Almost Paradise…

(Lonnoc Beach, Espiritu Santo, Vanuatu, 19-03-2013)

Suite de nos aventures au Vanuatu, fort fourbus et courbatus

Au lendemain de nos aventures made in Indiana Jones et la cascade perdue, direction le nord de Santo, plus exactement Lonnoc Beach. Au menu, quatre jours de farniente orteils en éventail sur sable blanc, cocotiers en bandoulière, vaguelettes bleues et chatouilleuses en fond sonore. Le bonheur sur pattes. Enfin… Ca, c’était en théorie. Parce qu’en pratique… En pratique, ça a été un tout petit peu plus, comment dire ? mouvementé. Et aussi rudement plus court que prévu.

A la fin d’une journée radieuse à Luganville, passée qui à plonger, qui à bouquiner/siester/boitiller (on vous laissera le soin de deviner la répartition desdites occupations), nous voilà donc partis pour Lonnoc. Une petite heure de route en 4×4, à papoter avec notre guide et à découvrir un peu plus de Santo. Et au bout d’un chemin qui cahote un peu, bientôt, la plage. Toute rose du soleil qui se couche, avec des vaguelettes mignonnes, des cocotiers altiers, des orchidées timides et tout là-haut, quelques nuages qui filent. Et puis une poignée de bungalows en bord de sable, au milieu des bougainvillées. C’est beau à en faire quelques triples sauts périlleux arrière (enfin, si on n’est pas percluse de courbatures, bien sûr) et ça augure fort bien des quatre jours à venir. Il n’y a que nous deux, Thèse et la famille qui gère les lieux. Pas un chat à perte de vue. Farniente, nous voilà ! Dis donc, quels souvenirs ça va nous faire !

Le premier coup d’œil une fois la porte passée est formel, le bungalow n’est pas aussi pimpant qu’annoncé (une délicate approximation se cache dans cette phrase). En fait, les draps semblent tenir du chat et avoir eu neuf vies particulièrement mouvementées avant ce jour-là. Le matelas a dû se trainer dans des tranchées de boue façon légion étrangère tant il est humide et, doux euphémisme, ne sent pas la rose. L’enthousiasme tombe en piqué mais hey ! haut les cœurs ! ça fera des souvenirs.

Il est bien vite l’heure d’aller manger, la cuisine fermera tôt, il n’y a que nous deux comme clients pour ces prochains jours. A la graille, donc et que ça saute ! Et on dira ce qu’on voudra, manger pieds nus en bord de mer, bercés par la brise, c’est rudement chouette. Ca ferait presque totalement oublier les draps-chat qui nous attendent dans notre bungalow en bord de plage. Oui, ça ferait presque oublier les draps-chat… Sauf quand, en plein milieu du repas, un rat de taille très généreuse (quelque part entre le petit mammouth et le wombat géant) pointe le bout de ses moustaches et part farfouiller allègrement vers les cuisines, visiblement en terrain plus que connu. L’enthousiasme chute au niveau des chaussettes et il y a comme une envie de fuite soudaine. Las, mille millions de fois hélas, nous voilà coincés au moins jusqu’au matin… Bah, ça fera des souvenirs, hein ?

De retour au bungalow, surprise ! Ou plutôt, surprises ! Pas de lampe à huile comme annoncé mais une (toute) (petite) bougie et quatre allumettes humides. Enfin, mouillées pour être exacts. Le genre d’allumette qui vous regarde dans le blanc des yeux avant d’éclater de rire et en petits morceaux quand vous essayez de vous en servir. Manioc sur le lap-lap, la moustiquaire romantico-protectrice qui recouvre le lit est passée par le même camp d’entraînement que le matelas. Et, certainement en guise de cadeau de bienvenue de la part des hôtes multipattus de notre taudis bungalow, il y a deux cafards gras, gros et fort dodus sous les oreillers. A ce stade, l’enthousiasme se cache en tremblotant sous nos semelles de claquettes. Au contraire des moustiques qui, eux, ne cherchent absolument pas à se faire discrets. Pas du tout, même. Et ils auraient du mal, ils sont à peu près gros comme des soucoupes. Alors, pour le coup, ils patrouillent d’un mur à l’autre et se frottent les pattes à l’idée du festin qui les attend. Le mantra des souvenirs à venir se fait chaque minute moins convaincant et la fuite à dos de rat semblerait presque une hypothèse séduisante. Mais à défaut de remettre la main sur Compère le Rat, on hausse les épaules et on s’entortille vaillamment dans les paréos qui serviront de sac à viande de fortune.

Eurk ! Beurk ! Yuk ! Quelle horreur ! (l’entortillage façon nem dans un paréo n’est pas chose facile quand on essaie de s’isoler d’un drap-chat tout moite et tout collant).

La transformation en vers à soie king size réussie, ne reste plus qu’à installer la moustiquaire de telle façon qu’elle 1- protège à peu près efficacement contre les monstro-moustiques qui rôdent et 2- ne touche pas la moindre parcelle de peau. Parce que, vraiment, beurk ! Installation tenant du casse-tête, une sorte de Tétris tropical, en somme, avec comme handicap supplémentaire, donc, l’option emmaillotage serré. Et installation réduite à néant aussitôt réussie pour cause de cafard patriarche en goguette sur le drap… Same player shoot again.

Et c’est ainsi que, après une lutte de longue haleine, finalement entortillés et au moins partiellement protégés des hordes de moustiques pas tibulaires pour deux sous et sans guinaire aucun, nous avons essayé de retrouver Morphée. Qui, le fourbe, avait migré vers de plus fastes cieux. Comme on le comprend !

[Quelques heures plus tard, alors que les vagues ont enfin eu l’effet berçant tant attendu…]

LeGB ne se sent pas très bien. En fait, il ne se sent pas bien du tout. Et ouh ! il a l’estomac qui danse le mia, la gigue, le rock et la bourrée. Oui, oui, tout en même temps (l’estomac du LeGB n’a pas l’oreille musicale, c’est là son moindre défaut). Et il semblerait bien que l’estomac en question se sente pousser d’irrépressibles envies d’expression. Qu’il envisage comme fort démonstratives. Il serait plus que temps de trouver une bassine/un récipient/quelque chose. Vraiment. Et vite. Très vite, même.

Vous avez déjà essayé, vous, d’allumer en quatrième vitesse (et dans le noir complet) une (toute)(petite) bougie avec trois allumettes mouillées dans une boîte qui tombe en morceaux en essayant de ne pas gaspiller lesdites allumettes sans pour autant, tant qu’à faire, mettre le feu à une moustiquaire humide qui vous colle à la peau, le tout sous des attaques de monstro-moustiques façon blitzkrieg ? Foi de LaGB, ça n’a pas grand-chose de la sinécure. McGiver à côté ? Un bricoleur du dimanche !

Après, la course contre la montre continue. Il n’y a plus, au menu des réjouissances, qu’à s’extirper de la gangue de paréos (et à ne pas s’entrouper au passage dans la moustiquaire qui joue les pots de colle) (deux dents en moins et une bougie à nouveau éteinte, ça ferait désordre), chercher une bassine/un récipient/quelque chose à la lueur d’une bougie qui frétille à la moindre brisette, déloger les cafards qui pendaient la crémaillère et retourner auprès du LeGB à l’estomac bondissant, le tout en moins de temps qu’il ne faut pour lancer quelques jurons bien sentis. Oublions donc Man vs Wild et saluons les débuts de LaGB vs Lonnoc.

Ici, un voile pudique est jeté sur l’estomac –très démonstratif- du LeGB.

Et puis après ? Après, il ne reste plus qu’à compter les heures avant le lever du soleil, les grammes de paracétamol, les compresses d’eau froide sur le front d’un LeGB qui joue les chauffages centraux en ébullition, les cafards au plafond et les piqures de moustiques. Avant de rentrer enfin, après quelque râlerie bien sentie, sur Luganville soigner LeGrandBalade qui jouera les radiateurs ambulants pendant trois jours…  Et de se dire, après coup, que oui, définitivement, ça fera des souvenirs. Parce que, tout de même,  ce fut homérique… Et puis aussi parce que, pour le coup, on a passé du temps avec des gens extra et rudement rigolé, une fois la première grosse inquiétude passée.

Bon, en revanche, sacrés souvenirs ou pas, pas sûr qu’on retourne à Lonnoc un jour, même si on n’a pas vraiment eu le temps (du tout) de profiter de la plage. C’est qu’il faudrait voir à ne pas non plus trop pousser Mémé dans les monstro-moustiques, hein !

4 thoughts on “Almost Paradise…

  1. Ampelopse

    C est ca de jouer les jeunes aventuriers! Perso le bungalow perdu, j aurais eu un doute…mais comme tu dis, ca fait des trucs a raconter! Et puis, ca aurait pu etre pire, yaurait pu yavoir des punaises de lit, un serpent dans le lavabo, et une mega araignee sur la table de nuit! Ceci dit, j espere que LepovGB n a pas eu de sequelles de son intox alimentaire!

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    • lagrandeblonde Post author

      Les punaises, on a pas ose verifier (mais ca n’aurait pas detonne)…
      LeGB s’est remis de ses aventures stomacales comme un chef (quel homme, tout de meme, quel homme !). En fait, c’est a croire qu’il voulait simplement se faire un peu dorloter ^_^

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