Ou « Etude circonstanciée des caractéristiques anthropologico-sportives du cricket ».

Introduction
Bien que pays jeune, l’Australie présente des traditions profondément ancrées dans son quotidien, rythmant la vie des habitants et déboussolant les nouveaux arrivants. Parmi ces éléments fondateurs de l’identité aussie, le cricket occupe une place prépondérante (au même titre que l’honnie Vegemite), surclassant sans ciller les classiques football et autre baseball (Jiminy, 1940). De fait, ce sport a conquis ses lettres de noblesse en envahissant progressivement l’ensemble des territoires de l’ancien empire britannique et est dorénavant considéré comme le jeu de balle le plus influent du Commonwealth (Ouikhip et Dyia, 2010). Des expressions telles que « Cricket pris qui croyait prendre » ou «Cricket à la chasse perd sa batte » font d’ailleurs partie intégrante de la langue anglaise (Meteors, communication personnelle).
Afin de mieux comprendre un tel engouement, nous, LeGB et LaGB, auteurs intrépides, nouveaux Davy Cricket sans peur (ni queue de castor à la casquette), avons choisi de nous immerger volontairement dans ce monde trouble qu’est celui du cricket australien pour en comprendre les caractéristiques sportives et les implications anthropologiques.

Matériel et méthodes
Matériel
A.B et A.W., volontaires désignés d’office, ont été mandatés par la communauté pour détailler à LaGB les détails subtils de la pratique cricketienne.
Méthodes
Vos volontaires sous le bras, rejoignez un pub bondé, à l’heure du repas. Commandez bières et hamburgers et tournez votre attention vers l’écran. Laissez vos guides improvisés vous abreuver de règles, de faits historiques et d’anecdotes patriotes. N’hésitez pas à relancer la conversation à l’aide de petites piques mesquines visant les peu glorieuses performances actuelles de l’équipe nationale. L’équipement de sécurité en vigueur (baskets confortables et tenue permettant des mouvements sans entrave) est requis lors de cette expérimentation : des fumées de colère houblonnées pouvant se dégager lors de la phase d’asticotage des volontaires, une fuite au quatrième galop n’est pas à exclure.

Résultats
Compréhension des règles majeures du cricket
Les premières explications permettent de se faire une idée claire de la situation : un terrain, deux équipes de onze joueurs, tour à tour batteurs et lanceurs/attrapeurs, deux battes, une balle en cuir. Un match de cricket à l’ancienne dure cinq jours, sous le regard vitreux attentif de deux arbitres (l’Empire, de leur petit nom). Une série regroupe cinq matches, joués à quelques jours d’intervalle et mobilise plusieurs duos arbitraux : un arbitre de cricket tombe d’ennui plus souvent qu’à son tour est fréquemment anglais et donc peu susceptible de résister au soleil australien.
Traditions vestimentaires
Toute joueur de cricket qui se respecte ne porte que du coton blanc, pantalon long et polo fraichement repassé. En cas de nécessité, un chandail torsadé tricoté main sera rapidement enfilé. La casquette est tolérée mais uniquement en cas de forte chaleur. L’ignorant étranger s’épuisera la rétine à tenter de différencier les deux équipes alors que l’habitué soutiendra sans sourciller que, bien évidemment, les Anglais arborent un blanc vraiment blanc, au contraire des Australiens qui portent du blanc simplement blanc.
Coutumes, tics langagiers et subtilités
L’amateur de cricket ponctue les matchs de vibrants « Wicket ! » et autres « Out ! ». Dans un cas comme dans l’autre, est ainsi désignée l’élimination d’un des batteurs. 10 +/- 3546 façons d’être éliminé ont été recensées (Field et Innings, 2006). Tout joueur éliminé peut faire appel de la décision en se tournant vers l’Empire. Cette contre-attaque est à double tranchant : deux recours non justifiés et l’equipe ne peut plus contester les décisions impériales. Ce système d’arbitrage a d’ailleurs conduit, dans des galaxies fort lointaines, à des révoltes matées par l’effrayant Batte Vador.
Impact du cricket sur le comportement des volontaires
L’observation de la récente battée pâtée infligée aux Australiens lors de la dernière série des Ashes par une équipe d’Angleterre au mieux de sa forme a mis en lumière l’importance cruciale du cricket sur le moral des volontaires. Arrivés joviaux au pub, forts de l’espoir d’un sursaut de leur équipe nationale, ils sont repartis la tête basse, grognons, désespérés et n’ont repris contenance qu’après une nouvelle tournée de bières.

Conclusion
Les résultats de cette étude confirment bien les données précédemment obtenues par Wicket et Aoutte, 1922 : la compréhension fine des règles du cricket passe par une exposition dès le berceau. Néanmoins, les principes généraux peuvent être assimilés à l’âge adulte, au prix de violents maux de tête et d’une gueule de bois carabinée.

Remerciements
Cette étude s’intègre au projet « Découvertes et coups de fourchette en pays d’Oz ». Les volontaires ont été recrutés à la paillasse et les hamburgers engloutis au All Bar Nun. Bières et cidres ont été généreusement brassés par Coopers et Tooheys Five Seeds.