Dans un bateau plein d’émigrés, Lily…
Vendredi dernier, Kevin Rudd a décidé de frapper un grand coup. Il faut dire que les sondages ne sont toujours pas bons et que, c’est bien connu, des fois, il faut c’qu’il faut ! C’est ainsi que Kevin a résolu de partir chasser sur le terrain des conservateurs. Et peut-être même encore plus loin. Tant qu’à faire…
Et c’est donc ainsi que Kevin a annoncé qu’à partir de maintenant tout de suite sans plus attendre, les migrants qui débarqueraient en Australie par bateau sans visa seraient dirigés immédiatement vers la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Et ce, même s’ils peuvent légalement prétendre au statut de réfugiés. Tant qu’à faire, qu’on vous disait… Papouasie-Nouvelle-Guinée d’où ils seront ensuite renvoyés dans leur pays d’origine. A moins qu’ils ne restent dans les camps ad vitam aeternam. Ou que, tiens, pourquoi pas, ils trouvent un troisième pays où tenter de s’installer. Même Tony Abbott n’aurait pas osé rêver pareille mesure, c’est dire.
Le premier bateau à arriver après cette annonce, et ses 74 occupants, ont été envoyés samedi en Papouasie. Amnesty International crie, à raison, au scandale et a lancé une campagne de mobilisation. Les conditions de vie dans les camps de détention en Papouasie-Nouvelle-Guinée sont tout bonnement inhumaines (et ce n’est rien que le Haut Commissariat aux Réfugiés qui l’a dit, pas plus tard qu’il y a cinq mois). Oh ! Bien sûr, le gouvernement australien s’est engagé à mettre la main à la poche pour que ces centres de détention soient mis aux normes. Mais l’état des centres de rétention présents sur le territoire australien ne laisse que peu de doutes sur les conditions de vie des migrants qui seront envoyés en Papouasie-Nouvelle-Guinée… Sans même parler des violences auxquelles seront confrontées femmes et enfants.
Depuis vendredi, il y a comme un brin de nausée qui flotte dans l’air. Parce que, s’il n’est pas question de croire qu’on vit dans le joli monde tout rose des Bisounours, peut-être faudrait-il ne pas oublier de faire preuve d’un tant soit peu de compassion. Parce qu’il n’est pas ici affaire que de chiffres (nombres de bateaux ou points dans les sondages), il est aussi et surtout question d’êtres humains. Ce que d’aucuns semblent oublier relativement rapidement. Mais s’il faut s’exprimer en chiffres, alors peut-être est-il bon de rappeler que depuis le début de l’année 2013, au moins 806 migrants sont morts noyés en essayant de rejoindre l’Australie. Voilà.
Quelques liens pour en savoir un peu plus sur le débat qui fait rage en ce moment (et sur la colère qui nous anime).
Je te sens très colère là!
Je ne décolère toujours pas, c’est tellement obscène, comme réforme. Mais ça a l’air de marcher. Et c’est sans doute ça le pire…
: ((((
Merci pour cet article. J’ai moi aussi la nausée. Ca et la taxe carbon, ça fait beaucoup en peu de temps… Pour tout te dire j’ai même honte d’être (fraichement) Australienne. J’avais lu un article sur le monde.fr à ce sujet, et les commentaires avaient fini de m’achever : tous les lecteurs Français trouvaient l’idée géniale ! ((
J’ai fait des bonds en lisant les commentaires u Monde… A croire qu’il devient « normal » de se replier sur soi… Pas très encourageant, tout ça!
Je marmonne plein de gros mots devant mon PC.
Dans mes bras, m’dame !
» La colonisation britannique de la Nouvelle-Galles du Sud commence par la fondation d’un camp pénitentiaire de 1 030 personnes (avec 736 prisonniers) à Port Jackson (Sydney) par le capitaine Arthur Phillip le 26 janvier 178819. Le voyage depuis l’Angleterre est le plus long jamais réalisé par un groupe aussi nombreux. Les premiers temps sont marqués par une mortalité importante parmi les arrivants. » (Wiki)
Et si ceux-là avaient été refoulés aussi ?? Juste pour rigoler !! Je suis déçue et scandalisée de lire ça, ce n’est pas conforme au souvenir que j’avais des Australiens … et ça ne m’étonne guère qu’ici les gens soient d’accord, on vit une période de recul de nos libertés individuelles au prétexte d’insécurité bien médiatisée … quant au droit du travail et aux droits des femmes, c’est épouvantable … je garde mes vieux soutifs pour pouvoir les brûler dès que les gamines se seront réveillées !
C’est vraiment un sujet qui divise l’Australie, ça serait passionnant à suivre si ce n’était pas aussi triste. Les prochaines semaines vont être édifiantes, je pense.