(Mais aussi de nos amis les voisins soupçonneux)
(et où la photo n’a rien à voir avec le sujet du jour)
(mais où on s’en fiche parce qu’elle est jolie, cette photo, non ?)

Jean-Rémi les vers de terre ont déménagé. Vacances et fortes chaleurs obligent, ils ont délaissé un chaud matin de décembre leur petit coin de terrasse pour descendre au sous-sol et prendre leurs quartiers d’été dans notre petit bout de cagibi perdu au fond du garage. Températures plus harmonieuses, fourmis absentes et doux ronronnements de moteur pour se réveiller tout en tendresse le matin, loin des rayons ardents du soleil. La belle vie, quoi !

Et donc, depuis ledit déménagement et notre retour de vadrouille, tous les soirs, c’est la même routine. Après le repas –et avant la tablette le carre de chocolat- LaGB enfile ses claquettes (c’est que la vie a oilpié, c’est le bonheur) (naturistes de l’orteil et de tous pays, unissez-vous), s’empare du bol d’épluchures du soir et puis d’une chope d’eau, manque de renverser le tout en ouvrant la porte (il y a un peu de manchotte à deux mains gauches et de Pierre Richard dans LaGB), descend les escaliers en fredonnant (ou en rouméguant si elle est de corvée de vaisselle) (plaignez-la, les gens, plaignez-la) et part retrouver les Jean-Rémi qui attendent avec impatience leur gueuleton du jour. Une fois la porte du cagibi déverrouillée (oui, cette nouvelle maison pour Jean-Rémi a comme un petit air de séquestration…), c’est la fete : des Jean-Rémi qui batifolent entre deux épluchures de carottes et trois de courgettes, d’autres Jean-Rémi qui cabriolent et puis une LaGB qui gagate un peu à raconter auxdits Jean-Rémi ses dernières péripéties de paillasse. Ben oui, à defaut de Gros Matou Gras à qui gratouiller les oreilles, on se rabat sur les vers de terre.

De quoi faire cabrioler les Jean-Rémi, donc mais pas que… De quoi aussi faire dresser l’oreille (voire même les deux) des voisins d’à côté. Voisins qui ne dorment jamais que d’un œil et en ouvrent toujours un autre (celui qui ne dort pas, si nos suppositions sont exactes). Une voiture garée sur le trottoir en face de l’immeuble, deux personnes qui papotent en buvant une bière par un chaud, très chaud après-midi de canicule ? Oh, no, no, no, very, very bad, indeed! Il faut appeler la maréchaussée de ce pas, sait-on jamais ! Parce que oui, tout de même, rendez-vous compte, chers voisins à l’accent qui n’a rien d’Australien, chers voisins dont on devrait sans doute un peu se méfier aussi pour le coup, rendez-vous donc compte, ils buvaient une bière, ces malandrins. Et ils discutaient en face de l’immeuble. Non, vraiment, tout-fout-l’camp-ma-pov’-Lucette-y-a-plus-de-respect-ni-de-saisons-ma-brave-dame-mais-franchement-où-va-le-monde-on-se-le-demande-de-mon-temps-c’était-pas-comme-ca-non-décidément-rien-ne-va-plus…

Gagateries pour Jean-Rémi qui ont donc, presqu’autant qu’une bière sur le trottoir d’en face, de quoi faire allègrement sourciller du sourcil le voisin soupçonneux. Oui parce que, parfaitement, le voisin méfiant à l’œil qui ne dort tout au plus que d’une demi-paupière sourcille du sourcil. En revanche, il ne cille jamais d’un cil. Et c’est très impressionnant, qu’on se le dise.

Mais trêve de sourcilleries, revenons-en à nos Jean-Rémi… Pour le coup, à force de compter fleurette à nos tendres vers de terre, depuis quelques jours, l’œil voisinal aux aguets se fait de plus en plus noir et réprobateur. Et le sourcil se fronce à vue de nez. On s’attend maintenant à voir débarquer la maréchaussée d’ici peu. Parce que c’est vraiment très suspect, hein, vrai de vrai, de gagater ainsi chaque soir au fin fond d’un cagibi de fond de garage, un bol d’épluchures à la main et une paire de claquettes aux pieds. Oh, no, no, no, very, very bad, indeed!

A votre avis, séquestration de vers de terre à des fins de corruption d’arrosage de pieds de tomate, c’est grave, comme chef d’accusation ?