(Nature’s Window, Kalbarri NP, WA, 06-07-2012)

Dans le petit calepin soigneusement noirci et tout aussi consciencieusement corné lors de la studieuse préparation de notre petit tour tout à l’ouest, Kalbarri n’était qu’un petit point de rien, une haltounette microscopique, juste le temps de jeter un œil aux gorges, de crapahuter quelques instants dans Kalbarri NP avant de hop ! filer à toute berzingue vers le nord, Ningaloo et les requins baleines.

Et puis… Et puis il aura suffi de longer les falaises, de guetter les baleines et de tremper un orteil dans la petite baie tranquille (mais ça, on vous le racontera une autre fois), de grignoter un hamburger extra au Gorges Café en regardant les galahs filer à la sieste et se chamailler tant et plus pour décider que, non, décidément, rien ne servait de courir, il fallait farnienter à point. Ningaloo et les requins baleines attendraient bien une prochaine visite. Non vraiment, foin de galopade à toute berzingue, il était temps de profiter, orteils en bord de mer et en éventail.

Pour le coup, The Loop nous tendait les bras. Et c’est ainsi qu’au tout petit matin, G[r]o Kombi l’asthmatique a repris la route, direction Kalbarri NP, slalomant entre les lapins et les wallabies qui se remettaient doucement d’une longue nuit. Un petit-déjeuner de champion plus tard, hop ! il était temps d’enfiler les sacs à dos et de filer bien vite voir sur le sentier si nous y étions.

Quelques gravillons qui roulent sous les pas, des buissons qui chantonnent et un ciel tout bleu. Bien vite, la rivière montre le bout de sa rive, en contrebas, loin au pied des falaises. Des cygnes noirs paressent sur la plage, plongent un orteil –palmé- dubitatif dans l’eau avant de filer à tire d’ailes vers de plus douces contrées. Quelques marches de sandstone délicatement orangée, soigneusement sculptée par le vent de brise en ouragan depuis des générations et voilà déjà the Nature’s Window. Quelques poses de grands idiots, Thèse en vedette et le sentier reprend ses droits. Les wallabies des rochers dévalent les pentes sans ciller, sautillant gaillardement d’à-pic en à-pic, d’une arête rocheuse à l’autre. Quelques nuages légers s’accrochent au ciel et le soleil monte, monte, monte. L’hiver a beau prendre ses aises, il ferait presque déjà chaud…

Quelques marches encore, quelques sautillements tout sauf élégants d’un rocher à l’autre, une bifurcation à gauche après la deuxième termitière et voilà la rive. Un couple de perruches agite ses plumes, fort affairé à préparer le nid pour les petits à venir. Le sable prend sa revanche sur les rochers, au moins pour quelques mètres. Et puis bien vite, les falaises reprennent l’avantage. Elles chatouillent la Murchison River du bout de leurs surplombs et il faut jouer les apprentis acrobates encore et encore, mi-rampant, mi-sautant. Le tout en essayant de ne semer en route ni sac à dos ni boite crânienne. C’est que, sait-on jamais, ça pourrait bien finir par servir un jour ou l’autre…

Le sentier serpente de cormoran en yellow robin, de buissons rabougris en eucalyptus majestueux. Les gorges se strient d’ocre, de jaune, d’orangé et puis aussi de blanc et de rose. Elles s’ourlent parfois d’arêtes de vent et de dentelles de pluie, à moins que ce ne soit l’inverse. Le soleil fait fi de l’hiver, foi de rayon, ce n’est toujours pas aujourd’hui qu’il fera froid à Kalbarri ! Encore quelques kangourous, des fourmis immenses, quelques crottes de lapin pour faire bonne mesure et la dernière remontée nous tend déjà les bras.

The loop est bouclée, il n’y a plus qu’à retrouver G[r]o Kombi et filer vers Shark Bay et ses merveilles. Non sans se promettre qu’un jour, on fouinera à nouveau le long des falaises de Kalbarri. Parce que, mine de rien, les points de vue à couper le souffle du parc ont comme un petit air de revenez-y donc…

NDLaGB : le titre, c’est Something For Kate, This Is The Life For Me.