So it’s storming on the lake
Tanguer, un peu. Tanguer sous le poids d’une nouvelle qu’on ne redoutait même pas. La soupeser du regard. Grimacer soudain. Soupirer comme on retient sa respiration. Sourire parce qu’il faut bien.
Continuer.
Parcourir quelques jours en apnée, évoluer dans une brume de coton. Se laisser envahir par la colère. De ces colères impuissantes qui ne servent qu’à tenir debout. De ces colères qu’on convoque pour ne pas pleurer.
Se blottir dans ses bras, râler, tempêter, taper du pied, serrer les poings. Et puis s’excuser. Et le serrer un peu plus fort, en reniflant avec vigueur. Parce qu’il est là, toujours.
Avancer à petits pas, tâtonner souvent, chanceler parfois. Apprendre à nouveau, apprendre encore une fois la patience. Attendre, apprivoiser l’attente, apprivoiser l’angoisse. Mettre prudemment certains rêves sous le boisseau. Au moins pour un temps. Parce qu’on ne sait pas.
Hausser les épaules et murmurer tout bas. Tout ira bien, tu verras. Tout recommencera.
Sourire, toujours. Parce qu’on ne sait pas faire autrement. Rire, un peu faux, un peu fou, un peu flou. Rire comme on hoquète, comme on sanglote parfois. Mais rire malgré tout. Et sourire encore. Pour soi un peu, pour les autres beaucoup. Parce que, malgré tout.
Se lover dans un grand fauteuil un peu avachi et très douillet tout au bord d’une cheminée, écouter le bois crépiter, guetter les étincelles. Parce qu’il y a toujours des étincelles. Même juste une seule, même minuscule, même une toute petite étincelle de rien du tout.
Retrouver son souffle, petit à petit. Un peu moins court, un peu moins lourd. Prendre son temps, un peu, un moment.
S’installer à une terrasse, le dos au soleil et regarder les passants passer. Leur inventer des noms, des vies, des bonheurs, des défauts jolis. S’amuser à les deviner un peu ceci ou bien tout à fait cela. Frissonner à la brise encore craquante de froid. Mais savourer le printemps qui s’annonce. Doucement. Faire fi de l’angoisse, se rappeler que la vie est belle. Et se dire que ce n’est pas si grave.
Hausser les épaules et affirmer bien haut. Tout ira bien, tu verras. La vie c’est fait pour ça.
Convoquer un samedi soir, la couette, un bon film, un verre de vin rouge et du fromage affiné à souhait. Se bâtir une cabane de canapé et s’y blottir confortablement, serrés l’un contre l’autre. Comme une coquille de noix perdue au loin, loin de tout.
Rire aux répliques qu’on connaitrait presque par cœur et se raconter les scènes à venir. Mais si, tu sais, c’est quand il lui dit ça et qu’elle voudrait bien le croire mais qu’elle n’y arrive plus. Chut ! regarde, c’est juste maintenant, tu vois !
Perdre sa voix. Et entre deux chuchotements, rire tout bas de ce drôle de hasard qui fait tomber la voix lorsque la voie vacille.
Lire, lire jusqu’à l’aube en se disant que tout de même, ce n’est guère raisonnable, lire encore, lire à s’en faire friser les sourcils de concentration. Retrouver encore une fois à chaque page tournée ce bonheur immense, ce bonheur jamais démenti.
Et lire encore un peu.
Cuisiner comme on se bat, pied à pied, farouchement, concentrés, oublieux du reste.
Regarder filer les jours. Dire bonjour au mimosa qui fleurit. Sourire au printemps timide qui hésite encore à poser ses valises, oui, sourire pour l’encourager. Et se dire que le plus difficile est sans doute passé.
S’apercevoir qu’on ne flageole presque plus. Remiser pour le coup sa colère au placard. Et rire encore un peu flou, encore un peu fou mais plus du tout faux.
Trouver sa main, toujours.
Et regarder la Lune.
une bien belle délicatesse dans le récit de ce passage qu’on devine difficile. Je te souhaite que ton rire redevienne fort et chantant, que ton sourire soit pour toi plus que pour les autres
Merci. Vraiment.
Ton texte est magnifique même si tu auurais sans doute préféré ne pas l’avoir à écrire… Faîtes vous confiance, je pense à toi?
Merci… C’est tres gentil !
Ton chagrin t’inspire de belles choses. Je te souhaite du courage, et de continuer à ressentir la douceur même pendant la tempête.
Merci beaucoup. Vraiment, merci…