We could dance under the moonlight

(Walk and marvel all through the night)
(Namburg NP, WA, 03-07-2012)

Plus très loin de Cervantes. Le soleil galope rayons à terre en direction de l’ouest et de l’océan Indien. Océan Indien qu’il est très doux de retrouver mais océan qu’il est bien étrange de contempler à sa gauche…. Le camper-van, d’ores et déjà affublé du fort mérité surnom de G[r]o-Kombi, traîne le pneu et boit sans soif. Les premiers kangourous du soir gambadent gaiement sur le bord de la highway et l’on guette avec impatience les émeus et les échidnés qui, si l’on en croit les panneaux, devraient surgir à tout moment par régiments entiers. Le moindre grass tree prend des allures de volatile géant et puis on commence à piaffer un peu : les Pinnacles ne sont pas loin et les stromatolithes du lac Thetis non plus… M’enfin, plus très loin, plus très loin, c’est vite dit au pas de tortue sénatrice, rhumatisante, neurasthénique et balbutiante auquel nous nous traînons lamentablement. LaGB bouillerait presque (on la soupçonne parfois fortement d’être une réincarnation de cocotte-minute), c’est qu’il faudrait voir à ne pas rater le coucher de soleil sur le désert, hein. Les concrétions calcaires n’attendent pas, non mais !

Quelques tours et détours dans Cervantes plus tard (la ville –de 500 habitants- est grande comme un mouchoir de poche plié en quatre et n’a que deux rues mais parole de copilote en bois émérite, on peut s’y perdre) (sous les ricanements d’un LeGB qui a dû, lui, être saumon de Norvège dans une vie antérieure pour avoir un sens de l’orientation aussi efficace sans effort) (la vie n’est qu’injustice), quelques tours et détours, donc et un emplacement de camping de réservé, il est temps de filer à toute berzingue ramper poussivement jusqu’à Namburg NP, terre des Pinnacles. Le soleil a enfilé son maillot de bains, il a déjà un orteil ou deux dans l’océan, vite, vite !

Enfin, le parc national ! Il n’y a qu’une ou deux voitures, le soleil qui hésite un peu à plonger pour de bon (c’est que l’eau est froide, mine de rien) et la Lune qui se lève, s’étire et rosit. Et puis aussi ces drôles de colonnes, ces couronnes étranges, ces piliers majestueux et si fragiles, sculptés par le vent, l’eau et les années. Quelques pas sur le sable qui crisse doucement sous les semelles, le vent sifflote dans les buissons, les rochers s’installent pour dormir, bercés par la Lune. Le soleil s’est enfin décidé à aller voir ailleurs s’il y brille, les étoiles sortent de leur torpeur. Quelques oiseaux pépient encore et l’on devine trois kangourous qui paissent tranquillement à quelques mètres à peine. L’on croit saisir au vol des murmures de pierre, des drôles d’histoires de coquillages anciens pressés si fort qu’ils en sont devenus piliers de roches, posés dans un désert autrefois océan. Et il y a comme un souffle d’irréel, comme un brin de magie à marcher sous la Lune, entre ces drôles de colonnes tourmentées, blotties dans un petit bout de désert posé en bord d’océan.

Il y a aussi comme un souffle de vent glacé, à bien y réfléchir. Et puis aussi comme un souffle de petit creux après une longue route faite d’une traite à allure d’escargot grabataire… De quoi reprendre doucement la route de Cervantes et se mettre en chasse du dîner (et des bières qui vont avec, bien entendu). Non sans se promettre solennellement de revenir au tout petit point du jour pour assister émerveillés au lever du soleil et au coucher de la Lune sur ce petit morceau de sable hérissé de colonnes étranges et fantastiques.

6 thoughts on “We could dance under the moonlight

    • lagrandeblonde Post author

      Merci !
      Apparemment, c’est une accumulation d’erosion (par le vent, par la pluie), d’acidification du sol suite a la colonisation par des vegetaux puis de bush fires qui expose le sol a nouveau. Le sable est alors emporte par le vent, les zones plus dures (les concretions) apparaissent et sont doucement sculptees. Je n’aurais jamais pense a l’importance des bush fires dans la sequence d’evenements, c’est fou, non ?

      Reply
      • Cathy du Gard

        j’avais supposé le début, c’est un peu ce qu’il s’est passé en Cappadocce, mais les bush fires, ça c’est de l’inédit !! Merci de ces infos :)

        Reply
        • lagrandeblonde Post author

          Avec plaisir ! J’etais super surprise de l’importance des bush fires mais d’un autre cote, c’est vraiment un element essentiel dans le modelage des ecosystemes australiens.

          Reply
    • lagrandeblonde Post author

      C’etait magique ! A la tombee de la nuit, on avait l’impression de marcher au milieu des ruines d’un royaume de conte de fees…

      Reply

Répondre à Cathy du Gard Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>