And there’s only so much…

(Honeymoon Beach, NSW, 13-07-20313)

Il y a des petits morceaux de bonheur comme ça, des petits bouts de merveilleux qu’on laisse presque tomber de sa poche et qu’on oublie sans même s’en apercevoir, des petits bouts de souvenirs qu’on retrouve soudain en glissant ses mains dans les poches. Des petits riens qu’on reconnait du bout des doigts et qu’on se promet de ne plus jamais laisser filer…

Un jour de plein hiver. Un joli jour d’hiver festonné de ciel tout bleu et de grand soleil. Le soleil qui jette un œil derrière les montagnes, pressé qu’il est de continuer sa course en attendant demain. Un petit bout de crique qu’on aurait presque oublié. Un petit éclat de plage comme un joyau loin tout là-bas, tout perdu. Tout au bout d’une piste cahoteuse, tout au bord d’une baie immense. Tout au bout du monde, presque. Un petit bout de bonheur perdu dans les sous-bois, un petit bout de merveilleux qui attend paisiblement que l’on revienne. Parce que forcément, même si on l’oublie, on reviendra. On revient toujours, ils reviennent toujours, tous. C’est gravé dans le sable et dans l’écume. Depuis la nuit des temps. Si ce n’est même avant. Gravé dans le sable et déposé l’air de rien dans un recoin de mémoire. Quelques grains de sable glissés dans une poche, comme ça, pour rien. Comme ça, pour revenir un jour.

Quelques fumées qui s’enroulent entre les arbres, une odeur de barbecue qui trotte dans l’air. Quelques notes de musique et des enfants qui rient. Des rayons de soleil mutins qui dansent entre les troncs, sur les feuilles. Quelques marches qui descendent en bord de plage. Et puis des oiseaux, des oiseaux par brassées, par milliers. Qui piaillent, sifflotent, trillent ou serinent leurs chansons enlevées de fin de journée. C’est qu’il est temps de retrouver son bout de branche pour la nuit, les premières étoiles commencent déjà à pétiller dans le lointain. Et les vagues…

Les vagues, elles, chantonnent, bercent et caressent le sable, les coquillages et les algues qui luttent encore contre le sommeil. Les rochers baillent à s’en décrocher un caillou, un petit crabe titube, les pinces ourlées de sommeil. Au loin, cormorans et pêcheurs plient bagage, le ventre plein. Les bateaux aussi, les voiles déjà chargées de nostalgie joyeuse pour une si jolie journée trop vite enfuie. La baie s’étire, s’enroule et soupire. Il y a quelques nuages-plumes qui nagent paresseusement dans leur grand bassin de ciel. Quelques frissons qui courent sur l’eau, un poisson qui cabriole. Et ce silence, oh ! ce silence. Ce silence fait de vagues qui murmurent, d’oiseaux qui se susurrent des « bonne nuit ! » et des « fais de beaux rêves », de sable qui se frotte les yeux et de vent qui somnole déjà.

Il n’y a bientôt plus ni bleu, ni vert, il n’y a plus qu’or ; qu’or et incarnat. Les ombres s’étalent, les vagues s’apaisent, les rochers s’ébrouent, les eucalyptus bordent leurs invités qui dorment déjà, la tête sous l’aile et les plumes ébouriffées. Il est temps de reprendre la route. En se promettant, cette fois, de ne plus oublier ce petit bout de crique dans un recoin de poche jusqu’à la prochaine fois. Ce serait bien trop dommage…

7 thoughts on “And there’s only so much…

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