C’est un beau roman, c’est une belle Easter
(Dis, Bilby, tu crois pas que ça sent le roussi ?)
Depuis quelques semaines, les cloches sont de sortie, vitrines et rayons débordent de petits nœuds pastel et de poussins en peluche, de hot cross buns tout frais, d’œufs pralinés et de lapins en chocolat. Lapins ? Voilà bien de quoi faire bondir au pays où les rongeurs à grandes oreilles pullulent… comme des lapins. Non mais civet c’est vrai, quelle est la bande de gibelottes rigolos qui a eu une idée pareille ?
Heureusement, un petit village d’irréductibles chocolatiers résiste encore et toujours à l’envahisseur, élevant depuis 1991 de trop choupinou kikinou fort trognons bilbies en chocolat. Récemment, les Easter Bilbies ont accueilli avec bonheur le renfort des Easter Wombats. Pas encore d’Easter Kangaroos ou Koalas mais ça ne saurait tarder… De quoi, peut-être, aider à renverser le rapport de forces encore très en faveur des bunnies ? Rapport de forces très clairement menacé depuis que LeGB et LaGB ont fait leur, dans un grand élan écologique et citoyen, la devise « Bilbies, not bunnies » et se sont décidés à ne boulotter que les si mignons marsupiaux en chocolat. Tant qu’à participer à la protection de l’environnement, autant faire preuve de générosité et donc boulotter du bilby à tire-larigot…
Et quoi de mieux pour accompagner un cuissot d’Easter Bilby qu’un hot cross bun ? Afin d’être fin prêts à se régaler le moment venu, ce week-end a vu la réalisation d’une première fournée d’entrainement, basée sur la recette du Gourmet Traveller, arrangée (forcément) à la sauce Chercheurs d’Oz. Ce qui nous donne, pour seize hot non cross buns de compétition :
-700 grammes de farine
-100 grammes de sucre
-2 tsp de levure de boulanger déshydratée (qu’on achète ici en boite de 280 grammes, même pas peur !)
-1.5 tsp de cannelle et ½ tsp de muscade (pas de gingembre moulu sous la main, catastrophe et clous de girofle !) (clous de girofle potentiellement fort sympathiques aussi) (mais on n’en avait pas non plus) (c’est honteux)
-250 grammes de raisins secs (trempés dans de l’eau chaude et du rhum pour lutter contre les microbes)
-une grosse poignée d’écorces d’orange confites
-les zestes râpés (au péril du joli vernis tout juste posé) d’un demi-citron et d’une demi-orange
-1 œuf
-300 grammes de lait
-100 grammes de beurre doux
On verse le lait dans une casserole, on ajoute le beurre coupé en dés et on fait tiédir le tout pendant qu’on mélange les ingrédients secs et qu’on maudit la râpe à zestes sur 162 générations. On rajoute le mélange lait-beurre ainsi que l’œuf, on rattrape ses petits muscles de bras qui envisageaient de se faire la malle et on pétrit la pâte (très dense et peu collante) pendant une dizaine de minutes (ou jusqu’à ce que les bras vous en tombent, au choix). On couvre d’un torchon et on file s’installer sur le canapé avec un thé et un bouquin. On en profite pour murmurer des excuses confuses à sa manucure réduite à néant.
Quand la pâte a doublé de volume, on dégaine la balance, on prend peur en réalisant que le pâton avoisine le kilo et demi et on forme seize petites pains individuels d’environ 93.75 grammes. On laisse à nouveau lever (juste le temps de se remettre un peu de vernis) et hop ! direction le four pour dix minutes à 220°C puis 10 minutes à 200°C. Ne reste plus alors qu’à se saisir, l’œil gourmand, d’un petit pain encore bien trop chaud, à jongler en soufflant sur ses doigts puis à croquer dans la croûte encore moelleuse pour se brûler la langue déguster son premier hot non cross bun maison.
Edit de 22 heures 59 : il avait raison, feu Easter Wombat le chocolaté, ça sentait le roussi… Easter Bilby se sent soudainement bien seul, il va falloir remédier à ce souci très vite…