(Snugglepot & Cuddlepie, Perth, WA, 13-07-2012)

Damn ! Les gens, vous êtes définitivement des as du kekessé…

Il s’agissait donc bien des traces d’un insecte goulu se régalant d’écorce d’eucalyptus (LaGB en est encore toute retournée et envisage fortement de leur causer chocolat, saucisson, rillettes ou St Félicien, aux mites malaxeuses. Parce que bon, s’autoproclamer gourmand invétéré et boulotter de l’écorce, y a comme de l’oxymore dans l’air, hein) (non mais franchement ! Et pourquoi pas ruminer de la feuille d’eucalyptus toute la journée, aussi, pendant qu’on y est…) (comment, il y a un animal awfully cute qui se nourrit ainsi ?) (les bras m’en tombent !) (n’empêche, seriously, les mites, vous exagérez, là !).

Nos amis goulus sont donc absolument et positivement dingues d’ecorce d’eucalyptus, certes. Mais pas de tous les eucalyptus, holà ! malheureux ! C’est que la mite de gumtree a la dent sensible, la gencive tendre et le palais fort bien éduqué. Aussi, les six espèces connues a ce jour n’accordent l’insigne honneur de leurs autographes qu’à une petite vingtaine d’eucalyptus différents. Non, dans le bush et son univers impitoyable, il n’est vraiment pas donné à tout le monde de se faire gribouiller le tronc…

On ne sait pas grand’chose des scribbly gum moths, de leur choix si précis quant à l’arbre qui recueillera leurs mémoires ni même de leur dialecte. C’est qu’il existe plusieurs types de tracés et qu’il semblerait que certaines espèces de mites sachent manier plusieurs alphabets, passant allégrement de l’un à l’autre. De quoi donner quelques sueurs froides à tout malheureux chercheur qui tente de percer les mystères forcément mystérieux des mites d’eucalyptus. A moins que… A moins que la réponse à la lancinante question du « Pourquoi donc qu’est-ce donc que ces satanées mites-là, elles jouent les Fangio sur bout d’écorce, à enchaîner virages au frein à main et épingles à cheveux sur un coin d’eucalyptus grand comme un mouchoir de poche ? Pourquoi, hein, pourquoi ? » ait été trouvée avant même qu’on commence à se pencher sérieusement sur ces drôles de dessins.

En effet, en 1918, May Gibbs dévoile au grand public les aventures jusque là tenues secrètes de Snugglepot et Cuddlepie, deux adorables gumnut babies partis à la découverte du vaste monde et bien décidés à voir ces drôles de bêtes qu’on appelle des hommes (depuis qu’on a lu leurs aventures, on cherche leurs descendants mais pour l’instant, on a fait chou blanc…). Sur leur route, pavée de rencontres merveilleuses ou effrayantes et de rebondissements incroyables (qu’il faudra qu’on vous raconte un jour ou l’autre tant ces péripéties tiennent de la pierre angulaire dans la culture aussie), nos deux héros minuscules et magnifiques se tiennent au courant des dernières nouvelles griffonnées sur des troncs d’eucalyptus par des scribouillards hauts comme trois gumnuts. Qui sait, elle avait peut-être en partie raison, May Gibbs… Si ça se trouve, les scribbly gum moths barbouillent leurs écorces de potins, de blagues et de devinettes pour passer l’hiver. Peut-être même bien qu’une balade dans le bush peut vous poser à quelques fifrelins d’écorce d’un Victor Hugo à six pattes… Vivement qu’on puisse lire la traduction, non ?