Sur les traces de Hume et Hovell
(Touyion yion, ouin, ouin, ouin
Touyion yion, ouin, ouin, ouinnnn
Ou « Il était une fois dans l’Ouest », version aussie)
Prenez deux Chercheurs d’Oz, ajoutez-leur des sacs à dos, un mouton frileux et deux sympathiques voisins Québécois. Entassez tout ce petit monde dans une petite automobile-bile qui parait si fragile-gile (Boumbo, Bumpety Boo pour les anglophones, demeure encore un traumatisme 23 ans plus tard) (il faut dire qu’à -6 ans, une voiture qui parle, ça impressionne) (oui, -6 ans, parfaitement) (c’est pas possible ? Mais si, la preuve !) (la raison ? Elémentaire, mon cher Crick Watson) (le curseur des années de LaGB est resté bloqué sur 17, tout simplement) (parce qu’on n’est pas sérieux, tout ça, tout ça).
Mais trêve de digressions… Entassez donc tout ce petit monde dans une fringante petite voiture et prenez la direction de Yass puis de Wee Jasper. Arrêtez-vous en bord de route pour cueillir quelques prunes sauvages qui-vous-donnent-un-air-de-cocker-larmoyant-plus-vrai-que-nature-tant-elles-sont-acides-mais-que-vous-boulottez-quand-même-parce-que-vous-les-avez-recoltées-de-vos-blanches-mains,-non-mais !
Quelques brinquebalements plus tard, choisissez, après maints savants calculs de trajectoire ombragée, l’emplacement optimal pour garer la voiture (embarquer quatre scientifiques et un mouton en peluche dans une même voiture, c’est frôler l’entorse neuronale quand vient le moment de faire un choix) (l’histoire ne dira pas qu’au retour de la randonnée, la voiture fondait littéralement de chaleur, les pneus flapis et le volant flagada, garée qu’elle était sur les deux seuls mètres carrés de parking ne bénéficiant pas de l’ombre des arbres) (oh non ! l’histoire ne l’a pas dit).
Les sacs à dos enfilés, précipitez-vous derrière un arbre (ah ! les prunes sauvages) au départ du sentier et glissez-vous dans la peau d’Hume et Hovell, grands explorateurs ayant écumé les New South Wales et une partie de Victoria en 1824. Discutez, chemin faisant, biochimie et archéologie, fromage en crottes et rougail saucisses, gougounes et claquettes, tiques sur les gosses et akènes piquants dans les chaussettes. N’en oubliez pour autant pas de jeter un petit œil autour de vous, ne serait-ce que pour éviter de poser le pied sur un brown snake. Frayez-vous un sentier entre toiles d’araignées, hautes herbes piquantes, squelettes de kangourous et eucalyptus aux branches (littéralement) tombantes.
Rendez-vous ainsi jusqu’au sommet du Mount Wee Jasper, sous un soleil de plomb et les ricanements incessants de kookaburras. Décidez d’un commun accord que c’était mieux avant la petite plaine en bord de rivière laissée derrière vous conviendrait mieux au pique-nique que ledit sommet et redescendez en quatrième vitesse, portés que vous êtes par des estomacs peu conciliants. Surprenez, mi-fascinés, mi-pas rassurés, l’arrivée fort peu discrète d’un varan curieux et observez-vous mutuellement avec grand intérêt tout en picorant vos sandwichs (ferait beau voir que vous lui en laissiez une miette…). Une fois le sieur goanna reparti vers d’autres oisillons horizons, remettez-vous également en marche et suez à grosses gouttes jusqu’à la voiture.
Décidez de persister dans l’humeur aventureuse et dédaignez la highway pour vous lancer sur les petites pistes cahoteuses qui vous ramèneront à Canberra en –beaucoup- plus temps qu’il n’en faut pour apprendre à prononcer correctement ‘Supercalifragilisticexpialidocious’. Poussiéreux mais heureux, affalez-vous alors sur un canapé douillettement accueillant, une bière à la main et jurez, mais un peu tard, que les cartes ne vous y reprendront plus.