaoute. Non, le kangourou tssstssste, tut-tut-te, grogne, souffle parfois et puis cliquète aussi. Mais uniquement quand on ne le voit pas. C’est que le kangourou est rudement timide et n’aime décidément pas prendre la parole en public…