(Cape St George, NSW, 02-09-2012)

Cape St George, un dimanche matin de printemps tout neuf, tout en bord de falaise, le dos au soleil et le nez au vent. Il fait beau, le fond de l’air est frais et les vagues battent les rochers. LeGB chasse amoureusement le piaf (qui est lui-même fort enamouré, arrivée du printemps oblige) et LaGB guette les baleines. Pas vraiment la saison mais sait-on jamais… Les quelques promeneurs du dimanche ont rebroussé chemin loin de la falaise et de ses embruns. Tout n’est que vent et côte tourmentée, soleil, silence et vagues ourlées.

Tout n’est que silence et vagues ourlées… Tout ? Non ! Un buisson peuplé d’une irréductible bestiole bruyante et non identifiée résiste encore et toujours au calme établi. Ca s’agite et ça grogne, ça secoue des feuilles et puis des branches aussi, ça grogne encore un peu. Et ça se carapate dans un trou de souris sans demander son reste en entendant le pas pressé et les petits cris ravis d’un couple de Chercheurs d’Oz en goguette ayant bien vite jeté par-dessus les moulins qui sa chasse au piaf, qui sa quête à la baleine (qui manquait un peu de sel, il faut bien l’avouer).

Une petite seconde d’hésitation d’usage (tu crois que c’est venimeux/dangereux/très affreux ?) et hop ! au diable la prudence ! voilà nos lascars perchés sur la pointe des pieds et sur un rocher perclus de rhumatismes (le rocher, pas –encore- lesdits lascars), à tenter d’apercevoir la drôle de chose mal embouchée qui roumègue en contrebas. Quelques acrobaties follement élégantes plus tard, le drôle de bestiau est enfin repéré, caché derrière deux brins d’herbe et un gravillon rachitique… Repéré et bientôt identifié comme échidné à nez court (mais fort mignon) ou, plus spécifiquement, échidné à nez court (mais fort mignon) en pleine mue de piquants (la précision, mes amis, la précision !).

Il n’en fallait pas plus pour oublier totalement piafs et baleines : un échidné à nez court (mais fort mignon) et à portée de zoom, ça ne se refuse pas… Et c’est donc ainsi que l’attente a commencé. Car, il faut le savoir, l’échidné à nez court (mais fort mignon) est peut-être grognon et bruyant mais il n’est absolument pas téméraire. Hors de question de prendre le moindre risque en mettant le nez court (mais fort mignon) dehors, obligeant les vaillants reporters de choc à rester immobiles et muets (oui, muets. Une véritable épreuve pour LaGB) (qui ne s’en est toujours pas remise) pendant au moins cinq longues, que dis-je ! interminables minutes.

Et puis, enfin, juste avant que l’absence de causerie ne devienne insoutenable, le nez court (mais fort mignon) est sorti de sa cachette, il n’y avait plus rien à craindre. Le nez court (mais fort mignon) d’abord et puis le reste de l’échidné aussi. Et puis, après toutes ces émotions, il fallait bien faire une petite sieste au soleil, les eux mi-clos et le nez court (mais fort mignon) palpitant de bonheur. LeGB mitraillait à tout va et LaGB murmurait des « Ouh mais c’est qu’il est tout kikinou trognon ce petit nez court (mais fort mignon) » en tâchant de ne pas importuner ledit nez court (mais fort mignon) et son auguste propriétaire.

Et ensuite ? Hé bien ensuite, l’échidné à nez court (mais fort mignon) a repris sa route et son secouage de buissons, LeGB a repris sa chasse au piaf enamouré et LaGB a repris ses causeries. Tout est donc bien qui finit bien…

Pssst: dites, les gens, z’êtes vraiment trop forts, kekessément parlant…