Les jours de brume
Qu’elles sont étranges, ces journées sans visa… De bien drôles de journées passées à attendre des nouvelles qui ne viennent pas. Des journées de repos forcé, loin du labo et des choses à finir. Des journées à la maison, entourés d’un brouillard épais, épais, peut-être encore plus épais que la purée de pois dans laquelle notre visa à venir patauge. C’est que Madame le robot ne répond plus. Elle s’est lassée, il faut croire, de répéter qu’il fallait lui envoyer ce fameux laissez-passer A38…
Alors pour le coup, parce que tout de même, il faudrait voir à ne pas se laisser abattre, ma brave Lucette, on se fait un cocon douillet made in maison douce. Et on s’installe pour quelques jours d’hibernation bien au chaud, à regarder passer la brume et à deviner les black cockatoos qui s’empiffrent dans les eucalyptus au fond du jardin. On brioche et on bouchées au chocolat et aux fruits secs, on ragoût de bœuf aux gombos, on cookies aux flocons d’avoine et on rougail boucané bringelle aussi.
On peste un peu de ne pas pouvoir travailler dans le jardin et on nourrit les poissons qui frissonnent de l’écaille (ils n’aiment vraiment pas le brouillard, semble t’il) (LaGB envisage carrément de leur tricoter des écharpes) (tant qu’à faire…). On tente de soudoyer à grands renforts de graines les king parrots qui piaillent dans le jardin du voisin On fait le plein de bouquins, de chocolat et de thé. On sieste sur canapé et on bouquine sous plaid. Fred Vargas en anglais dans le texte, c’est presque aussi bon qu’en version originale. Et Adamsberg est toujours aussi merveilleux, forcément. Le tout en écoutant le possum de sous le toit danser la gigue entre deux tuiles. En écoutant aussi le dernier album d’Empire Of The Sun et de Gypsy And The Cat, plutôt fort sympathiques.
On écume le Belconnen Market et on revient les bras chargés de rapadura, de pois du Cap (bonbons piment, nous voilà !), de mélanges de graines et de terrine de canard (bonheur !). On flâne aussi à North Lyneham où on a enfin réussi à mettre la main sur une vraie, et rudement chouette, coopérative de fruits et légumes. Comme quoi, ça a parfois du bon, les jours de brume sans visa…
Et puis on continue à éplucher nos mails. Au cas où. Au cas où Madame le robot daigne dégainer à nouveau son clavier pour répondre à nos questions, sait-on jamais. Grands naïfs que nous sommes… Et tant qu’on y est, on envoie des mails aux grands chefs pour leur dire que, caramba, encore raté, le retour au boulot ne sera pas pour demain.
Oui, c’est très bizarre, ces journées qui s’écoulent au rythme de nouvelles qui n’arrivent pas… Peut-être encore plus étrange qu’il y a des lustres à pampilles couverts de poussière et festonnés de toiles d’araignées qu’on n’est pas restés ainsi à la maison cinq jours de suite. Pensez donc, cinq jours de libre d’un coup, ça fait presque un road trip jusqu’à Darwin, ça ! Dammit, si on avait su que ça prendrait autant de temps, on aurait filé Kroket au vent…
Mais à tout prendre, quelques jours de sieste, de lecture et de popote bien au chaud dans notre maison-cocon, c’est tout de même pas mal… En espérant que ça ne s’éternise pas trop non plus, hein ! Madame le robot. Parce que si ça continue, on va vraiment ressortir la poupée vaudou. Non mais !
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Merci, merci ! On les prend avec plaisir
il manque « ondes » entre « bonnes » et « positives »