Everybody’s gone surfin’, surfin’ NSW

(Steamers Beach, NSW, 02-09-2012)

Booderee NP, un dimanche de septembre qui sent bon l’escapade presque printanière. L’air est frais mais le soleil pétille, le ciel brille tout beau, tout bleu et les oiseaux pépient les joutes amoureuses à venir [feels so good]. Au bout d’une piste tenant plus du nid-de-poule fondateur qu’autre chose, un petit parking tout ombragé de grands eucalyptus qui sifflotent sous la brise. Trois voitures couvertes de feuilles toutes jeunes et puis deux vans qui débordent bruyamment d’un joyeux bazar que n’aurait pas renié Prévert : six planches de surf, vingt et un beanies très sea, surf & sun, deux glacières, huit bouteilles de bières, cinq paquets de Tim-Tam, deux combinaisons intégrales et quatre ou cinq trous dedans, un régiment et des poussières de serviettes de bain, trois bouteilles de Coca qui ne bulle plus, un atlas routier qui s’éparpille aux quatre vents, huit bidons de crème solaire, cinq chemises hawaïennes, des claquettes qui ont perdu leur paire, un parasol un peu fatigué, un cerf-volant écrasé, trois valises, deux sacs informes, un vieux poste de radio et puis une poupée tahitienne qui danse sur le tableau de bord.

Et devant ce joli fourre-tout, ils sont une petite dizaine, tous en rond, à discuter courants, marées, vodka, philosophie de la vague, immortalité de la limace, du crabe et du hanneton. Ca fronce le sourcil, ça étudie le sens du vent, ça farfouille dans le coffre à la recherche de sa combinaison ou de sa planche. Ca finit par tirer sur la première manche qui passe par là, faisant s’effondrer en deux coups de cuiller à pot des heures, que dis-je, des jours ! de savants entassements successifs de bazar immense et indompté, selon des techniques ancestrales à faire rougir d’envie le plus chevronné des constructeurs de châteaux de cartes…

Ca discute, ça argumente et ça se chamaille. Et puis ça finit par se mettre doucement en route sur le petit chemin de terre, planche de surf à la main, incontournable beanie savamment incliné sur le crâne, démarche soigneusement chaloupée et claquettes claquettant paresseusement entre feuilles, brins d’herbe et gravillons qui n’amassent guère mousse. Bien vite, ça peste un peu : c’est encore loin, la plage ? C’est que Steamers Beach se mérite, planche à la main ou pas… Trois kilomètres de petit sentier ombragé et puis des marches en pente raide qui se succèdent follement sur un bout de colline grand comme un timbre-poste. De quoi faire perdre un tantinet de nonchalance à d’aucunes claquettes qui n’en attendaient pas tant…

Mais well, finalement, ça y est ! Enfin, Steamers Beach, ses falaises, ses vagues et son sable perdu tout en bas des rochers, tout en bord de forêt. Y a pas à dire, c’est tout de même rudement chouette, ça valait bien quelques râleries (et puis aussi quelques bugnes sur des planches de surf qui n’ont guère apprécié certains virages serrés…). Planches, beanies et claquettes s’ébrouent le long des dernières marches et s’égaillent sur le sable. Bien vite, tout ce petit monde s’installe en rond, le dos au soleil. Certains papotent, d’autres fument. Et les uns comme les autres regardent les vagues. Ca jauge, ça étudie, ça mesure et ça affirme. Le plus courageux file même tâter l’eau de la pointe de l’orteil avant de bien vite rebrousser chemin. C’est que brrr ! il n’est pas si douillet que ça, l’océan, aujourd’hui !

Ca papote encore un peu, ça s’installe et ça se dore au soleil. Les biscuits sont de sortie et la bière aussi. Il y a foule qui pour grignoter, qui pour siroter. Les combinaisons et les planches, en revanche, n’attirent guère les faveurs des uns et des autres… Ca cerf-volante un brin et puis ça flirte un peu aussi, ça montre ses muscles fièrement et ça chasse le sable qui, horreur, malheur, petits pois et carottes au beurre ! ose se glisses dans les sacs et sur les serviettes… Non mais franchement !

Et puis soudain, deux téméraires finissent par se jeter à l’eau et sur leur planche. Enfin, en théorie. Parce qu’en pratique, la planche ne l’entend pas tout à fait de cette oreille et ne cesse de revenir sur le rivage, non sans semer son fier humain en cours de route. Fier humain un brin dépité qui boit tout de même un peu la tasse, tousse et crachote dignement en essayant de conserver un minimum la contenance et l’attitude nonchalante qui conviennent à qui est vraiment sea, surf & sun. Attitude sea, surf & sun qui réclame d’ailleurs bien vite un retour sur la terre ferme : c’est que cinq minutes à boulotter en vrac des vagues, du sable et des algues, c’est long, très long, vraiment très long (et mauvais pour l’ego, aussi) ! On sera mieux sur la plage à causer conditions finalement pas optimales-croyez-en-ma-vieille-expérience, difficulté technique des vagues creuses et intérêt comparé des droites et des gauches…

Et puis, le temps se rafraichissant et le soleil pliant bagages, il faut bientôt rebrousser chemin. Planches et orteils n’ont, pour la plupart, pas vu passer la moindre petite gouttelette d’océan mais les récits de vagues immenses et sauvages font déjà rage, beanie soigneusement vissé sur la tête et claquettes claquettant avec ardeur sur le sentier où se pressent feuilles mortes, brins d’herbe et gravillons, tout ouïe et gloussant déjà sous cape. C’est que, tout de même, il serait dommage de rater telles vantardises, non ?

2 thoughts on “Everybody’s gone surfin’, surfin’ NSW

  1. Mathilde

    Superbes les photos – j’aime beaucoup la toute première.
    C’est fou cette cohue sur la plage pour aller surfer ! En tout cas, avec ce récit, on s’y croirait… (je m’apprête à boire une soupe à la courge, bien moins printannier comme activité…).

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    • lagrandeblonde Post author

      Je ne dirais pas non a de la soupe a la courge, ce soir… Il recommence a faire frisquet depuis quelques jours, on se croirait -presque- revenus en automne…

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