The lab bal(l)ad

(3.1 kilomètres à pied, ça use, ça use…)

Il arrive parfois (mais pas souvent) (faudrait voir à ne pas pousser mémé dans les hosties orties quand même), il arrive parfois, quand le temps est clément ou que LeGB est absent (surtout quand LeGB est absent, d’ailleurs) (parce que le permis de conduire et LaGB, c’est une histoire qui dure, qui dure mais qui n’avance guère) (m’enfin, on ne recule pas encore) (ce qui en dit long sur les capacités lagbiennes à faire marche arrière) (et tout aussi long sur les dons de patience du LeGB) (plaignez-le, les gens, plaignez-le) (il y avait des promotions sur les parenthèses aujourd’hui : pour deux ouvertes, trois fermées !), il arrive donc parfois que le trajet jusqu’aux pipettes se fasse à pied.

Et il y a beau y avoir pléthore de bonnes excuses pour ne pas crapahuter gaiement, une fois la porte franchie, c’est toujours un régal. Parce que sur la route qui mène aux pipettes, il y a, entre autres et pas dans l’ordre :

- des roses, du chèvrefeuille et du jasmin qui soupirent de bonheur et de bon matin et puis qui frissonnent le soir venu. Et qui sentent toujours aussi bon,
- des panneaux d’affichage d’écoles primaires avec le programme des réjouissances pour les jours à venir, du barbecue caritatif au prochain match de foot du week-end,
- et puis les élèves en uniforme et en retard qui filent de toute la vitesse de leurs petites jambes. Ou qui bayent aux currawongs, c’est selon,
- des rosellas qui se chamaillent et quelques plumes duveteuses de gang gang cockatoo semées dans l’herbe,
- des guirlandes de Noël accrochées tout en haut d’une grue par un petit farceur,
- une frêle et tremblotante mamie qui fait coucou aux motos depuis son jardin. Mais pas aux voitures, non, juste aux motos,
- des chassés-croisés de vélos et des styles qui s’entrechoquent : le tranquille pas pressé qui sifflote et le sportif monté sur ressorts qui galope, la coquette en talons hauts et le pas sûr qui tangue un peu,
- de la musique qui fait avancer en rythme (et parfois aussi remuer en cadence du popotin arrière). Des vocalises qui fredonnent à presque tue-tête des « You say life is peachy wizout me » et des « Poum, poum, poum, didadadidadoum » à la pelle, sous le regard consterné des passants qui passent,
- quelques râleries dirigées contre ces ^%$@*&#! de voitures qui refusent de s’arrêter (c’est que la grande majorité des conducteurs laisse passer les piétons d’office et, mine de rien, on prend très vite le pli…),
- des bébés magpies tout juste sortis du nid qui piaillent comme des âmes en peine, les plumes tout ébouriffées et l’air tout perdu de rigueur,
- du temps pour organiser, ranger, classer les idées, les choses-urgentes-à-faire-tout-de-suite-sans-faute-maintenant-et-que-ça-saute-hop-hop-hop-parce-que-c’est-rudement-important-et-puis-les-choses-urgentes-à-faire-tout-de-suite-sans-faute-mais-que-ça-peut-tout-de-même-attendre-un-tout-petit-peu-oh-et-oui-c’est-vrai-il-faut-que-j’apprenne-cette-technique-là-à-Jeune-Padawan-Stagiaire-parce-qu’elle-va-en-avoir-besoin-fissa,
- une autre mamie qui fait du tai-chi et le papi associé qui, pendant ce temps, arrose ses hortensias avec amour et application,
- des prunes presque prêtes à être boulottées mais pas la queue d’une cerise, la faute aux gelées matinales tardives. Dammit, ça aurait été rudement chouette de chaparder cette année encore quelques fruits en passant, l’air de rien…
- des idées de recettes et de balades aussi, des itinéraires de vacances qui s’ourlent de détours et d’incontournables à foison, chaque jour différents et tous oubliés sans plus attendre,
- encore des roses, juste à portée de main, cette fois. De quoi fleurir joliment la paillasse ou le bureau. Mais aussi de quoi suçoter un doigt meurtri en râlant contre ces fichues épines qui piquent et qui s’accrochent, les fourbes !
- des étudiants qui se tendent des embuscades dans Haig Park, brassard au bras,  pistolet à eau à la main et fou-rire à la pointe du fusil. Les partiels sont finis, les vacances universitaires ne sont plus très loin, la plage non plus. Il est plus que temps de s’entraîner pour les fiestas à venir !
- des feuilles d’eucalyptus qui craquent sous les semelles et cette odeur si particulière, chaude, douce et enveloppante, qui dit l’été et les longues soirées bercées par la brise,
- encore un peu de sifflotements, de chantonnements sous cape et de « Poum, poum, poum, dadidadadouda, poum »,
- des « Ah oui ! C’est ça qu’il faut que je fasse » et des « Je savais bien que j’oubliais un truc ! » à la pelle. Et des idées forcément mirifiques qui s’évaporent aussi vite qu’elles sont arrivées… Mémoires de poisson rouge de tous pays, unissez-vous !
- des maisons qui poussent comme des champignons et des panneaux For sale qui bourgeonnent à tout va, à ne presque pas en reconnaitre certaines rues d’une semaine à l’autre,
- du presque sport et au quotidien, encore ! 6 kilomètres aller-retour, pour une LaGB qui n’a jamais brillé par son côté athlétique, c’est déjà plus que très bien (et pour la cheville qui s’entroupe plus vite que son ombre aussi). Pourvu qu’ça dure !

4 thoughts on “The lab bal(l)ad

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