Mon truc en plumes
(Plumes de parrots
De lorikets, de rosellas
C’est très malin, ça mang’à la main)
Green Patch Beach, Booderee NP : 145 863 289 grains de sable, 162 eucalyptus, 43 humains et environ 2350.47 volatiles fort remplumés. Des grappes de rainbow lorikets s’agglutinent sur la moindre branche, des escadrons de king parrots foncent en piqué sur toute miette abandonnée, des nuées de rosellas s’abattent dans l’herbe, à l’affut des plus insignifiants restes de pique-nique. Au milieu de cette joyeuse volière, des troupeaux de gnomes chérubins galopent sans répit, criant à vous en fracasser le marteau sur l’enclume.
Un peu à l’écart de l’agitation enfantine, vous vous régalez à observer un jeune kookaburra très intrigué, sautillant peu rassuré sur sa branche mais ne perdant pas la plus petite lichette de vos mouvements. Après quelques minutes de face-à-face, sa curiosité rassasiée, il s’envolera brusquement, vite remplacé par un couple de lorikets, pépiant à tout va. C’est qu’ils n’ont pas l’habitude qu’on ne leur fournisse pas le couvert… Les autorités du parc national demandant expressément aux visiteurs de ne pas nourrir les animaux, vous avez décidé de respecter scrupuleusement les recommandations et refusez donc la plus petite parcelle de pain aux piafs qui se pressent à proximité.
Las, un petit coup d’œil aux alentours fait fondre vos résolutions comme crème glacée sous les tropiques (pas très glorieux en un premier janvier, vous l’admettez aisément) : tout un chacun distribue à volonté miettes et biscuits à des oiseaux ravis. Au diable la raison, vous avez vous aussi envie de voir de très près des lorikets gourmands. Quelques tranches de pain de mie sacrifiées plus tard, victoire ! Lorikets mais aussi king parrots et rosellas se pressent au bord de votre paréo, picorant dans votre main et prêts, pour les plus téméraires, à sauter sur votre ép…
“Look, look ! There are lots of birds here, come on !”
Des dizaines de mignons petons martèlent le sol à l’en faire trembler et une armée de culottes courtes se déverse, criante et bondissante, tentant d’empoigner à pleines mains vos petits compagnons si difficilement appâtés et fuyant maintenant à tire d’ailes.
Les jolis emplumés disparus, les garnements s’évanouiront tout aussi vite qu’ils avaient envahi votre petit bout de forêt tranquille, l’abandonnant à nouveau à son calme et sa sérénité. Un tant soit peu désabusés, vous n’en reprenez pas moins votre patiente entreprise de séduction aviaire. Quelques dizaines de minutes plus tard, votre réserve de pain de mie montre des signes de faiblesse évidents mais vous donnez la becquée à une dizaine de lorikets, le plus déluré d’entre eux partant à l’assaut de votre br…
“Look, look ! There are lots of birds here, come on !”
Hésitant entre le fou-rire et le hurlement, vous observez impuissants la même horde d’enfants se précipiter vers vous, poussant les mêmes cris de guerre, entraînant les mêmes envolées suivies de la même retraite déçue.
Fortement désabusés mais encore peu enclins à déclarer forfait, vous reprenez vos essais et subirez donc successivement une troisième, quatrième puis cinquième vague d’enthousiasme juvénile. De guerre lasse et de pain de mie épuisé, vous en finirez par décréter que, tout compte fait, nourrir des oiseaux perchés sur votre épaule est totalement surfait. Et plierez bagage en marmottant tout à la fois invectives bien senties et grognements pétris de mauvaise foi raisonnables : il ne faudrait pas détériorer la santé des oiseaux de Green Patch Beach en leur permettant de boulotter du pain de mie par poignées (vous n’en êtes pas à une contradiction près, certes…). C’est décidé, vous ne participerez plus à la perturbation de l’équilibre écologique du site attendrez que l’école ait repris et accourrerez alors ventre à terre, assurés de trouver cette fois-ci une plage certifiée mouflet-free. Non mais !