Comme les doigts de la main

(Vincentia, NSW, 01-01-11)

Ils sont arrivés en fin d’après-midi, le soleil filait vers l’ouest et posait quelques rayons bien plus tendres sur un sable qu’il avait chauffé à blanc la journée durant. Ils sont arrivés en fin d’après-midi, les pélicans reprenaient leur envol et les mouettes sortaient de leur torpeur pour quémander quelques miettes aux pêcheurs. Ils sont arrivés en fin d’après-midi, elle a remonté ses jupes pour traverser la petite piscine naturelle qui se remplissait doucement, il a éclaboussé les trois petites têtes brunes qui n’osaient pas encore se jeter à l’assaut des vaguelettes.

Elle s’est assise sur le sable, tout au bord de l’eau et les a observés, le grand et les trois petits.  Ils l’avaient rejoint, faisant fi de leur hésitation première et se sont lancés à l’assaut de l’imposante forteresse paternelle, l’arrosant et s’accrochant à ses jambes, riant à perdre haleine sous les chatouilles. Elle souriait, riait de le voir ainsi chanceler sous le poids de ses petits adversaires et encourageait tout à la fois assaillants et place-forte. Le siège s’est rapidement transformé en bataille rangée de boules de sable, poignées humides arrachées à la berge, qu’il façonnait d’une seule main avant de les offrir à trois petits guerriers ravis de le bombarder. Ils se poursuivaient, s’éclaboussaient, riaient à gorge déployée, tentant d’éviter les grands bras qui les attrapaient pour les faire tournoyer avant de les plonger dans l’eau. Pour mieux lui résister, ils se sont cachés derrière elle, se cramponnant à sa jupe, la couvrant de sable, de sel et de baisers avant de partir derechef à l’assaut.

Doucement, le jeu s’est arrêté, le soleil se dissimulait et le plus petit frissonnait. Ruisselant de sable humide, il l’a cueilli dans ses bras pour rejoindre la berge, s’est assis tout à côté d’elle et ils ont regardé les deux plus grands jouer les lutteurs amphibies, le petit douillettement installé dans leur giron. Le soleil tout à fait caché, il a pris la main du tout petit accroché à sa petite pelle verte, elle a posé les siennes sur l’épaule des deux plus grands et ils sont repartis, cinq silhouettes, deux grandes et trois petites, auréolées de rire et de douceur, diminuant puis disparaissant tout à fait à la vue. Cinq petites silhouettes qui ne sauront jamais le si joli cadeau que leurs jeux, leur complicité et leur tendresse ont offert à un jeune couple installé tout près.

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