(The Love Cabin, Wollemi NP, NSW, 27-04-2013)

Tout a commencé par une envie de feu de cheminée. Et une envie de Blue Mountains aussi, le genre d’envies qui nous reprend chaque année quand l’automne empourpre les arbres et le ciel. Il doit y avoir une sorte de réflexe bien ancré dans un recoin de nos neurones, un réflexe frileux qui sort de sa sieste et agite ses petites pattes dès que les jours raccourcissent. Et qui hulule quelque chose du genre « Mayday, Mayday, Mayday, on va bientôt se peler, vite, tous aux abris ! Une cheminée, une couverture, un cassoulet, quelque chose, vite, vite ! Mayday, Mayday ! ». Oui, ledit réflexe n’a guère le sens de la mesure. Ni celui du ridicule…

Et finalement, tant mieux ! Parce qu’en tentant de rassurer notre frileux réflexe, de clic en clic, nous sommes tombés nez à nez et en amour avec The Love Cabin. Une cabane de bric, de broc et de bois au milieu de Wollemi National Park, avec une cheminée, une couette en plumes, des eucalyptus à la pelle et personne aux alentours. De quoi satisfaire ce bon vieux réflexe frileux mais aussi son copain le réflexe bourru du « moins y a de monde, mieux j’me porte ! ». Autant dire qu’il n’a pas fallu longtemps pour se décider. Le week-end d’Anzac Day serait bucolique, perdu dans les bois ou ne serait pas !

Ne restait plus qu’à rassembler dans un grand sac des bouquins, deux bonnes bouteilles de vin, du fromage et des crackers (dammit ! on a vraiment pris les habitudes made in Oz), de la pâte de coings et du chocolat, un peu de thé, des biscuits, une pile de CD et quelques bouquins de plus… Nous étions partis. Quelques péripéties plus tard (l’atlas routier, cet être fourbe), Kroket se hissait tout en haut de ce qui tenait plus de la falaise que d’un sentier. The Love Cabin nous tendait les bras.

Le mot d’ordre du week-end était simple : feu de cheminée, orteils en éventail, grignotis, siestes, lectures et retour du grignotis. Mot d’ordre qui a été respecté comme jamais ! A peine y a-t-il eu un petit tour par Bilpin, histoire de jeter un œil au marché de petits producteurs et de tester le cidre local au Apple Bar. Mais pas plus. Foin de balades, de visites de jardin botanique ou de musée local. C’est qu’il y avait un feu crépitant qui nous réclamait, un feu mais aussi du fromage, du vin et des bouquins qui ne pouvaient décemment pas attendre.

Alors une fois ravitaillés en chutneys, en marmelade et en noisettes (c’est qu’il faut bien faire honneur aux produits locaux), il n’a plus été question que de regarder le soleil se glisser entre les feuilles, d’écouter les crépitements du bois, de guetter les petites moustaches frémissantes des antechinus et les rondeurs moelleuses des koalas. De s’endormir à la lueur de la Lune et de se réveiller pour chercher les tawny frogmouths  et les wallabies. D’admirer les reflets dansants des flammes sur la charpente, de se chamailler quant au nom des étoiles. De faire couler un bain et d’y paresser, toutes fenêtres ouvertes, le dos au soleil.

Il a aussi été question de rester blottis au creux de ce petit bout de forêt pour des lustres et quelques poussières. D’y vivre d’amour et de riesling frais, de fromage et de romans, de soirées au coin de la cheminée et de jeux de cartes. Las, mille fois hélas ! Le fromage a fini par fondre comme neige au soleil, le vin s’est évaporé et les bouquins n’ont finalement pas fait long feu. Il a donc bien fallu reprendre le chemin de nos pénates, au grand désespoir de notre réflexe frileux qui se voyait fort bien hiberner quelques siècles à The Love Cabin…