Vol au-dessus d’un nid de tortues

(La Réunion vue d’en haut, 26-12-2013)

Un réveil presque très tôt, à petits pas dans la maison encore endormie. Un croissant pas très bon mais un croissant quand même. Et puis, hey ! les croissants, de toute façon, il faut bien en profiter tant qu’on peut…

 La route qu’on ne connait pas puis la route qu’on connait tant. Celle dont on aime le moindre rocher, celle dont la savane fait battre le cœur un peu plus fort, toujours. Un petit arrêt au Souffleur, parce que, juste parce que. Du bleu, du noir, de l’écume, un peu d’or et de l’arc-en-ciel qui s’éparpille en gouttelettes.

Des toiles qui planent, le sable sous les pieds, si fin, si frais. Et le ballet des atterrissages. Un peu de trouille quand même. Est-ce que je vais y arriver ? Des histoires qui flottent, des histoires de baleines qu’on aurait vues, de tortues aperçues. Et puis les poissons, oh, des tas de poissons. Des gros, gros comme ça au moins.

Bientôt, il y a Éric, son sourire et sa passion. Un tour en Tanzanie qui approche à grands pas, des sauts depuis le Piton des Neiges, des envies de vadrouille plein la tête et une vie presque comme un roman d’aventures. Une vie qu’on aimerait entendre raconter longtemps.

Quelques virages en colimaçon, la route qui s’étire la côte qui s’allonge, du vert partout avec un peu de noir aussi mais surtout beaucoup, beaucoup de bleu. Quelques nuages qui s’accrochent aussi. Parce que bon, c’est quand même l’été et l’été, il y a forcément des nuages dans les Hauts.

 Le terrain de décollage. Ca y est, on ne plaisante plus… Il y a la plateforme, une pente douce et puis les champs de canne. Au fond, le récif puis l’horizon, tout moucheté de toiles volantes. La voile qu’on déploie, les cordes qu’on installe et puis le sac qu’on enfile. Cette fois, c’est sûr, on est presque partis.

 Il y a des oh la la, quelques mètres à courir en se demandant si on va bien décoller, quelques mètres qui bringuebalent un peu et les champs de cannes qui se rapprochent, un remonté de genoux. Oh la la, là-bas, en bas, le sol. Mais loin, petit, en bas. Le vent qui s’entortille dans la voile, les autres toiles, LeGB là-haut qui danse, le sourire qu’on devine jusqu’aux coins de ses yeux. Au loin, le lagon, sous les pieds, les ravines, le Conservatoire Botanique. Les nuages qui filent et ceux qui trainent, la côte qui étincèle. Les maisons si petites qu’on pourrait presque les saisir d’une main, les villes qui partent à la conquête des remparts et puis l’océan. Les vagues en rouleaux, quelques surfeurs, un bateau ou peut-être deux. Tout ça en boucle au gré des courants, comme un dans un carrousel un peu magique, rythmé par le sifflotis de la brise.

 Doucement, de nouveau, la plage, la plage qui se rapproche, tout tranquillement. La caresse du vent sur les joues, le lagon de tout près et puis les tortues qui dansent.

 Encore quelques minutes, le sable sous les pieds à nouveau, la toile qui se pose, soupire et s’endort. Et le sourire immense, les joues rosies, le cœur chaviré de joie, l’envie folle. Repartir, remonter, recommencer. Gouter à nouveau à l’ivresse, le vent dans les voiles et les yeux sur l’horizon.

PS : on a fait notre baptême de parapente avec Éric, d’Azurtech, aux Colimaçons, au-dessus de Saint Leu. Il y a plusieurs compagnies qui volent au même endroit mais Éric est tout simplement fantastique et a un vrai don pour partager sa passion du vol libre. On ne serait pas si loin, on se serait inscrits comme élèves.

3 thoughts on “Vol au-dessus d’un nid de tortues

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