Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air

(Ou pas, en fait)

Fin de congrès, fin de séjour états-unien. Et pas la moindre anicroche, pas le moindre entrechat dans une nappe traitresse, pas une embardée, pas même une répartie malheureuse, rien. Le calme plat, voilà, c’est tout.

Parenthèse féline et acrobatique
Raconter des bêtises avec un chat ronronnant littéralement blotti dans les bras, c’est pas facile, facile. Surtout quand ledit matou affiche un quintal et demi au bas mot et à vue de nez. Aux Jeux Olympiques de clavardage, LaGB pourrait prétendre à un podium, c’est certain !
Fin de la parenthèse (mais pas fin des poils de chat sur le clavier, malheureusement).

Calme plat, donc. Pas la moindre petite aventure à se caler sous la dent, même pas un vol de sandwich par un écureuil aussi fourbe que goulu. Rien, macache, nada, peanuts, que dalle. Quelle déception ! Mais en même temps, quelle fierté ! Parce que, hé hé, c’est tout de même pas très souvent que LaGB ne s’emmêle les pieds, les neurones et/ou les cordes vocales dans le tapis. Champagne, donc !

M’enfin, comme disait Papi La Fontaine, il ne faut jamais vendre la carapace de l’ours avant de partir à point. Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Dame LaGB dans son aéroport de Dallas installée tenait dans son bec un fromage se rengorgeait. C’est que non seulement il n’y avait pas eu le moindre rebondissement à déplorer en dix jours de vadrouille mais c’est aussi que, youhou ! il restait de la place au hublot. Foin de siège du milieu, le retour se ferait le nez collé à la vitre pour profiter du paysage. Oui, oui, même de nuit. Quand on aime, on ne compte pas.

A peine embarquée, LaGB dédaigne donc le siège que les hasards de l’informatique lui avaient attribué et se dirige, la bouche en cœur et le cheveu triomphant vers son hublot à elle qu’elle a pour les quinze prochaines heures. Et demie (ben oui, hein, apparemment, le plus important, c’est la demi-heure qui reste après les autres trente demi-heures. Va comprendre, Charles).

Las, cent, mille fois hélas, carabistouilles et ratatouille, enfer et purée de chou-fleur… A peine en vue du siège tant attendu, LaGB a brusquement le brushing qui flanche et les genoux qui jouent des castagnettes. Là, juste derrière le St Graal hublot tant convoité, à précisément cinq centimètres dudit siège, il y a un monstroplante Chucky l’Abominable Chiard des Neiges un moutard visiblement mal embouché, déjà rouge de colère. Présentement, il est très occupé, entre deux vagissements, à arracher la bourre de son siège. Et il semblerait bien qu’il n’en soit pas à son coup d’essai, il parait même connaitre l’anatomie de l’accoudoir comme sa poche…

Pour le coup, LaGB envisage très brièvement de sauter dans les bras de la première hôtesse venue pour y sangloter tranquillement. Mais les traités internationaux sont formels, on n’afflige pas le personnel navigant d’un lumbago à l’aube d’un loooooong vol comme celui-là. Dont acte. Point de sanglots désespérés, on se contentera d’invoquer St Rita. Et puis, qui sait ? Si ça se trouve, il est très gentil, ce Gremlin en culottes courtes.

Sur ces pensées fort positives, LaGB respire par le ventre, ouvre grand ses chakras et s’installe confortablement. Hop, un bon bouquin, hop, de la bonne musique, de quoi faire taire la petite voix qui murmure que c’est sans doute le karma qui revient au triple galop. Et oh ! tiens, d’ailleurs, ça ne serait pas un bout d’accoudoir qui vient de voler ? Bah, qu’à cela ne tienne… Finissons donc de nous installer et commençons donc à…

Bang ! Aïe !
…bouquiner sereinement…
Bang ! Bang ! Bang !

LaGB vient de se faire tatanner sévère trois vertèbres en deux secondes et trois dixièmes. Ce petit monstre charmant bambin a sans doute été Bruce Lee dans une vie antérieure. Bon, bon, bon… On va mettre ça sur le compte de l’appréhension liée au décollage, hein. Ça ira mieux quand on sera partis. Hein ? Sans rire, ça va aller mieux, dites ? Histoire de ne pas passer trente et une demi-heures à servir de punching ball à un Attila haut comme trois pommes…

Pleine d’espoir et de bleus, LaGB va chercher (en rampant) son bouquin qui a volé bien loin puis essaie de se réinstaller tant bien que mal (c’est qu’avec trois vertèbres en moins, on est sans doute beaucoup plus souple. Mais aussi un tantinet plus sensible). Bruce Lee semble s’être calmé. De quoi envisager de reprendre sa lecture.

Trois pages plus tard, les moteurs vrombissent, youhou ! on va bientôt partir ! Attila qui, trop occupé à déchiqueter son gilet de sauvetage, avait cessé de s’exprimer en morse sur le dossier de siège lui faisant face, Attila, donc, décide pour l’occasion de faire preuve d’un autre de ses talents. C’est que notre petit Hun de mes deux a aussi été le rejeton des amours cachées de Pavarotti et de Lara Fabian dans une vie antérieure. De quoi faire trembler la carlingue comme une vulgaire feuille morte. Et de quoi faire s’entrechoquer les dents de LaGB, accessoirement.

Et ensuite ? Oh, ben ensuite, le plateau repas a volé, Picasso junior a repeint son siège à grands renforts de couche sale, le Petit Morse a continué à envoyer des messages qu’on qualifiera de peu cordiaux à la colonne vertébrale de LaGB. Le tout entrecoupé d’airs d’opéra revus et corrigés pour l’occasion.

Et puis, après peut-être dix heures de festival, les chakras de LaGB ont pschitt !  joué les filles de l’air. Le lancer de couche leur a été fatal, il faut croire. Et c’est donc une Grande Blonde fort énervée (et fort fourbue aussi) qui a fini par se retourner et par demander (avec des yeux très très pas contents, une mine très très renfrognée et un dos très très cabossé) aux parents du mioche affreux de bien vouloir tenter de l’assommer le calmer au lieu de respectivement 1- siffler des gin tonic en feuilletant le catalogue du duty free et 2- ronfler gaillardement. La réponse fut sans appel : « Non mais c’est juste qu’il n’aime pas l’avion, ça lui fait peur. Je vois vraiment pas ce qu’on peut faire de plus, il faut qu’il s’exprime, c’est important… ».

Ensuite ? Hé bien ensuite, LaGB s’est mordue la langue très fort pour ne pas proposer des solutions drastiques faisant intervenir trois mètres de scotch, un parachutage sans parachute via un hublot et des cordes vocales transformées en scoubidous (aucune mention inutile à rayer ici). Ainsi que d’autres moyens de rétorsion que la morale réprouve. Non, LaGB s’est retournée, a dit adieu aux quelques vertèbres qui lui restaient, a haussé les épaules en pensant que le karma était un sacré farceur. Et elle a surtout conclu que, comme le disait Papi La Fontaine, rien ne sert de crier victoire, il faut partir sans Hun…

4 thoughts on “Toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air

  1. Anna

    Tu sais pourquoi ce genre d’histoires me fait hurler ?
    C’est parce que des parents comme ça sont la raison pour laquelle on nous lance des regards noirs dès qu’on arrive dans un wagon de train (on prend rarement l’avion).
    Alors que nous, on fait le nécessaire pour que nos enfants ne soient pas une plaie pour les autres voyageurs.
    Faire des gosses, OK, derrière faut assumer.

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    • lagrandeblonde Post author

      J’essaie de ne pas trop râler parce que je me dis que ce n’est sans doute pas simple. Mais là, c’était tellement caricatural que c’en était très drôle (sauf pour mes lombaires). :-D

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  2. Ampelopse

    Mort de rire! Je sais ce que tu as vécu,(pas cool!) j’ai eu pareil avec un moutard qui, le pôvre, avait choisi de faire ses dents sur un Paris-Maurice…en classe affaire, pendant Touououououte la nuit! Le pire, c’est qu’on avait payé un supplément pour être surs qu’il n’y aurait pas de gosses!^-^!

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    • lagrandeblonde Post author

      Suite à une expérience que je qualifierai pudiquement de rocambolesque avec deux UM il y a quelques années, j’avais pris l’habitude de demander « un hublot, sans UM » pour les longs vols. Mais cette fois, l’attrait du hublot a été tellement fort que je n’y ai même pas pensé… ;-)

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